vendredi 18 décembre 2009

Revue de fanzines

Alors que Roberto Tobias vient tout juste d'annoncer la parution du quatrième numéro de Diabolik Zine, voici un rapide passage en revue des fanzines de cinéma bis que j'ai eu dernièrement entre les pognes. J'adresse au passage à ces Messieurs les auteurs/créateurs de ces ouvrages mes plus sincères compliments pour le travail titanesque et passionné accompli. Je serais bien en peine de faire de même. J'ai essayé, et cela n'a fait que conforter mon admiration pour ceux qui perpétuent, malgré des obstacles majeurs (Internet en étant un, quoiqu'on en dise), la tradition du fanzinat francophone.

Après avoir commandé voici quelques semaines les trois volumes "spécial vampires" des Monstres de la Nuit auprès d'Eric Escofier, j'apprends que l'ensemble est vendu 20 euro de moins sur le site de l'association Sin'Art. Enfin bref, passons... Une sacrée entreprise néanmoins que cette collection (à laquelle s'ajoutera peut-être un quatrième tome) qui entreprend d'établir une filmographie chronologique du "film de vampires", de 1922 à 1974. Tout en regrettant la trop grande place accordée aux résumés des intrigues et aux carrières des acteurs/réalisateurs au détriment de la partie critique, ce triptyque riche en illustrations s'avère être une mine d'informations impressionnante, efficace et concise pour qui vient de mâter un film de vampires et cherche un petit quelque chose à lire à son propos. Le premier tome a l'extrême bon goût de nous rappeler les origines historiques du vampire.


Arrivée dans la foulée, la seizième salve du Euro Bis de Bertrand Van Wonterghem constituait pour moi une découverte, et soucieux de constater l'évolution de ce fanzine joliment artisanal (des agrafes en guise de reliure), j'avais aussi commandé le premier numéro. L'existence de l'IMdb sur Internet rend bien anecdotique les nombreuses filmographies de personnalités qui jalonnent le numéro un, et qui semble être une constante dans la ligne éditoriale d'un fanzine qui jouit toutefois d'une identité propre. Le dernier numéro, puisque c'est celui qui nous intéresse, s'éloigne des sentiers battus en revenant en détails sur la carrière d'Osvaldo Civirani, habile artisan du bis dont l'œuvre éclectique méritait bien d'être ainsi décortiquée, et comble une injustice par un hommage à l'acteur anglais Edward Judd.


Avec Prom Night Collector, on atteint là ce dont tout amateur de fanzines rêve la nuit : un énorme pavé compilant les publications successives (dont certaines inachevées) de l'auteur (l'érudit Frédéric Mathieu), qui ne s'encombre pas de remplissage inutile et aligne des tonnes et des tonnes de critiques, commentaires, réflexions, analyses et reportages. Les aspects esthétiques et ergonomiques étant également très soignés (belle couv', reliure professionnelle), feuilleter la chose se révèle un plaisir absolu. On ouvre, on parcourt les pages dont le moindre espace est utilisé à bon escient, on s'arrête sur la critique d'un film vu récemment, puis on continue... indéfiniment. Il n'y est d'ailleurs pas toujours question de cinéma bis, puisque de nombreux articles de fond traitent de sujets aussi passionnants que peu explorés, tels que les westerns de Hopalong Cassidy, les films de propagande soviétiques ou encore la carrière d'acteur d'Elvis Presley.

jeudi 17 décembre 2009

Laura Gemser parle d'Emanuelle

Cela ne date pas d'hier (2000), mais étant donné que Laura Gemser n'est jamais pressée de sortir de sa réserve pour évoquer sa carrière, mieux vaut ne pas s'en priver. On peut trouver sur Youtube une courte interview de Laura extraite du documentaire "Emanuelle - A Hard Look" réalisé par Alex Cox, un baroudeur au parcours atypique, capable de réaliser un étonnant western sud-américain (Walker) comme d'apparaître comme acteur dans un très bon film colombien (Rosario Tijeras).


Ce document audiovisuel est sans doute ce que l'on pourra trouver de plus récent concernant Laura, dont l'après-carrière reste mystérieuse. On s'étonne de certains propos de la (toujours) belle Indonésienne, lorsqu'elle déclare notamment: "It's hard to make love with women. I mean, it's really hard. But, you know, you get paid for it, so you do it. You just... do it."

La petite phrase qui conclut l'extrait est sans appel : "A little bit tired of doing this, I was trying to do some other kind of movies. But... I had that label on me, and it's very hard to get out of it. So I said 'I hate it,' so I stopped doing it."

Pourtant, même si Laura Gemser est rarement apparue dans un film sans se déshabiller au moins une fois - pas plus tard qu'aujourd'hui, j'ai regardé le hautement "nanardeux" L'épée du Saint-Graal de D'Amato où elle intervient quelques minutes toute habillée, étant aussi créditée comme "costume designer"- sa filmographie révèle de bien curieuse surprises. Telle sa contribution à Love Camp (éditée en VHS par Erotic Video, visuel ci-contre), une fable érotique tournée à Chypre par l'Autrichien Christian Anders, qui interprète et produit également la chose. Laura incarne le gourou d'une secte vivant en autarcie dans un «camp d'amour» où les adeptes peuvent copuler en toute liberté. Un bon prétexte pour déshabiller tout le monde, et Laura en particulier qui s'adonne à de nombreux plaisirs bisexuels. Gabriele Tinti est de la partie, et comme à chaque fois qu'il joue aux côtés de sa femme, il finit par mourir. Reste que ce Love Camp, déniché au milieu d'un bac de pornos, emporte toute ma sympathie.



Mort d'une tronche

Je n'étais pas au courant. Une "gueule" du cinéma français, Dominique Zardi, est décédée au cours du mois de décembre à l'âge de 79 ans. D'une carrière vouée aux apparitions ou aux rôles secondaires, on retiendra surtout ses nombreuses contributions à l'œuvre de Jean-Pierre Mocky (jusque dans les derniers films de ce dernier). Pour ma part, je l'avais revu dernièrement en tueur dans l'excellent Ils... de Jean-Daniel Simon.

mercredi 16 décembre 2009

"L'Ordre" retrouvé chez Doriane Films

Hier j'ai regardé Punishment Park de Peter Watkins. Un choc. Une merveille de docu-fiction, qui impressionne par sa virtuosité et son audace filmique bien plus qu'il n'interroge les accès paranoïaques de notre société. La version que j'ai visionné provient d'une cassette VHS éditée par Doriane Films. Intrigué, je me renseigne et apprends que Doriane Films existe encore et a réédité la quasi-totalité de son catalogue en DVD (y compris Punishment Park qui cette fois, support DVD oblige, est accompagné de deux courts de Watkins). En naviguant sur le site Internet de la société, on découvre un catalogue édition/distribution fort intéressant, rempli de films que l'on pensait invisibles. J'ai eu ainsi la surprise de constater que L'Ordre, un documentaire électrisant du grand Jean-Daniel Pollet que j'avais eu l'occasion de voir il y a peut-être cinq ans, figure au menu d'une compilation de courts et moyens-métrages du cinéaste (visuel ci-dessous). Et moi qui croyais que cette puissante et silencieuse immersion parmi des lépreux parqués sur une île grecque, qui figure en tête des mes documentaires favoris, n'avait jamais bénéficié des nouveaux moyens de distribution ! A commander pour Noël...

dimanche 13 décembre 2009

Turkish Vendetta

Turkish Vendetta, c'est le nom d'un documentaire sur les films d'auto-défense réalisés en Turquie pendant l'âge d'or du cinéma populaire dans ce pays. Ce documentaire, produit par Sinematik (dont le blog paraît bien sympathique pourvu que l'on comprenne le turc) résume dans les grandes lignes les aspects du "vigilante movie" à la byzantine, entrecoupé de nombreux extraits de films où apparaissent les principales figures du genre (Yilmaz Güney et Cüneyt Arkin entre-autres). Un doc très simpliste qui a toutefois le mérite d'éclairer notre curiosité sur une frange toujours largement méconnue du cinéma-bis qui, par son manque de visibilité, continue d'attiser tous les fantasmes chez les bissophiles occidentaux. Un doc que l'on retrouve en bonus sur le DVD de Cellat, The Executioner, la fort appréciable réplique ottomane de Death Wish, édité par Onar Films. Cela nous donne l'occasion de louer ici-même le travail archéologique de Onar Films, maison d'édition basée en Grèce qui est à ce jour la seule et unique en Europe à distribuer, toujours en quantité ultra-limitée et munis de sous-titres anglais, des films variés (fantastique, giallo, super-héros...) issus du cinéma populaire turc. A l'exception notable de Mondo Macabro (via un "2 en 1" réjouissant incluant Tarkan vs. The Vikings), nul autre que Onar ne s'est risqué sur ce marché de niche, agrémentant généreusement les quatorze titres de son catalogue de bonus rares (documentaires, affichettes).

