La Roumanie, terre de "bis". Qui l'eût cru ? Et pourtant, aux glorieuses heures du cinéma d'exploitation en Europe, quelques tournages furent délocalisés dans les Carpathes. Retour sur une filmographie aussi obscure que les dossiers secrets de la Securitate...
Patrie d’origine d’Eugène Ionesco et Elvire Popesco, la Roumanie est aussi une terre de « bis ». Les immenses studios de Castel Films et MediaPro accueillent régulièrement, outre quelques productions prestigieuses (Retour à Cold Mountain, le feuilleton français Les Rois Maudits), une foule de tournages dévoués aux petits budgets. Charles Band, via sa regrettée société Full Moon, fut à une époque un fidèle collaborateur de Vlad Paunescu, fondateur et grand patron de Castel Films. Quelques-uns de nos briseurs de reins préférés, Seagal, Van Damme, Snipes et confrères, y ont tourné leurs dernières pitreries. Mais cela ne date pas d’hier. Au temps glorieux du cinéma d’exploitation européen, la Roumanie, alors régie par un seul et unique système de production lié au pouvoir communiste, était déjà encline à co-produire d’excellents navets que l’Histoire n’a pas jugés utile de conserver en mémoire.
Cinéaste dévoué au régime en place, assigné à la tâche ingrate de la propagande historique, Sergiu Nicolaescu* s’est par exemple rendu coupable en 1966 d’un risible Dacii, Les Daces en français, du nom des ancêtres des Roumains. Ambitieux péplum co-produit par la France, d’où la présence de noms gaulois au générique (Pierre Brice, Marie-José Nat et Georges Marchal, qui n’en était pas à son premier uniforme de centurion), Les Daces raconte de façon très linéaire la résistance de ce peuple, avec à leur tête le légendaire Decebal (interprété par Amza Pellea, comédien de grande renommée), face à l’envahisseur romain qui finira par le mettre à genoux, ouvrant ainsi la voie à la romanisation de la Dacie et la latinisation de la langue roumaine. Distribué en salles chez nous (sous le titre de Les Guerriers), puis en vidéo, le film a bénéficié d’une sortie DVD en Roumanie, dans une collection dirigée par Nicolaescu lui-même, comportant des sous-titres en français.
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Patrie d’origine d’Eugène Ionesco et Elvire Popesco, la Roumanie est aussi une terre de « bis ». Les immenses studios de Castel Films et MediaPro accueillent régulièrement, outre quelques productions prestigieuses (Retour à Cold Mountain, le feuilleton français Les Rois Maudits), une foule de tournages dévoués aux petits budgets. Charles Band, via sa regrettée société Full Moon, fut à une époque un fidèle collaborateur de Vlad Paunescu, fondateur et grand patron de Castel Films. Quelques-uns de nos briseurs de reins préférés, Seagal, Van Damme, Snipes et confrères, y ont tourné leurs dernières pitreries. Mais cela ne date pas d’hier. Au temps glorieux du cinéma d’exploitation européen, la Roumanie, alors régie par un seul et unique système de production lié au pouvoir communiste, était déjà encline à co-produire d’excellents navets que l’Histoire n’a pas jugés utile de conserver en mémoire.
Cinéaste dévoué au régime en place, assigné à la tâche ingrate de la propagande historique, Sergiu Nicolaescu* s’est par exemple rendu coupable en 1966 d’un risible Dacii, Les Daces en français, du nom des ancêtres des Roumains. Ambitieux péplum co-produit par la France, d’où la présence de noms gaulois au générique (Pierre Brice, Marie-José Nat et Georges Marchal, qui n’en était pas à son premier uniforme de centurion), Les Daces raconte de façon très linéaire la résistance de ce peuple, avec à leur tête le légendaire Decebal (interprété par Amza Pellea, comédien de grande renommée), face à l’envahisseur romain qui finira par le mettre à genoux, ouvrant ainsi la voie à la romanisation de la Dacie et la latinisation de la langue roumaine. Distribué en salles chez nous (sous le titre de Les Guerriers), puis en vidéo, le film a bénéficié d’une sortie DVD en Roumanie, dans une collection dirigée par Nicolaescu lui-même, comportant des sous-titres en français.
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Parmi les cinéastes locaux qui ont eu les honneurs d’une co-production européenne, il convient de citer également Mircea Dragan. L’homme est surtout connu en son pays pour un bon film-catastrophe, Explozia (L’explosion), qui a été curieusement distribué chez nous en VHS par Socai sous le titre attrape-nigaud de SOS Poseidon, affublé d’un générique à forte consonance anglo-saxonne afin de faciliter les ventes à l’étranger. C’était en 1971. Trois ans auparavant, Dragan avait lui aussi sacrifié à la mode du péplum nationaliste avec Columna (La colonne), dont l’action faisait suite aux Daces de Nicolaescu. Plus de 10 millions de spectateurs en Roumanie au moment de la sortie nationale, en novembre 1968, de cette superproduction tournée en cinémascope, réunissant une distribution internationale de grande classe, dont l’Amerloque Richard Johnson, très actif en Europe à cette époque.
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Chez les amateurs français de cinéma d’exploitation, le nom de Dragan n’est pourtant associé à aucun des films précités, mais à un film d’action produit par le mercenaire Dick Randall, dont le casting furieusement «bis» provoque des frissons : Stuart Whitman, Woody Strode, Gordon Mitchell, William Berger, Paola Senatore, Tony Kendall et, en «vedette invitée», un Ray Milland lymphatique qui a gracieusement débloqué une après-midi pour tourner trois saynètes mollassonnes dans son bureau. La chose se nomme Cuibul Salamandrelor (littéralement Le nid des salamandres) et est sortie en VHS chez MPM sous le titre de Les aventuriers de l’or noir. D’or noir il est en effet question car l’action, tournée en Roumanie mais censée de dérouler au Sahara, met en scène un spécialiste des incendies d’oléoducs (Whitman) aux prises avec un vilain conglomérat américain qui, pour freiner la concurrence, met le feu à un champs pétrolifère africain. C’est une équipe de pompiers roumains, arborant fièrement des casques à l’effigie de RomPetrol, qui est chargée de neutraliser le désastre. Le scénario est d’une confondante bêtise, les acteurs, qui tournent chacun dans leur langue, n’ont pas l’air de se comprendre (voir les scènes hilarantes de confrontation entre Whitman, Strode et leurs homologues roumains, où tout le monde affiche un regard faussement grave pour tenter de surmonter le malaise), mais le montage enlevé et l’abondance d’effets pyrotechniques désamorcent l’ennui. C’est là un très bref aperçu du cinéma bis roumain, il serait intéressant que l’un de nos fanzines préférés y consacre un de ces jours un dossier. Avis aux amateurs, je dispose d’une mine d’informations.
* Pour l'anecdote, sachez que Sergiu Nicolaescu est toujours en activité et qu'il a obtenu l'année dernière un avancement conséquent du CNC roumain pour produire les nouvelles aventures du commissaire Moldovan, personnage d'une série à succès des années 70 qu'il interprétait lui-même. La nouvelle a provoqué la colère de la jeune génération de cinéastes, offusqués d'apprendre que les très convoitées subventions annuelles du CNC sont ainsi attribuées à un vieillard versatile dont les dernières oeuvres se situent aux confins de la nullité . Ancien propagandiste du régime de Ceausescu ayant subtilement retourné sa veste après la Révolution de 1989, Nicolaescu mène parallèlement une carrière politique en tant que sénateur.
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