vendredi 25 avril 2008

De la fin des filières cinéma à l'université

Le gouvernement prévoit la suppression de 11000 postes d'enseignants. Ce grand nettoyage dans la nébuleuse complexe de l'Education Nationale m'amène à évoquer le cas des filières artistiques dans les universités, laissez-passer pour une inscription illico presto à l'ANPE, et plus particulièrement celui des filières "cinéma-audiovisuel". Je suis bien placé pour en parler, j'ai moi-même l'infime "privilège" d'être titulaire d'une maîtrise de recherche en cinéma-audiovisuel. Cet obscur diplôme n'indique pour réelles compétences qu'une improbable aptitude à rédiger un "mémoire". En ce qui me concerne, cela n'est resté qu'à l'état de "pré-mémoire" car, conscient de l'inutilité de telles études sur le marché de l'emploi, j'ai entrepris de faire autre chose. Osons le dire sans ambage : ces facultés de lettres sont peuplées de futurs chômeurs. Si nous raisonnons de manière logique, le parcours scolaire menant jusqu'au Baccalauréat doit permettre à l'élève de se constituer une solide culture générale, doublée d'aptitudes pour telles ou telles disciplines. L'après-Bac devrait être réservé à la professionnalisation de l'étudiant, car en théorie ce dernier doit pouvoir quitter ses études supérieures non plus avec des aptitudes mais avec des compétences. Hélas cela ne se déroule pas ainsi. La faute à la profusion de filières et de diplômes inutiles qui encombrent les plaquettes de nos universités et abusent de la crédulité et des ambitions des bâcheliers. Car l'aspirant étudiant, d'où qu'il vienne, raisonne de la sorte : "Pendant mes années de collège et de lycée, j'ai subi des matières qui ne me plaisaient pas, il est donc tant de faire enfin ce qu'il me plait". Raisonnement compréhensible. L'ennui, c'est que les passionnés de physique, d'électronique ou d'informatique ne sont pas légion. C'est bien connu, le jeune n'a souvent qu'un rêve : être un artiste. Alors, appâté par des diplômes au nom alléchant, il s'engage. Dans une licence de lettres classiques ou de philosophie, dans un master d'anglais ou de "lettres et art". Jusqu'à ce qu'il se rende compte que, sur le marché de l'emploi, ces diplômes ne valent rien. Que faire avec un master de lettres classiques quand on est incapable de maîtriser l'outil informatique ? Que faire avec une licence de philosophie quand on ne connaît rien au droit civil ? Comment faire valoir un master d'anglais quand on ne dispose d'aucune compétence en économie ou en commerce ? La vérité, c'est qu'il n'est plus envisageable de nos jours de raisonner exclusivement en termes d'affinités ou de plaisir lorsque l'on s'engage dans des études supérieures. Il faut penser : "Quel intérêt pour l'économie du futur" ? Ceux qui ne se sont pas posés cette question frappent aujourd'hui aux portes des agences d'intérim, malgré un niveau d'études plus que satisfaisant et une culture générale sans doute fort étendue. La vérité, c'est que nos universités sont remplies de filières génératrices de chômage. La solution, c'est de les supprimer, ou bien de conserver quelques cours en option, inclus dans des filières plus rentrables sur le marché de l'emploi. J'en viendrai, au terme de cette réflexion, à fustiger avec virulence les filières cinéma des universités, tenues par des professeurs imbus de leur personne et convaincus de détenir la vérité vraie parce qu'ils ont un jour publié un essai quelconque criblé de références à Bazin, Mitry et autre Deleuze. Des professeurs qui oublient un peu vite que les malheureux subissant leur propagande "coco-démago" n'ont qu'une seule et unique motivation : la passion du Septième Art. Le kärcher ne devrait pas servir qu'à nettoyer les banlieues, nos chères facultés auraient aussi besoin d'une campagne de dégraissage...

1 commentaire:

Gladys Loquet a dit…

... Comme si la recherche en cinéma n'était pas un travail.

"Bah oui, le cinéma c'est un plaisir - après le JT ou le week-end avec du pop corn - on va pas payer les gens pour ça."

Ce n'est pas à l'université que l'on tient ce discours.

Le problème du chômage des chercheurs diplômés en arts ne vient donc pas de l'université.