mardi 8 décembre 2009

Les films de Harry Novak en DVD

Le cinéma d'exploitation et le cinéma-bis ont souvent été une affaire de producteurs. Sans les Dick Randall, David F. Friedman, Fabrizio De Angelis, Robert de Nesles et confrères, nous n'aurions pas eu beaucoup d'éléments pour définir justement une certaine frange du cinéma de genre. Les collections consacrées à ces financiers de l'ombre sont bien peu courantes pour que l'on évoque ici même le travail remarquable de SoDemented Cinema, un éditeur basé aux Pays-Bas qui a crée une collection intitulée «The films of Harry Novak», du nom de cet Américain qui, au cours des années soixante et soixante-dix, a produit une estimable quantité de films dénudés. C'est à lui que l'on doit The Sinful Dwarf, coquinerie délicieusement perverse tournée au Danemark que l'on avait soudainement (re)découvert au moment où Severin Films la sortait en DVD. Peu avaient alors mentionné que, plus près de nous, SoDemented Cinema avait déjà édité une galette fort recommandable de ce truc bien tordu s'intéressant à une maison-close clandestine où quelques jolies captives nues sont retenues et abusées par une mère-maquerelle et son fils, un nain vicieux et hideux. Les autres DVD de la collection «The films of Harry Novak» sont visibles ici-même.

vendredi 4 décembre 2009

Avec M. Sarkozy dans le rôle de l'assassin...

Une anecdote amusante. Engagé dans un cycle "cinéma hongrois en VHS" (sur lequel un de nos fanzines serait bien inspiré de se pencher), je suis tombé sur un film intitulé La victime, édité par Socai. Histoire policière assez terne, très mal doublée en français, la chose a la particularité de compter au générique un certain Zoltan Sarközy, probablement un lointain cousin de notre Président, dans le rôle de l'assassin ! Pour preuve, j'en veux l'agrandissement du détail de la jaquette ci-après*.


* Les visuels ayant disparu du site, je ne peux plus vous montrer ce detail.

mercredi 4 novembre 2009

Dana Andrews, cette "femme fatale"

Amusante et grossière bêtise relevée en relisant un vieux numéro de Mad Movies, que beaucoup sans doute ont déjà commise et qui témoigne, si besoin est, de l’acculture crasse d'une partie du corps rédactionnel de cette revue jadis fort érudite. A propos des sorties en DVD, par l’éditeur Carlotta, de plusieurs films noirs américains des années quarante et cinquante, voici ce que l'on peut lire : «Ces nouveaux héros (…), Richard Widmark, James Stewart, Richard Conte et Victor Mature vont les personnifier à plusieurs reprises, Gene Tierney, Linda Darnell et Dana Andrews venant les épauler dans des rôles de femmes souvent vénéneuses.» L’ œil du non-initié ne saurait être perturbé à la lecture de cet extrait, et pourtant cherchez l’erreur ! L’auteur de cet article semblait en effet ignorer - j'ose espérer qu'il a depuis comblé cette lacune - que Dana Andrews, en dépit d’un prénom féminisant, est un monsieur, au même titre que Dana Carvey (l’acolyte de Mike Myers dans Wayne’s World) ou Dana Ashbrook (de la série Twin Peaks). Ignorance impardonnable quand on sait que Dana Andrews figure parmi les grands d’Hollywood et qu’il a été le héros d’un classique du cinéma fantastique : Rendez-vous avec la peur de Jacques Tourneur…

mardi 3 novembre 2009

Terre Inconnue : Gros plan sur... Iulian Mihu


Iulian Mihu est considéré comme l'un des plus grands cinéastes classiques roumains. Sa carrière est intéressante à plus d'un titre : à l'instar de Manole Marcus avec qui il collabora quelques temps, Mihu a traversé la dictature communiste, qu'il a vu naître puis mourir, en se souciant tout autant de la qualité artistique de ses films que de la censure qu'il contournait avec plus ou moins d'habileté. En 1958, année de ses débuts, il co-réalise deux films avec Marcus, "La mere" (Les voleurs de pommes) d'après Tchekhov et "Viata nu iarta" (La vie ne pardonne pas), un film de guerre, avant d'acquérir sa liberté en 1961 en dirigeant seul "Poveste sentimentala" (Histoire sentimentale), un drame poignant qui met en scène la starlette Irina Petrescu aux cotés du charmant Cristea Avram, qui gagnera l'Italie à partir de 1966 pour y poursuivre une copieuse carrière dans le cinéma d'exploitation sous le nom de Chris Avram, et de Victor Rebengiuc, acteur toujours en activité aujourd'hui. L'action débute dans le décor coquet de la grande bourgeoisie bucarestoise où un jeune aspirant médecin se voit refuser un poste par son futur beau-père qui lui préfère un autre gendre. Il part alors pour la côte et s'installe dans un village de pêcheurs qui, voyant d'un mauvais œil l'arrivée de ce citadin instruit et arrogant, lui réservent un accueil hostile. Le film est l'histoire de cette adaptation douloureuse, filmée dans un noir et blanc séduisant. C'est un drame, au sens puissant du terme, dont la pesanteur parfois trop appuyée n'est pas sans rappeler le Cacoyannis de Zorba le Grec. "Felix si Otilia" (Félix et Otilia), réalisé onze ans plus tard, est considéré par beaucoup comme le chef-d'œuvre de Mihu, mais je m'attarderai plutôt sur "Lumina palida a durerii" (La lumière pâle de la douleur), épopée naturaliste d'une beauté renversante qui s'intéresse au sort d'un village oublié à la veille de la Seconde Guerre Mondiale. Conscient que le désintéressement de ses protagonistes pour la chose politique pourrait déplaire au régime, le cinéaste introduit à la fin du métrage un personnage dont la simple présence permettra au film de passer la censure : un soldat allemand, qui ne fait rien de spécial sinon que les paysans lui résistent pacifiquement et redécouvrent, au contact de cet étranger à l'allure hautaine et grotesque, le sentiment patriotique. L'épisode, caricatural au point d'en être comique, reste cependant anecdotique. Avec "Comoara" (Le trésor), aventure médiévale volontairement risible qui décrit les luttes de clans pour la possession du trésor de l'ancien roi Dace Décébale, Mihu entendait là se moquer d'un certain cinéma historique à tendance nationaliste, hérité du péplum italien, dont se rendirent coupables par le passé Nicolaescu, Mircea Dragan ou Dinu Cocea. Mais il n'y réussit pas, la censure s'empara aussitôt du film et en interdit la diffusion.

mardi 29 septembre 2009

The Alphabet Killer chez Catchplay (Taïwan)

Faisons un zoom sur Catchplay, un distributeur de films en salles et en DVD qui compte à son actif pas mal de sorties intéressantes à Taïwan.

Catchplay
s'apprête par exemple à distribuer en salles Pandorum de Christian Alvart (qui sortira le 02 octobre ici) ainsi que Halloween II de Rob Zombie (le 21 octobre). Mais c'est du côté du DVD que l'on trouve les bricoles les plus intrigantes. Catchplay s'est en effet fendu d'éditions prestigieuses de films qui n'en demandaient pas tant, tels que
Crank 2: High Voltage, Kill Switch avec Steven Seagal et même d'un coffret pour In the Name of the King : A Dungeon Siege Tale d'Uwe Boll. J'ai pour ma part jeté mon dévolu sur le fort appétissant The Alphabet Killer de Rob Schmidt.

De Rob Schmidt, réalisateur de Wrong Turn, on attendait un thriller haut de gamme. The Alphabet Killer ne comble pas toutes les espérances mais s'avère plutôt recommandable. Un tueur de petites filles sévit dans la bourgade de Rochester, tandis que l'enquête est confiée à une jeune inspectrice que l'abnégation et l'ardeur déployées à démasquer le coupable conduisent à la dépression... L'idée d'un tueur choisissant ses victimes en fonction de leurs initiales était prometteuse, on regrette qu'elle soit abandonnée au profit de l'argument psychologique, fondé sur les démons intérieurs et les hallucinations de l'enquêtrice. Eliza Dushku porte le film sur ses frêles épaules. On est heureux de revoir Michael Ironside dans un rôle conséquent.

