samedi 19 avril 2008

Une nonne défroquée et des chevaliers d'antan

L'Antre de la Bête poursuit sa sélection des inédits du cinéma populaire italien, avec deux films qui n'ont pas grand chose en commun : Flavia la défroquée de Gianfranco Mingozzi (1974) et The Knights of the Quest de Pupi Avati (2001).

Réalisé par Gianfranco Mingozzi, cinéaste dit «sérieux» n’appartenant pas à la famille des artisans du cinéma d’exploitation, Flavia, la monaca musulmana est un film que beaucoup ont découvert grâce au sage Jean-Pierre Dionnet, qui eut l’excellente idée de le programmer dans l'un des cycles qu’il animait sur Canal+, "Cinéma de Quartier" ou "Quartier Interdit", sous le titre Flavia la défroquée. Entre parenthèse, on ne compte plus les raretés dont nous a abreuvés le sieur Dionnet durant toutes ces années (pour ma part, je me souviens des programmations de La poursuite implacable de Sergio Sollima avec Oliver Reed et Fabio Testi, Killer Tongue d’Alberto Sciamma avec Robert Englund ou encore Skinner avec Ted Raimi et Traci Lords). Non contents d’avoir permis la redécouverte du «rape & revenge» suédois Thriller : A Cruel Picture, dont je fais l’éloge dans un article précédent, les Américains de Synapse sont aussi à l’origine de la seule et unique édition DVD disponible à ce jour du chef d’œuvre anti-clérical et féministe de Mingozzi. Montré dans sa version intégrale, le film n’est pas avare en scènes sadiques, dont une (la castration d’un cheval) est franchement difficile à soutenir. Florinda Bolkan y est plus volcanique que jamais. A réhabiliter aussi dans la filmographie méconnue de Mingozzi, Mourir à Rome, un polar sociologique très étrange avec un impérial William Berger en prédateur homosexuel (sorti en VHS chez Les Films du Diamant).

Enfin, signalons la disponibilité, dans une unique édition italienne distribuée par la Fox, d’une curiosité signée Pupi Avati, autrefois réputé pour l’impressionnant La maison aux fenêtres qui rient (un temps programmé lui aussi par l’ami Dionnet) : I cavalieri che fecero l’impresa. La presse avait évoqué en 2001 le tournage de cette fresque médiévale, sans doute alertée par une distribution pour le moins hétéroclite (Edward Furlong, Raoul Bova, le Français Stanislas Merhar et cette vieille baderne d’Edmund Purdom) et la présence symbolique de Riz Ortolani à la partition. Et puis plus rien. On en était même venu à se demander si la chose avait bien fini par se faire. L’existence de ce DVD nous prouve que oui. Le film en lui-même est proprement inclassable, comme si La Chair et le Sang avait rencontré Le Métier des Armes, alternant séquences de bavardage pseudo-mystique et éclairs de violence surréalistes (un cabot dévore goulûment les boyaux sortis du ventre d’un soldat, sous l’œil terrifié de ce dernier qui vit encore). Hélas, ce n’est pas à la Fnac du coin que vous dénicherez la bestiole…

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