lundi 27 juillet 2009

Salve de séries B en DVD

Une première fournée de brefs commentaires concernant les séries B ingurgitées ces dernières semaines.

Walking Tall : The Payback / Lone Justice
Mises simultanément en chantier selon une vieille recette commerciale qui a fait ses preuves (deux suites valent mieux qu'une), ces séquelles illégitimes d'un Walking Tall qui était déjà plus ou moins le remake d'un polar des années 70 (cf. l'article Walking Tall : la série TV avec Bo Svenson pour l'historique) sont produites par Andrew Stevens, ancien acteur qui a déjà derrière lui un lourd passif de producteur de séries B. Le rapport avec le produit original se traduit par un détail scénaristique : le bâton, arme favorite du héros, revient ainsi de temps à temps pour rappeler aux cinéphiles avertis qu'on peut être un financier peu scrupuleux et rendre hommage à ses ainés. Avec The Payback, on repart donc de zéro pour voir Nick Prescott, un vétéran des Forces Spéciales, revenir dans le patelin où il a grandi afin de faire toute la lumière sur la mort de son paternel, shérif du comté. Aidé par un agent du FBI en jupon, il s'auto-proclame shérif sans que personne n'y trouve à redire, à l'exception des voyous qui ont buté son aïeul. Ce n'est pas vous enlever toute surprise que de vous dire que Prescott débarrassera la bourgade des malfaiteurs. Lone Justice reprend exactement là où The Payback s'était achevé, Prescott quittant le ranch familial pour s'installer à Dallas chez l'agent du FBI qui, entre-temps, est devenue sa compagne. La nouvelle vie du bouseux démarre plutôt mal, car à peine arrivé en ville il assiste au braquage d'une station-service, avant de se frotter à un vilain gang de Latinos qui poursuivent de leur vindicte la fliquette, témoin du massacre de ses collègues. Seul nom connu aux génériques, Kevin Sorbo fait plutôt bonne figure au premier plan de bastonnades mollement exécutées mais suffisamment nombreuses pour contenter l'amateur peu regardant. A noter une bonne bande-originale country.

Minotaur de Jonathan English avec Tony Todd et Rutger Hauer.

Une relecture du mythe de Thésée et le Minotaure que je me suis risqué à mâter pour la bonne et simple raison que le nom de mon pote Rutger Hauer figurait sur la jaquette. Je devais bien me douter qu'il n'y faisait qu'une apparition éclair, comme il en a pris l'habitude depuis déjà trop longtemps. Il a donc fallu me contenter d'une dizaine de minutes de son auguste présence, affublé d'une barbe orangée et vêtu de peaux de bêtes, dans le rôle du chef d'un village dont huit jeunes gens doivent être sacrifiés à la créature du titre. Son personnage prématurément évaporé, j'ai néanmoins entrepris de regarder le film jusqu'au bout, et bien m'en a pris car le résultat est loin d'être honteux. Point fort du métrage : l'apparence du Minotaure, éloignée de ce que j'imaginais mais néanmoins fort convaincante, association bien dosée de confections manuelles en latex et caoutchouc et de retouches numériques. Thésée est ici remplacé par un berger qui apprend d'un oracle lépreux (Ingrid Pitt couverte de pustules, mon Dieu !) que sa promise, sacrifiée à la bête, est toujours en vie dans le labyrinthe. Passons sur les défauts inhérents au film dit «de couloirs», avec des héros qui tournent en rond dans un décor statique éclairé à la torche, et sur l'interprétation laborieuse pour apprécier les attaques spectaculaires et sanglantes du Minotaure. C'est déjà pas si mal (quoiqu'un peu juste pour un film qui a dû coûter bonbon, si l'on en croît la masse de producteurs associés au projet)...

Outpost de Steve Barker avec Ray Stevenson.

Le bunker militaire a le vent en poupe, car après le bien-nommé Bunker, voici une autre histoire de soldats pris au piège de forces obscures dans un bunker désaffecté. Cette fois, cela se passe de nos jours quelque part en Europe de l'Est, où une escouade de mercenaires gueulards est engagée par un type pas net pour infiltrer un ancien repaire de Nazis dans l'espoir d'y dénicher un truc pas clair. Débutant de manière plutôt rigolote avec ses acteurs british tentant vainement, non sans grand renfort de jurons, d'imiter un accent étranger (celui avec l'accent africain déclenche instantanément l'hilarité), cette production écossaise d'assez bon calibre devient plus angoissante au fur et à mesure que les manifestations surnaturelles abondent. Certaines séquences sont de fait fort réussies, comme celle de l'apparition des assaillants dans les bois entourant le bunker, amplifiée par de savants jeux de lumière et de fumée. La tronche inexpressive d'un mystérieux type au crâne rasé, découvert vivant parmi un amoncellement de cadavres dénudés, provoque aussi son lot de frissons. Le bunker a donc de beaux jours devant lui...

Dead Mary de Robert Wilson avec Dominique Swain.

Dominique Swain n'a pas connu la suite de carrière escomptée après Lolita. Là voilà déjà obligée de cachetonner dans des produits bas de gamme. Ce Dead Mary commence pourtant sous de bons hospices : un groupe de jeunes gens plus supportables que la moyenne se réunit dans une maison de campagne le temps d'un week-end. Un soir ils trompent l'ennui en jouant à «Marie la morte», jeu stupide qui consiste à invoquer l'esprit d'une sorcière en prononçant trois fois son nom devant un miroir (Candyman n'est pas loin). Comme il faut bien que l'histoire décolle, les amis sont tour à tour victimes de morts violentes et irrationnelles, et les survivants se soupçonnent les uns les autres d'être possédés par l'esprit de la défunte. La scénario n'est guère élaboré, aucune explication n'est donnée quant à la tournure des évènements, et ce n'est pas là une astuce pour faire travailler l'intellect du spectateur mais plus simplement un oubli, ou bien un excès de fainéantise, de la part des scénaristes. En un mot, c'est chiant...

The Hunt for the BTK Killer de Stephen T.Kay avec Robert Forster & Gregg Henry.

Lassé d'en référer depuis des années aux mêmes tueurs célèbres, le marché de la vidéo s'est donc légitimement léché les babines lorsqu'en 2005 a surgit l'affaire Dennis Rader, du nom de ce tueur en série qui terrorisait Wichita depuis 1974 sous le nom de BTK (Bind, Torture, Kill). «Enfin du sang neuf !» se sont alors exclamés les producteurs malicieux. Mais avant que deux spécialistes du film ès-tueur en série, Uli Lommel et Michael Feifer, ne dévoilent leur vision sanglante des faits, c'est Stephen Kay, à qui l'on doit un remake vraiment lamentable de La loi du milieu avec un Stallone dans le pâté, qui coiffe tout le monde au poteau avec un produit somme toute bien sage car réalisé pour la télévision. Loin d'être racoleuse, cette fiction choisit une approche documentaire qui la rend fort attrayante, en particulier pour ceux qui, comme moi, n'ont pas préalablement connaissance des détails de l'enquête. Le film se concentre exclusivement sur les mois précédant l'arrestation de BTK, lorsque ce dernier, craignant qu'un écrivain ne lui vole son histoire, décide de sortir de sa tanière après des années d'inactivité. On dit souvent qu'interpréter un être malsain pousse les comédiens à se surpasser. La règle s'applique ici à Gregg Henry qui, derrière la moustache de Rader, assure la meilleure prestation de sa carrière.

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