Robert Ginty s'en est allé

Une information passée relativement inaperçue, relayée par le blog de l'excellentissime site Nanarland.com. Robert Ginty, véritable icône du film d'exploitation écervelé, est décédé dernièrement à l'age de 60 ans. Connu du grand public pour un rôle récurrent dans la série Les têtes brûlées dans les années 70, Ginty le blond moustachu s'était illustré dans Exterminator (Le droit de tuer) de James Glickenhaus, l'un des films d'auto-défense les plus radicaux, puis dans un large panel de nanars de genre. Au cours de sa carrière, il avait croisé Jean-Marie Pallardy (l'inénarrable White Fire), Charles Band (L'alchimiste, pas vu), s'était aventuré en Italie (Le chevalier du monde perdu, un post-apocalyptique déplorable), avait tâté du film de jungle fauché (l'ennuyeux Le baroudeur) et du film anti-communiste primaire (l'amusant La mission). Sur une jaquette de VHS, le nom de Robert Ginty était automatiquement associé à "daube rigolote", mais certains esprits dérangés, dont le mien, s'en réjouissaient (et s'en réjouissent toujours). Nous vivons décidément des heures noires...

Pour quelques séries B (et un Asylum) de plus...


War of the Worlds
par The Asylum

«La guerre des mondes» de H.G. Wells vue par The Asylum. Ça n'est pas honteux, loin de là. Bien sûr les effets spéciaux numériques sont souvent risibles, mais insérés dans un décor de désolation soigneusement reconstitué, ils passent plutôt bien. Bien sûr l'image DV est parfois crasse, mais la qualité sonore est au rendez-vous. Bien sûr certains mouvements de foule souffrent d'un nombre insuffisant de figurants, mais l'interprétation concernée de C. Thomas Howell, épaulé par un Jake Busey (partiellement crédité sous le nom de William Busey !) venu prêter main forte, contrebalance ce défaut. Il s'agit là du cinquième film de The Asylum que je visionne, et si je dois tirer un premier bilan de cette digestion, je dirais que je suis agréablement surpris. Handicapée par des budgets anémiques qui collent mal à l'ambition de ses projets, la firme parvient pourtant à livrer des séries B ou Z plus ou moins potables en s'appuyant sur des scénarii astucieux et une troupe d'acteurs fidèles et motivés. Mais de toute évidence, les films estampillés «The Asylum» ne s'adressent pas à un public habituel. Il faut certainement beaucoup d'indulgence, et accessoirement avoir ingurgité au préalable pas mal d'autres trucs nauséabonds, pour y trouver un intérêt.

et aussi...

Behind Enemy Lines II : Axis of Evil
de James Dodson avec Nicholas Gonzalez, Peter Coyote, Bruce McGill.

S'il est une chose rare dans un film de guerre, c'est que les habituellement ennuyeuses séquences dites «de bureau», où le Président, le Secrétaire d'État à la Défense, divers conseillers patibulaires et une secrétaire-potiche discutaillent de l'avenir du monde, soient plus intéressantes que les scènes d'action sur le terrain. C'est pourtant bien ce qu'il se passe dans cette première séquelle (une autre, située en Colombie, est depuis apparue) pas vraiment indispensable de Behind Enemy Lines qui a au moins le bon goût de nous épargner la tête d'abruti de l'insupportable Owen Wilson, ici remplacé par Nicholas Gonzalez (qu'on a vu se faire bouffer dans Anacondas) entouré d'une belle brochette de seconds couteaux. Le territoire ennemi est ici la Corée du Nord où des marines sont largués afin de mettre hors d'usage une base de lancement de missiles.

Hatchet de Adam Green avec Kane Hodder, Robert Englund, Tony Todd.

Sans nul doute l'un des slashers les plus jouissifs de ces derniers mois, qui donne l'occasion à deux icônes du film d'horreur, Kane Hodder et John Carl Buechler, de revenir à ce qu'ils savent faire de mieux, jouer les massacreurs pour l'un, créer des maquillages d'enfer pour l'autre. Avec le difforme Victor Crowley, qui hante le bayou de Louisiane armé d'une hachette, le réalisateur avait pour ambition de créer un successeur crédible à Jason Voorhees. Kane Hodder, qui en connaît un rayon sur les tueurs siphonnés du bulbe, était le candidat idéal pour épouser la carcasse pourrie du croque-mitaine. Il y a de la tripaille à satiété (mâchoire écartelée, bras arrachés, tête retournée) et du nichon en quantité raisonnable (ceux de Mercedes McNab sont fort appétissants). En somme, tout ce dont nous autres avons besoin pour trouver le sommeil...


Hellraiser : Deader & Hellraiser : Hellworld de Rick Bota avec Doug Bradley.

Quiconque a autrefois été subjugué par le génie créateur de Clive Barker aura peine à trouver une quelconque parenté entre Hellraiser premier du nom et ces deux séquelles récentes portant les chiffres 7 et 8. Il n'est donc plus question de démons poursuivant sur Terre ceux qui ont échappés à leur enfer sadomasochiste et dont le corps peut être régénéré par le sang de victimes innocentes, mais plutôt de morts provoquées par le seul fait d'avoir activé la fameuse boite libérant les Cénobites. «Pinhead» est ici réduit à quelques apparitions, pendant que Rick Bota filme avec peu de conviction des acteurs médiocres livrés aux maquillages de Gary J. Tunnicliffe, qui accomplit ici un travail plus satisfaisant que sur Dracula II et III. Et puis disons-le une bonne fois pour toutes : c'en est assez de nous ressasser les mêmes cages d'escalier et les mêmes figurants débiles chaque fois qu'un film est tourné à Bucarest. Il est temps de changer de décor !

Half Past Dead 2 de Art Camacho avec Bill Goldberg et Kurupt.

Encore une production Andrew Stevens, qui a pris l'habitude de balancer des séquelles sans que l'on puisse se remémorer l'obscur succès auquel elles se réfèrent. Ici, il s'agit en l'occurrence du dernier film de Steven Seagal sorti en salles (ça fait un bail !). L'ancien catcheur Bill Goldberg prend la relève dans la salopette du gros baraqué et un rappeur en chasse un autre dans le rôle du Noir bavard. L'action se passe donc toujours dans une prison, où éclate une mutinerie permettant à un gang se prendre possession des lieux. Le baraqué et le Noir se retrouvent embarqués malgré eux dans l'histoire. De la bastonnade pas chère, torchée vite fait bien fait, c'est en somme tout ce dont nous autres avons besoin pour avoir l'esprit libre...

The Rockville Slayer de Marc Selz avec Joe Estevez, Robert Z'Dar et Linnea Quigley.

Le mouton noir de la famille Sheen (ou Estevez, c'est selon), l'ancien Maniac Cop sans son maquillage (encore plus moche qu'avec) et une ex-scream queen affamée, cela ne pouvait qu'être Z. C'est d'ailleurs dommage qu'il n'existe pas une autre lettre après Z car ce Rockville Slayer y aurait sûrement sa place. J'évoquais dans le commentaire sur War of the Worlds (voir plus haut) «des trucs nauséabonds» qui feraient passer les productions The Asylum pour du Claude Chabrol, en voilà justement un parfait exemple. Sans scénario, sans savoir-faire technique, avec des acteurs jetés en pâture et surtout sans le moindre travail de mixage (dialogues inaudibles suivis d'une musique à vous péter les tympans !), ce film est une véritable abomination. Si vous le voyez sur une étagère de vidéo-club, un conseil, passez votre chemin !

jeudi 17 septembre 2009

Necrologia

Dans la courte nécrologie établie en avril dernier au sujet des décès survenus depuis début 2009, j'ai omis quelques noms qui méritent d'être rappelés à notre mémoire. Celui notamment de Roland Lesaffre, visage récurrent du cinéma français d'après-guerre qui fit aussi de timides incursions dans le cinéma populaire italien. Je me souviens de son nom sur la jaquette de Destination Planète Hydra de Pietro Francisci et sur l'affiche de La fille des Tartares, juste en dessous de celui de Yoko Tani qui allait devenir sa femme. Décès également, à l'âge de 87 ans, de Jean Martin, qui fut un grand homme de théâtre mais surtout le téméraire, ambigu et loyal colonel Mathieu dans La bataille d'Alger de Pontecorvo. L'audacieux polar en noir et blanc 13 Tzameti nous avez fait redécouvrir, au milieu d'une ribambelle de gueules d'atmosphère, le profil émacié de Vania Vilers, qui nous a quitté le 22 avril dernier. Les nécrologies mentionnent surtout sa participation éphémère à la regrettable série Plus belle la vie ! (où, rappelons-le, s'est aussi égarée notre Catriona Mac Coll tant admirée) comme s'il s'agissait du rôle de sa vie. No comment... Enfin, je me sens honteux d'être passé à côté de la disparition d'une grande déesse du péplum : Gianna Maria Canale. Inoubiable Theodora, Impératrice de Byzance pour Vittorio Cottafavi, elle côtoiera à plusieurs reprises Steve Reeves (les travaux d'Hercule), Gérard Barray (Scaramouche), Gordon Scott et Georges Marchal (La révolte des gladiateurs). Dans Les vampires, son époux Riccardo Freda lui confiera LE rôle qui fera pleinement ressortir sa beauté ténébreuse. Elle avait 81 ans.

