samedi 19 avril 2008

L'édition DVD : la spécialisation ou la mort ?

L'édition DVD est-elle viable ? C'est une question que je me pose, songeant depuis quelque temps à me lancer dans l'aventure. A vrai dire, l'époque actuelle ne paraît guère propice à une telle entreprise. Le support DVD est en passe d'être supplanté par le Blu-Ray - et pour ma part, immobiliste comme je suis, ce n'est pas demain la veille que je laisserai tomber mon vieux lecteur DVD - et le téléchargement sur Internet semble se "démocratiser", si je puis me permettre l'expression. Nombreux sont les éditeurs qui ne font qu'un petit tour et puis s'en vont, incapables de rentabiliser l'argent investi dans des produits pourtant très soignés. Certains résistent, et gloire à eux. C'est ainsi que Artus Films, qui n'avait rien ajouté à son maigre catalogue depuis plus d"un an, après avoir gagné le respect des cinéphiles en proposant courageusement de magnifiques éditions du Chevalier Blanc de Gentilomo et de la Sorcière Sanglante de Margheriti, vient de se manifester de nouveau en annonçant la sortie prochaine de cinq titres relatifs au mésestimé courant de "l'érosvastika" (cf. article "Requiem pour nos beaux fanzines d'antan").

Artus Films faisait d'ailleurs partie des éditeurs présents lors des "Journées du DVD et des éditions indépendantes", qui se sont tenues les 1er et 2 mars derniers à Paris. Une manifestation ô combien excitante, mais dont on a appris l'existence qu'après-coup, les principaux sites susceptibles d'en parler (je pense au portail Internet de Mad Movies et surtout à Devildead.com) ayant inexplicablement passé l'information sous silence. C'est bien dommage, car autour de ce salon étaient réunis quelques-uns des éditeurs les plus atypiques.


Voilà sans doute la clé pour réussir dans l'édition DVD : être atypique, se positionner sur un créneau très spécialisé, proposer des films originaux. Le paysage français de l'édition DVD semble être d'accord avec ce point de vue. Il existe par chez nous une (relative) quantité de petits éditeurs oeuvrant chacun dans un domaine précis, se gardant ainsi de la concurrence. Clavis Films, émanation d'une maison de production hongroise désormais établie à Paris, propose un large panel de films issus de l'âge d'or du cinéma magyar, de Miklos Jancso à Istvan Szabo en passant par Marta Meszaros et Belà Tarr. De ce dernier, Clavis a eu courage de sortir dans une prestigieuse édition en 3 DVD le monstrueux Satantango, long de 7h30. Malavida Films s'est également engagé dans le créneau du cinéma d'auteur en provenance d'Europe de l'Est, de Pologne plus exactement. Wajda, Kawalerowicz et tout Wojciech Has figurent au catalogue. Koba Films a eu l'excellente initiative de rééditer les vieux feuilletons de la télévision française. Il est désormais possible de revoir les épisodes de Rocambole ou de L'Île aux Trente Cercueils ou des téléfilms de prestige tels que La Controverse de Valladolid avec Carmet, Trintignant et Marielle. Parmi cette sélection, signalons enfin Les éditions BQHL, qui ont investi le marché du film gay et lesbien, non sans négliger le cinéphile hétéro, comme le prouve l'indispensable collection des aventures de Dolemite, figure essentielle de la Blaxploitation.

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