Disparition de Mary, du trio "Peter, Paul & Mary"

Mes amis et lecteurs assidus savent combien je chéris, au même titre que le cinéma d'exploitation, la musique country et son assise originelle, la musique folk. C'est donc avec tristesse que j'ai appris la disparition de Mary Travers, voix féminine du sublime trio folk "Peter, Paul & Mary". C'est en lisant, il y a fort longtemps, l'indispensable livre de Jacques Vassal Folksong (Albin-Michel) que j'ai découvert l'existence de cet harmonieux groupe qui a marqué la musique folk américaine des années soixante. Mary, c'était la jolie blondinette du trio, qui entonnait d'une voix poignante les accords de ses deux compères Peter Yarrow et Paul Stookey. Leur version de "Blowin' in the wind" de Dylan est supérieure à celle de Joan Baez, leur reprise de "Where have all the flowers gone" de Pete Seeger égale celle du Kingston Trio. Deux de leurs titres originaux, "If I had a hammer" et "Puff the Magic Dragon" furent adaptés en français par Claude François. Mary Travers avait 72 ans.

mercredi 16 septembre 2009

The Asylum : une terre d'asile pour la série Z

L'Antre de la Bête poursuit son exploration des productions The Asylum, entamée quelques articles plus bas.

Les productions The Asylum sont de ces machins pas très bien faits, pas très intelligents, pas très honnêtes, que l'on regarde d'un œil distrait tout en s'astiquant le poireau devant une vidéo de YouPorn. Dans ces circonstances, mais dans ces circonstances seulement (le Groland Mag'zine pouvant toutefois remplacer la vidéo de cul), la projection passe plutôt bien. Prenons par exemple Exorcism : The Possession of Gail Powers, dont le titre fait sans détour référence au déjà très B The Exorcism of Emily Rose et dont la jaquette du DVD taïwanais montre un sublime Luke Perry (ou un sosie) qui n'apparaît sublimement pas dans le film. Durant la petite heure et demi que dure cette sympathique daube, tout ce que l'on voit en guise de possession est une jeune fille se tortillant à moitié nue sur son lit en vociférant des insanités, et en guise d'exorcisme une séquence toute droit sortie de feu l'émission Mystères avec un prêtre aveugle à la musculature de catcheur brandissant une pauvre crucifix acheté 2 dollars au Cash Express du coin. L'image DV est bien moche et ne rend guère hommage aux efforts des acteurs, notamment Erica Roby, une charmante frimousse qui tient ici son premier rôle et accomplit une réelle performance. On saluera au passage la relative bonne tenue du casting dans ce film comme dans d'autres (The Hitchhiker était surprenant de ce côté-là), preuve que tout n'est pas forcément bâclé chez The Asylum. Erica Roby deviendra par la suite une régulière des productions de l'asile et apparaîtra, encore plus dénudée, dans Halloween Night qui occupe le haut du panier du catalogue «horreur» de la firme.


Torché à la hâte pour profiter de la sortie du fort décevant Halloween de Rob Zombie avec lequel il ne soutient la comparaison qu'en termes d'humilité, ce slasher pur jus a l'extrême bon goût de ne pas nous ennuyer un seul instant. Le principe de l'intrigue est qu'il n'y en a pas (ou peu) : le visage entièrement brûlé après avoir assisté dans son enfance au viol et au meurtre de sa maman, Christopher Vale s'échappe de l'hôpital et revient sur le lieu du crime que des ados crétins ont investi pour la nuit d'Halloween. Sans que l'on sache pourquoi, mais sans que ça ne paraisse illogique, il massacre les convives à la hachette. Les meurtres sont nombreux, toujours très sanglants, ponctués d'intermèdes érotiques généralement interrompus par l'irruption du tueur, dont le maquillage est assez réussi. Notons, c'est amusant, que le masque originel de Michael Myers - qui apparaît dans la séquence d'ouverture, porté par les assassins de la mère - est associé par le tueur au mal absolu, puisqu'il dessoude au premier regard deux bonshommes arborant ledit masque.

jeudi 10 septembre 2009

Werner Herzog, l'homme-grizzly et un DVD taïwanais

Je ne cacherai pas ici mon admiration pour Werner Herzog. Voilà probablement l'un des très rares cinéastes encore capables, après plusieurs décennies de carrière, de toucher à tous les genres avec la même exigence et la même qualité, à l'instar d'un Barbet Schroeder. Pour s'en persuader, il suffirait de visionner L'énigme de Kaspar Kauser puis Rescue Dawn, un film de guerre à contre-temps, tout à la fois épique, épuré, désespérant, débordant de vie, porté par l'abnégation sans faille de Christian Bale. C'est donc avec surprise et délice que j'ai découvert, ici même à Taipei, une bien belle édition DVD destinée au marché local* d'un autre OFNI de Werner, le documentaire Grizzly Man. On serait curieux de savoir pourquoi Herzog s'est tant pris d'intérêt pour l'histoire tragiquement futile (ou futilement tragique) du dénommé Timothy Treadwell, l'homme qui vécut plus de dix ans au contact des ours d'Alaska avant de périr cruellement sous les griffes de l'un d'eux. La réponse se trouve dans le film, que je vous invite à découvrir. L'oeuvre est d'autant plus intéressante qu'elle est surtout constituée des rushes tournés par Treadwell et non par Herzog, qui ici utilise le matériel filmique anodin d'un tiers pour mieux appréhender l'obsession de ce dernier. En d'autres termes, le regard d'un artiste professionnel sur le travail (l'existence et la mort) d'un misanthrope anonyme et atypique.

* C'est le distributeur Gull qui est à l'origine de ce DVD contenant des sous-titres anglais et chinois. Il a aussi distribué l'édition MK2 de l'inclassable 13 Tzameti.

mardi 8 septembre 2009

Des séries Z sorties d'un Asile de fous


Nous avions évoqué récemment, via la critique de Snakes on a train, la boite de production The Asylum qui s'est spécialisée dans la « pré-copie » des nouveaux succès hollywoodiens. Le concept est simple et audacieux : s'inspirer des futures grosses cylindrées issues des puissants studios (au moyens de bandes-annonces, aguiches...) pour produire à la va-vite des séries Z reprenant plus ou moins le concept de base des films «copiés», affublées d'un titre et d'un visuel promotionnel très proches des originaux. Opportuniste en diable, The Asylum se débrouille toujours pour mettre ses produits sur le marché avant même ceux de la Fox ou de la Paramount. Cela vise en partie à semer la confusion dans l'esprit étourdi ou pas très futé du locataire de DVD qui, croyant se mâter tranquillement un Da Vinci Code, tombera sur un très ressemblant Da Vinci Treasure, sans Tom Hanks mais avec plein d'acteurs inconnus et une image de qualité médiocre.

Une partie du catalogue The Asylum a été édité en DVD à Taïwan par la société Ching Da Video et plusieurs titres sont vendus au rabais dans les enseignes de la chaîne Blockbuster, dissimulés dans des corbeilles réservées aux indésirables où foisonnent aussi d'obscurs films de guerre russes et de fantômes asiatiques. Friand de confiseries qui donnent mal à l'estomac, j'en ai donc acquis quelques-uns, à commencer par Pirates of Treasure Island. Calqué sur l'imbuvable trilogie avec Johnny Depp mais se prévenant malicieusement de toute attaque en justice pour «plagiat» en se prétendant inspiré de «L'île au Trésor» de R.L. Stevenson, la chose fait donc intervenir Long John Silver sous les traits d'un Lance Henriksen désormais en tête de la liste des acteurs étiquetés «bon rapport qualité/prix». Lance cabotine comme un bambin au milieu de comédiens amateurs exécrables, à l'image du type censé interpréter un capitaine français. On ne s'étonnera jamais assez de l'incapacité des producteurs à engager des acteurs «natifs» lorsqu'il s'agit d'interpréter des étrangers. On ne me fera pas croire que dénicher en Californie un Frenchie assez aventureux pour accomplir la besogne relevait de l'impossible. Si on me l'avait proposer, je l'aurais même fait pour une poignée de dollars !... Bref, ces Pirates de l'île au Trésor ne s'activent qu'une heure et quart et pourtant cela semble une éternité. Sans doute pas l'un des meilleurs crûs de The Asylum...


Mis en chantier pour concurrencer le remake de The Hitcher auquel il est sans nul doute supérieur, The Hitchhiker est en revanche une bonne surprise. Le scénario est tout bête : quatre nanas en partance pour Vegas prennent en stop un beau mec qui se révèle un fieffé psychopathe souffrant de misogynie aigüe. Dans ce rôle tendancieux, l'acteur Jeff Denton, un habitué des productions de l'asile, est plutôt convaincant. Le réalisateur maison Leigh Scott filme avec un certain sens du rythme un scénario qui réussit l'exploit de ne pas être ennuyeux et de ne presque jamais souffrir d'invraisemblances. J'insiste ici sur le mot «presque» car il y a quand même une séquence qui vaut son pesant de cacahuètes : deux flics se présentent au motel où l'auto-stoppeur meurtrier retient les donzelles en otage, celui-ci sort alors pour accueillir les visiteurs et ferme derrière lui la porte toute maculée du sang d'un malheureux fraîchement abattu. Impossible de rater ce détail, pourtant les flics ne remarquent rien. Au fur et à mesure que le dialogue s'installe, on en vient presque à s'arracher les cheveux devant tant de laxisme (des flics comme du scénariste) en se disant «Mais comment ne peuvent-ils pas remarquer la porte ensanglantée ??!!». Une fois les questions d'usage expédiées, l'un des officiers finit enfin par demander «Au fait, qu'est-il arrivé à votre porte?». Ce sont aussi ces petits riens qui nous rappellent qu'on est bien là en terre bis.


à suivre...

mardi 1 septembre 2009

Aspects du cinéma d'horreur taïwanais


Alors qu'Invitation Only (chroniqué plus bas) est récemment sorti en DVD, j'ai entrepris de visionner d'autres représentants du cinéma fantastique taïwanais. Petit passage en revue.

Le fantôme demeure le leitmotiv du cinéma fantastique asiatique, et Taïwan ne fait pas exception à la règle. Le thème ayant désormais été exploité jusqu'à l'usure, il devient difficile d'innover. Pourtant Silk fait montre d'une créativité bienvenue. Le film de Chao-Bin Su fait subtilement dévier l'élément fantastique vers la science-fiction. Il y est question d'un chercheur japonais qui a mis au point un dispositif révolutionnaire permettant de capturer l'esprit des morts. Dans un immeuble sordide de la banlieue de Taipei il capture l'esprit d'un jeune garçon et fait appel à un policier capable de lire sur les lèvres afin d'enquêter sur les circonstances de la mort de l'enfant. Si la seconde partie prend une tournure décevante et parfois grotesque avec l'irruption du fantôme de la mère du défunt, la tension reste constante et distillée avec inspiration. Les attaques du petit spectre sont particulièrement efficaces, ce que renforcent les expressions de terreur laissées sur le visage des victimes. Silk (« soie » en anglais, allusion au fil de soie qui relie l'ectoplasme à ses victimes potentielles) est un film populaire à Taïwan et s'est bien vendu à l'exportation. La formule du succès réside souvent dans la présence de comédiens d'origine différente, ici on parle mandarin, japonais (entre l'inventeur et son financier incrédule) et un peu anglais lors de la scène d'ouverture où un gros Occidental expérimente maladroitement le procédé. Cela faisait longtemps qu'un film de fantômes ne m'avait pas surpris de la sorte, la chose mérite vraiment d'être découverte.


J'ai eu aussi l'occasion de mâter Good Will Evil, une histoire pas trop moche d'orpheline au comportement bizarre recueillie par un couple en plein marasme. Le mari est un politicard en vue qui adopte la môme dans le seul but de servir sa popularité et en abandonne la garde à son épouse psychologiquement fragile (elle a été enfermée dans le placard quand elle était petite). Cette dernière suspecte l'enfant de vouloir la rendre folle. Il faut dire qu'il y a quelque chose qui cloche chez cette gamine, à commencer par ce poupon quelque peu effrayant qu'elle trimballe partout. Le jouet ne serait-il pas possédé ? Commis par deux réalisateurs, voilà un exemple assez typique des films de fantômes/esprits vengeurs de catégorie moyenne qui envahissent les étagères de vidéo-clubs asiatiques, à savoir beaucoup de bruit (des grincements de portes, des bruissements de feuilles, des murmures) et d'effets de montage (des prolepses en pagaille) pour au final un résultat proche du passable.


Même constat pour The Heirloom de Leste Chen, banal film de maison hantée qui réserve toutefois son lot de situations glaçantes. Un jeune homme revenu à Taïwan après avoir grandi à l'étranger reçoit une maison en héritage après le suicide collectif des membres de sa famille. Là encore, ça gesticule un peu dans le vide mais on concèdera quelques trouvailles scénaristiques intéressantes. Ainsi quiconque éveille la vindicte de la demeure est condamné à se réveiller chaque matin dans les entrailles du bâtiment maudit. C'est à nouveau au contact de retours en arrière progressifs que l'on apprend le passé des lieux et les secrets malsains qui entourent la famille. Il y a bien quelques moments vraiment lugubres, le réalisateur a manifestement le savoir-faire pour mener sa barque à bon port et maintenir l'attention jusqu'au bout, mais c'est après avoir vu le film que le ressentiment se fait plus précis. On peine à se souvenir d'une seule bonne séquence, on se perd en confusion avec d'autres films similaires.

samedi 29 août 2009

Les nouveaux Seagal et Lundgren en DVD

Alors que Missionary Man m'attend toujours sur un coin de table et que Diamond Dogs a déjà égayé une soirée morose dans un coin paumé de Nouvelle-Zélande, un nouvel inédit avec Dolphy Lundgren a fait son apparition. Il s'agit de Direct Contact, un titre qu'on a déjà eu l'impression d'entendre trois-cent-cinquante fois, sous la direction de l'Israélien Danny Lerner, un ancien de Nu Image. Et comme une bonne chose n'arrive jamais seule, on apprend la sortie simultanée du nouveau Steven Seagal, Driven To Kill (Le Prix du Sang en VF), deuxième collaboration avec le réalisateur Jeff King après Kill Switch que je n'ai toujours pas vu. Gageons qu'un petit Van Damme devrait prochainement poursuivre sur cette bonne lancée...

Invitation Only, l'horreur venue de Taïwan

C'est le 19 août dernier qu'est sorti en location dans tous les vidéo-clubs de Taïwan le très attendu Invitation Only, premier film gore en provenance de l'île que je me suis empressé de louer. Pas déçu et déjà impatient d'attendre la parution du DVD à la vente.

Invitation Only a semble-t-il fait son petit effet au Marché du Film à Cannes. Rien d'étonnant à cela, cette combinaison peu délicate de torture-porn à la Hostel et de slasher a de quoi régaler n'importe quel amateur de l'un ou l'autre. Après l'habituel meurtre dans les toilettes pour mettre dans l'ambiance, l'intrigue débute sagement. Le personnage central est un rien-du-tout, un microbe, qui conduit son richissime et séduisant patron du boulot à la maison et surprend ce dernier un soir en train de culbuter une starlette sur le cuir de sa limousine. Le boss lui tend une invitation pour une soirée privée destinée aux gens de la haute. Tout excité, le modeste employé ne sait pas qu'il va devenir l'attraction d'un spectacle malsain. Cette première et prometteuse réalisation d'un dénommé Kevin Ko se paye la présence de la porno-star nippone Maria Ozawa, qui se déshabille un bon coup avant de passer à l'abattoir. Côté meurtres, on remarque une certaine prédilection pour l'égorgement (un classique désormais un peu trop récurrent dans les films d'horreur). Ainsi que deux moments dantesques : la longue et pénible séance de torture d'une malheureuse anonyme sous les yeux d'une respectable assemblée se délectant de la souffrance de la basse populace, et la séquence dite «du cafard». Alors que notre héros, tentant d'échapper à son sinistre sort, cherche une issue de secours, il tâtonne de la main au dessus d'une pièce surélevée et aplatit une grosse blatte visqueuse. Curieux de savoir ce qu'il a pu toucher, il constate l'insecte écrasé sur son doigt qu'il frotte aussitôt contre un mur pour l'en décoller. La bestiole se relève alors et s'éloigne en trainant une substance blanchâtre échappée de son abdomen. Le tout filmé en gros plan avec un vrai cafard. Bon appétit, merci ! Cet épisode parlera à tous ceux qui connaissent Taipei, pour qui cohabiter avec les cafards fait partie du quotidien. Dans la zone où j'habite actuellement, appelée Houshanpi (est de la capitale), ils pullulent aux abords des trottoirs et des bouches d'égouts dont ils sortent pendant la nuit. Avoir une envie de chocolat à minuit peut se révéler une expédition et les quelques mètres qui séparent votre domicile du premier 7 Eleven s'apparentent à un terrain miné où l'on garde les yeux rivés au sol pour éviter de piétiner l'une de ces répugnantes bestioles. Au petit matin, plus une trace des parasites, hormis les restes de ceux qui ont subi la loi des sandales la nuit précédente...

mardi 11 août 2009

Salve de séries B en DVD (4)

Une dernière livraison de séries B dévorées récemment.
Urban Legend 3 : Bloody Mary de Mary Lambert avec Kate Mara et Ed Marinaro.

Responsable à la fin des années 80 de l'effrayant Simetierre (qui reste à ce jour l'une des meilleures adaptations d'un bouquin de Stephen King sur grand écran) suivi d'un solide Simetierre 2, Mary Lambert demeure l'une des rares femmes-cinéastes à avoir marqué le cinéma fantastique. Discrète pendant plus d'une décennie, elle est récemment revenue par la petite porte via une deuxième séquelle au Urban Legend de Jamie Blanks, qui s'avère légèrement supérieure à l'atterrant Urban Legend 2. Certains aspects du script souffrent d'énormes lacunes : on nous explique que l'esprit de Mary Banner assassine la progéniture des quatre garnements qui ont, de près ou de loin, contribué à sa mort trente-cinq ans plus tôt. Or il y a manifestement une mort de trop par rapport à celles attribuées à la vengeance de Mary, mais cela ne semble soulever aucune interrogation, pas plus que ces personnages-clé qui disparaissent de la circulation sans crier gare. Les scènes-choc sont régulières mais fort peu imaginatives, hormis celle où la fille s'arrache la peau du visage d'où surgissent des dizaines de petites araignées créées par ordinateur (on pense à la scène d'automutilation dans Les ruines). Le film ne mérite toutefois pas la piètre réputation qu'on lui prête ici et là. Les jeunes acteurs sont plutôt bons, la photographie est soignée, les dialogues moins grossiers qu'à l'accoutumée. Ni plus ni moins qu'un direct-to-video dans la petite moyenne. 

Anaconda 3 : Offspring de Don E. Fauntleroy avec David Hasselhoff et John Rhys-Davies.

Alors qu'un Anaconda 4 a déjà montré le bout de sa langue, je me suis intéressé à la troisième livraison de ce qui n'était a priori pas destiné à devenir une franchise. Après une vague allusion à la précédente séquelle pour justifier du confinement d'un anaconda gigantesque dans un centre de recherche d'Europe centrale, l'action s'emballe très vite puisque le reptile s'échappe en laissant derrière lui une trainée de cadavres déchiquetés et part se cacher dans la forêt limitrophe, coursé par une escouade de têtes brûlées. Celle-ci est emmenée par le vieux beau David Hasselhoff, désormais voué à une jolie carrière de has-been dans des sous-produits pas très reluisants (mais quoi de plus logique pour celui qui débuta dans Starcrash de Luigi Cozzi ?). La mocheté est de rigueur : l'héroïne, les effets gore et surtout le serpent, que j'érige au panthéon des plus ridicules jamais créés en images en synthèse. Ce qui fait de cet Anaconda 3 un nanar de choix.

The Boston Strangler : The Untold Story de Michael Feifer avec Andrew Divoff et Corin Nemec.

Venu de nulle part, Michael Feifer a trouvé le bon filon pour susciter rapidement la curiosité : ne réaliser que des films sur de vrais tueurs en série. Tournée avec des moyens insuffisants, cette version ne soutient pas deux secondes la comparaison avec le chef-d'œuvre de Richard Fleischer. Faute de pouvoir s'offrir de luxe de la reconstitution historique (l'intrigue se déroule entre 1962 et 1964) et de meurtres graphiques, le film développe donc une hypothèse parfaitement farfelue selon laquelle Albert DeSalvo, reconnu coupable de l'assassinat de treize femmes, ne serait en fait qu'un minable copycat et se serait accusé des meurtres à la suite d'une rencontre en prison avec le véritable «étrangleur de Boston», un dénommé Frank Azarian. Ce dernier, avec l'appui de son avocat, aurait persuadé son compagnon de cellule de le «remplacer» afin de partager le gros pactole promis par la notoriété déjà établie de DeSalvo (ciné, télé, bouquin etc...). C'est paradoxalement cette confrontation entre le soi-disant vrai tueur et son pigeon qui donne un peu de consistance à l'ensemble. Le personnage du détective interprété par Andrew Divoff ne sert absolument à rien, sinon à relever le niveau d'une interprétation boiteuse (le blackos qui joue le chef de la police a l'air d'un rappeur en contrat emploi-solidarité).

dimanche 2 août 2009

Salve de séries B en DVD (3)

Troisième livraison de séries B vues dernièrement en DVD

Snakes on a train de Peter Mervis (A.K.A. The Mallachi Bros).


Tiens donc, une production The Asylum, depuis le temps que j'entends parler de cette boite de prod', j'étais impatient de découvrir ses méfaits. Pour rappel, The Asylum, co-fondée par David Michael Latt, qui a fait ses armes comme réalisateur de zèderies oubliables (dont une suite sans intérêt du déjà bien nul Scarecrow), s'est spécialisée dans le bis au sens authentique et littéral du terme en reproduisant, ou plutôt en anticipant les futurs gros succès du box-office. On doit à cette compagnie fort opportuniste des titres aussi évocateurs que Transmorphers, 2012 Doomsday ou encore The Da Vinci Treasure. La plupart de ces productions au budget microscopique sont destinées au marché américain ou anglophone, d'où la rareté de ces titres en France. Hormis un titre et un visuel évidemment copiés sur le fort sympathique Snakes on the plane, ce Snakes on a train est assez éloigné du film dont il s'inspire. Une Mexicaine victime d'une vieille malédiction Maya la faisant régurgiter des serpents (?!) embarque clandestinement dans un train de nuit qui doit la conduire à Los Angeles afin d'y rencontrer un chamane susceptible de la guérir. Une fois à bord, les bestioles contenues dans des bocaux (pourquoi ne pas les tuer ?? mystère...) s'échappent et sèment la mort dans les wagons. Reposant sur des kilos d'invraisemblances (la nana vomit des serpents minuscules mais les passagers sont attaqués par de gros pythons et autres boas), souffrant d'une interprétation déplorable assurée par des membres de l'équipe technique, la chose distille pourtant, et ce en partie grâce à l'image très laide (c'est un comble !), une ambiance glauque ponctuée de moments plutôt couillus, comme celui où une fillette est engloutie toute crue par un reptile affamé. Bref, nous tenons là en fin de compte un nanar convenable, jusqu'à.... jusqu'à la séquence finale dont les effets numériques sont parmi les plus abominables jamais vus sur un écran. Possédée par le mauvais sort, l'héroïne se transforme en serpent gigantesque qui avale le train avant de se volatiliser par on ne sait quelle magie. C'est ce que l'on appelle pêcher par gourmandise...


Catacombs de Tomm Coker et David Elliot avec Shannyn Sossamon.


Attention daube ! A peine l'héroïne (la mignonnette Shannyn Sossamon, seule raison valable de visionner cette immonde bêtise) débarque-t-elle à Paris pour y retrouver sa frangine que quelque chose, déjà, cloche : les douaniers français qui l'accueillent à l'aéroport ont un drôle d'accent slave ou assimilé. Une grosse dame en uniforme marmonne même un surprenant «Comprendrez-vous français ?». En deux, trois plans nous aurons vite compris que l'aéroport de Roissy se trouve en fait à Bucarest, où ont été reconstituées les catacombes parisiennes. De Paris, la vraie, il faudra simplement se contenter d'une dizaine de plans d'extérieur tournés à la va-vite et sans autorisation (avec en prime, le regard des passants vers la caméra). Uniquement motivés par l'aura sinistre de nos fameux sous-sols mortuaires, prétexte à une histoire stupide de rave party souterraine compromise par la présence d'un fou meurtrier, les producteurs ne se soucient guère de crédibilité. Peu importent donc les inscriptions sur les parois écrites dans un français approximatif et l'accent ridicule des figurants (parmi lesquels j'ai reconnu Cabral Ibacka, célèbre vedette de la télévision roumaine), comptons plutôt sur l'ignorance crasse d'une audience américaine qui n'y verra que du feu. De toute évidence le film n'est pas destiné à être vu en VO par un spectateur de l'Hexagone. Anecdote amusante : évoquant les véritables catacombes reconstituées en studio, l'actrice Alecia Moore (plus connue comme chanteuse sous le nom de Pink) affirme sur le mini-film du tournage «Un de mes amis les a visitées et m'a montré des photos, c'est très ressemblant». Autant que je m'en souvienne, prendre des photos à l'intérieur des catacombes n'est pas autorisé. Mais bon, la blondasse a vraiment l'air de savoir de quoi elle parle....Rutger, ce cigare est trouche ! (The Hunt for Eagle One)


The Hunt for Eagle One de Brian Clyde avec Mark Dacascos, Theresa Randle et Rutger Hauer.


Un film de guerre dans la jungle philippine, comme au bon vieux temps. J'adore ! C'est une production Corman, ce qui est fort séduisant, en association avec le regretté Cirio H. Santiago, ce qui est encore plus séduisant. Et en plus, il y a Rutger Hauer qui mâchouille un gros cigare ! Un cahier des charges relativement bien respecté, avec surabondance de fusillades, d'explosions, de sauts de trampoline et de refrains patriotiques à la noix. On se croirait revenu aux grandes heures de la Cannon, avec Mark Dacascos en Chuck Norris chargé de liquider un chef terroriste et libérer par la même occasion une femme-sergent faite prisonnière par les rebelles. Bien sûr, l'histoire est adaptée aux circonstances actuelles, l'ennemi est donc «le N°2 d'Al-Qaeda en Asie-Pacifique », un sale brute chevelue nommée Abubakar qui défie le gouvernement philippin dans la province musulmane de Mindanao. Le salaud périra criblé de balles en marmonnant des trucs du genre «les infidèles seront anéantis par la volonté d'Allah !» Qu'on se le dise, Roger Corman est toujours dans la partie, il a même embrayé sur une suite plutôt honorable, The Hunt for Eagle One : Crash Point, avec la même distribution, moins Rutger mais plus Jeff Fahey, où les troufions doivent cette fois retrouver les gredins qui ont dérobé un appareil permettant de contrôler à distance les avions de ligne.



Living Death de Erin Berry avec Kristy Swanson.

Un jeune millionnaire arrogant est empoisonné par son épouse et son avocat qui veulent s'approprier ses biens. Mais le flambeur n'est pas vraiment mort et revient se venger... Un curieux objet que ce Living Death, sorte de téléfilm croisé avec un inédit vidéo. Téléfilm car tout y est uniformément plat et sans saveur, de la réalisation à l'intrigue en passant par l'interprétation. Inédit vidéo car on y voit, de temps à autre, des choses un peu crasses, comme des intestins ôtés d'un ventre, un outil planté dans un œil ou des bras arrachés par un instrument de torture. Rien que l'on n'ait déjà vu autre part, mais de quoi faire passer un agréable moment, en compagnie de l'ex-Buffy Kristy Swanson, qui a pris du poids mais joue toujours comme un pied. Produit par l'équipe canadienne déjà responsable de Dead Mary (cf. plus bas).


Mammoth de Tim Cox avec Vincent Ventresca et Tom Skerritt.


Proprement affligeante, cette histoire de mammouth ramené à la vie par la chute d'un météorite d'origine extraterrestre ! L'animal, conservé en état de cryogénisation dans un musée de Louisiane, s'évade et sème la terreur dans la campagne roumaine... là où la seconde partie du film a été tournée. La seule originalité de ce gloubi-boulga indigeste réside dans la nature de l'ennemi, un mammouth, animal qui n'avait jusque là pas encore été ajouté au tableau de chasse cinématographique. Ce dernier est entièrement crée en images de synthèse. Pour le coup, soyons honnêtes, ce n'est pas trop mal foutu. Le vrai mammouth était couvert de fourrure, celui-là ne l'est pas, mais bon, nous mettrons cette anomalie historico-scientifique sur le compte de la parenté pseudo-extraterrestre de la créature. Il ne faut pas s'attendre à d'incessants assauts sanglants, le film étant produit pour la chaîne Sci-Fi Channel, nous n'avons droits qu'à une décapitation hors-champ, un empalement vu de loin et un piétinement partiellement coupé au montage. Le reste est fait de courses dans les champs de maïs et de blabla exaspérant entre le brave docteur (Vincent Ventresca, aussi expressif qu'un Playmobil) et son paternel (Tom Skerritt, qui est tombé bien bas). Conscients qu'il n'y a pas de quoi aller bien loin, les scénaristes se tournent vers l'humour, les personnages crétins et les jeux de mots graveleux. Ça n'arrange pas les choses, au contraire...



Salve de séries B en DVD (2)

Rest Stop de John Shiban avec Jaimie Alexander.

Les toilettes publiques sur le bord des routes ont déjà été le théâtre de morts violentes dans une flopée de films d'horreur, généralement le temps d'une scène (en préambule d'un Halloween notamment, je ne me souviens plus duquel) sans que l'action ne s'y déroule entièrement, à la différence du motel, de la station-service ou de la cabane abandonnée. C'est désormais chose faite avec cet excellent petit survival bien saignant focalisé sur le face-à-face entre une jeune Texane et le sadique qui hante les lieux. Parti pour commencer une nouvelle vie à LA, un couple a le malheur de faire une halte sur une aire de repos où sévit un redneck en pickup. Alors que la fille se soulage dans les toilettes répugnantes, son petit ami disparaît, et la voilà seule à la merci du psychopathe. Ce dernier reste tout au long du film une silhouette lointaine, dont le visage n'est dévoilé que par parcelles via des gros plans vicieux (il suce un doigt de l'héroïne avant de l'arracher avec ses dents jaunies). Langue sectionnée, jambes écrasées, cuisse travaillée à la perceuse, les morceaux de boucherie ne manquent pas, parmi moult autres friandises (dont une famille de bigots aliénés qui cache un enfant difforme dans son camping-van). C'est sale, méchant, grossier, mais humble, généreux et parfaitement maîtrisé. A découvrir.

Prey de Darrell James Roodt avec Bridget Moynahan et Peter Weller.


Lorsque se présentent à nous les protagonistes de l'intrigue (une famille recomposée avec papa, belle-maman, fifille et fiston), qui seront aussi les victimes potentielles d'une attaque de lions dans la savane africaine, on devine à l'avance que la tuerie annoncée n'ira pas bien loin, car chacun sait que les morts d'enfants au cinéma sont presque toujours sujettes à scrupules (tout le monde n'a pas l'audace d'un Nick Palumbo qui ose un meurtre d'enfant bien dégueulasse dans Murder-Set-Pieces). Trois victimes, c'est d'ailleurs ce à quoi se réduit l'hécatombe. Pas de quoi crier au scandale toutefois car Prey prend davantage sa source du côté de Cujo ou de Jaws que des Rats de Manhattan. La tension l'emporte sur l'hémoglobine. On appréciera donc le recours presque exclusif (mises à part quelques gerbes de sang numériques exagérément visibles) à de vrais animaux parfaitement dressés lors des assauts des carnassiers contre la Jeep où sont réfugiées les touristes. A la recherche de sa famille, Peter Weller semble pressé de rentrer chez lui avec son petit chèque sous le bras. Également tourné en Afrique du Sud, The Breed, qui montre l'attaque d'une meute de chiens enragés contre un groupe de jeunes gens sur une île déserte, fait également appel à de vrais clébards, une qualité non-négligeable à l'heure où les effets numériques sont légion. Deux bons films de bébêtes voraces.


Against the Dark de Richard Crudo avec Steven Seagal et Keith David.


Revenu à la maison dans l'idée de rehausser la qualité de sa filmographie (les pas trop mauvais Pistol Whipped et Urban Justice allaient dans ce sens), après une enfilade de séries Z épouvantables torchées dans une décharge roumaine, Steven-la-cigale a de nouveau succombé à l'appel de l'Est pour les besoins d'un machin intitulé Against the Dark. Bon, cette fois, Steven avait une bonne raison car il s'agissait d'un film d'horreur, genre dans lequel notre panda bouffi ne s'était encore jamais illustré. Mieux qu'un film d'horreur, un film de zombies cannibales post-atomique. J'étais curieux de voir ça. Mais après ingurgitation, la digestion passe mal, et cela pour une raison bien pénible à énoncer pour le Seagalophile endurci que je suis : la présence de Steven Seagal ! Car si Against the Dark est loin d'être une réussite, on y décèle toutefois les efforts de chacun (cf. le film du tournage présent en bonus sur le DVD) pour rendre la chose regardable. Puis arrive Steven. La démarche lourdaude, l'œil fixe, la voix monocorde, le gugusse n'en a strictement rien à cirer, pourvu qu'on lui file son enveloppe. Pourtant relégué à un rôle mineur, celui que l'on surnommait jadis «le saumon agile» parvient en quelques minutes à ruiner le travail d'une équipe. Tu en as assez fait, Steven, il serait judicieux de te faire un peu oublier... pour un temps...


Buried Alive de Robert Kurtzman avec Tobin Bell.


Une bande d'ados très cons (tiens, en voilà d'autres) s'offrent du bon temps dans une maison où jadis une dame fut enterrée vivante. L'esprit vengeur, elle revient sous la forme d'une face de pizza avariée pour dessouder la jeunesse pécheresse (on ne peut pas lui donner tort)... Un film qui suscite l'interrogation : comment Robert Kurtzman, le K des studios de maquillage KNB, le créateur du Wishmaster, a t-il pu accoucher d'une telle cochonnerie ? C'est ennuyeux, les effets spéciaux sont réduits à peau de chagrin, les acteurs sont calamiteux, même un débutant n'aurait pas fait pire. Vraiment, Robert, tu devrais avoir honte... Ah, mais on me dit que Tobin Bell rôdait dans les parages en attendant de tourner Saw 12 ! Ça méritait un film, c'est sûr...


The Tripper de David Arquette, avec Thomas Jane, Lukas Haas et Paul Reubens.


Non content d'avoir donner à Schwarzy l'envie de suivre ses traces, Ronald Reagan fut aussi l'un de ces Présidents pleins de haine et de rancœur comme l'Amérique les aime. Il n'aimait pas grand chose, le Ronnie, sauf peut-être les films de Chuck Norris. Des Hippies il aurait dit « Ils ressemblent à Tarzan, marchent comme Jane et sentent comme Cheetah ». C'est d'ailleurs sur cette tendre citation que débute The Tripper, première réalisation de David Arquette, acteur médiocre aux allures d'ado attardé, dont on n'attendait pas monts et merveilles, et encore moins un slasher. Pourtant, le film est sacrément balèze. Il y a d'abord cette excellente scène d'ouverture où quelques militants pacifistes s'opposent à des bûcherons qui veulent abattre un arbre centenaire, jusqu'à ce que l'un d'eux finisse sous la lame d'une tronçonneuse brandie par un marmot psychotique. Plusieurs années après, alors que la région accueille une sorte de Woodstock bis ameutant tous les chevelus du coin, un tueur portant un masque de Ronald Reagan trucide les festivaliers armé d'une hache. Complètement tordu, audacieux et sans crédibilité aucune, The Tripper propose l'alliance subtile du gore et des substances illicites...


lundi 27 juillet 2009

Salve de séries B en DVD

Une première fournée de brefs commentaires concernant les séries B ingurgitées ces dernières semaines.

Walking Tall : The Payback / Lone Justice
Mises simultanément en chantier selon une vieille recette commerciale qui a fait ses preuves (deux suites valent mieux qu'une), ces séquelles illégitimes d'un Walking Tall qui était déjà plus ou moins le remake d'un polar des années 70 (cf. l'article Walking Tall : la série TV avec Bo Svenson pour l'historique) sont produites par Andrew Stevens, ancien acteur qui a déjà derrière lui un lourd passif de producteur de séries B. Le rapport avec le produit original se traduit par un détail scénaristique : le bâton, arme favorite du héros, revient ainsi de temps à temps pour rappeler aux cinéphiles avertis qu'on peut être un financier peu scrupuleux et rendre hommage à ses ainés. Avec The Payback, on repart donc de zéro pour voir Nick Prescott, un vétéran des Forces Spéciales, revenir dans le patelin où il a grandi afin de faire toute la lumière sur la mort de son paternel, shérif du comté. Aidé par un agent du FBI en jupon, il s'auto-proclame shérif sans que personne n'y trouve à redire, à l'exception des voyous qui ont buté son aïeul. Ce n'est pas vous enlever toute surprise que de vous dire que Prescott débarrassera la bourgade des malfaiteurs. Lone Justice reprend exactement là où The Payback s'était achevé, Prescott quittant le ranch familial pour s'installer à Dallas chez l'agent du FBI qui, entre-temps, est devenue sa compagne. La nouvelle vie du bouseux démarre plutôt mal, car à peine arrivé en ville il assiste au braquage d'une station-service, avant de se frotter à un vilain gang de Latinos qui poursuivent de leur vindicte la fliquette, témoin du massacre de ses collègues. Seul nom connu aux génériques, Kevin Sorbo fait plutôt bonne figure au premier plan de bastonnades mollement exécutées mais suffisamment nombreuses pour contenter l'amateur peu regardant. A noter une bonne bande-originale country.

Minotaur de Jonathan English avec Tony Todd et Rutger Hauer.

Une relecture du mythe de Thésée et le Minotaure que je me suis risqué à mâter pour la bonne et simple raison que le nom de mon pote Rutger Hauer figurait sur la jaquette. Je devais bien me douter qu'il n'y faisait qu'une apparition éclair, comme il en a pris l'habitude depuis déjà trop longtemps. Il a donc fallu me contenter d'une dizaine de minutes de son auguste présence, affublé d'une barbe orangée et vêtu de peaux de bêtes, dans le rôle du chef d'un village dont huit jeunes gens doivent être sacrifiés à la créature du titre. Son personnage prématurément évaporé, j'ai néanmoins entrepris de regarder le film jusqu'au bout, et bien m'en a pris car le résultat est loin d'être honteux. Point fort du métrage : l'apparence du Minotaure, éloignée de ce que j'imaginais mais néanmoins fort convaincante, association bien dosée de confections manuelles en latex et caoutchouc et de retouches numériques. Thésée est ici remplacé par un berger qui apprend d'un oracle lépreux (Ingrid Pitt couverte de pustules, mon Dieu !) que sa promise, sacrifiée à la bête, est toujours en vie dans le labyrinthe. Passons sur les défauts inhérents au film dit «de couloirs», avec des héros qui tournent en rond dans un décor statique éclairé à la torche, et sur l'interprétation laborieuse pour apprécier les attaques spectaculaires et sanglantes du Minotaure. C'est déjà pas si mal (quoiqu'un peu juste pour un film qui a dû coûter bonbon, si l'on en croît la masse de producteurs associés au projet)...

Outpost de Steve Barker avec Ray Stevenson.

Le bunker militaire a le vent en poupe, car après le bien-nommé Bunker, voici une autre histoire de soldats pris au piège de forces obscures dans un bunker désaffecté. Cette fois, cela se passe de nos jours quelque part en Europe de l'Est, où une escouade de mercenaires gueulards est engagée par un type pas net pour infiltrer un ancien repaire de Nazis dans l'espoir d'y dénicher un truc pas clair. Débutant de manière plutôt rigolote avec ses acteurs british tentant vainement, non sans grand renfort de jurons, d'imiter un accent étranger (celui avec l'accent africain déclenche instantanément l'hilarité), cette production écossaise d'assez bon calibre devient plus angoissante au fur et à mesure que les manifestations surnaturelles abondent. Certaines séquences sont de fait fort réussies, comme celle de l'apparition des assaillants dans les bois entourant le bunker, amplifiée par de savants jeux de lumière et de fumée. La tronche inexpressive d'un mystérieux type au crâne rasé, découvert vivant parmi un amoncellement de cadavres dénudés, provoque aussi son lot de frissons. Le bunker a donc de beaux jours devant lui...

Dead Mary de Robert Wilson avec Dominique Swain.

Dominique Swain n'a pas connu la suite de carrière escomptée après Lolita. Là voilà déjà obligée de cachetonner dans des produits bas de gamme. Ce Dead Mary commence pourtant sous de bons hospices : un groupe de jeunes gens plus supportables que la moyenne se réunit dans une maison de campagne le temps d'un week-end. Un soir ils trompent l'ennui en jouant à «Marie la morte», jeu stupide qui consiste à invoquer l'esprit d'une sorcière en prononçant trois fois son nom devant un miroir (Candyman n'est pas loin). Comme il faut bien que l'histoire décolle, les amis sont tour à tour victimes de morts violentes et irrationnelles, et les survivants se soupçonnent les uns les autres d'être possédés par l'esprit de la défunte. La scénario n'est guère élaboré, aucune explication n'est donnée quant à la tournure des évènements, et ce n'est pas là une astuce pour faire travailler l'intellect du spectateur mais plus simplement un oubli, ou bien un excès de fainéantise, de la part des scénaristes. En un mot, c'est chiant...

The Hunt for the BTK Killer de Stephen T.Kay avec Robert Forster & Gregg Henry.

Lassé d'en référer depuis des années aux mêmes tueurs célèbres, le marché de la vidéo s'est donc légitimement léché les babines lorsqu'en 2005 a surgit l'affaire Dennis Rader, du nom de ce tueur en série qui terrorisait Wichita depuis 1974 sous le nom de BTK (Bind, Torture, Kill). «Enfin du sang neuf !» se sont alors exclamés les producteurs malicieux. Mais avant que deux spécialistes du film ès-tueur en série, Uli Lommel et Michael Feifer, ne dévoilent leur vision sanglante des faits, c'est Stephen Kay, à qui l'on doit un remake vraiment lamentable de La loi du milieu avec un Stallone dans le pâté, qui coiffe tout le monde au poteau avec un produit somme toute bien sage car réalisé pour la télévision. Loin d'être racoleuse, cette fiction choisit une approche documentaire qui la rend fort attrayante, en particulier pour ceux qui, comme moi, n'ont pas préalablement connaissance des détails de l'enquête. Le film se concentre exclusivement sur les mois précédant l'arrestation de BTK, lorsque ce dernier, craignant qu'un écrivain ne lui vole son histoire, décide de sortir de sa tanière après des années d'inactivité. On dit souvent qu'interpréter un être malsain pousse les comédiens à se surpasser. La règle s'applique ici à Gregg Henry qui, derrière la moustache de Rader, assure la meilleure prestation de sa carrière.