samedi 19 avril 2008

Requiem pour nos beaux fanzines d'antan

La disparition (temporaire ?) des trois meilleurs fanzines de ces dix dernières années (Le Bissophile, Médusa, Trash Times) et la fermeture définitive du site vhs-survivors.com, incontournable base de donnée de toute l’édition VHS, ont porté un coup au moral des dévoreurs de films d’exploitation, à une période où ce cinéma des profondeurs suscite pourtant un intérêt croissant chez les jeunes générations. Y survivrons-nous ?

Où sont-ils donc passés, nos beaux fanzines d’antan ? Certes le « fanzinat » n’est pas mort, l’ami Norbert Moutier propose bien à intervalles irréguliers quelques nouveaux Monster Bis (dont un sur la vedette américaine de série B Rod Cameron) et en réédite certains, le site de l’association Sin’Art offre bien un panel de publications intéressantes (Cinétrange, Les Monstres de la Nuit), mais avouons quand même qu’il subsiste un manque. La disparition quasi-simultanée de trois fanzines incontournables a laissé un vide immense qu’il paraît difficile à combler. Après quinze années d’un travail d’exhumation acharné, Didier Lefèvre a jeté l’éponge après un ultime vingt-deuxième numéro de Médusa, auquel j’ai eu l’infime honneur de collaborer. « Des problèmes personnels » selon une lettre publiée sur le site du fanzine, medusafanzine.free.fr, site que l’on espérait voir se développer mais qui n’est plus maintenu depuis presque deux ans.

Son compère Rodolphe Laurent ne fait plus parler de lui non plus. Quelle tristesse ! Son Bissophile, qui s’est interrompu après un sixième numéro annonçant pourtant la parution d’un septième tome exceptionnel en 2007 et dont on est toujours sans nouvelle, était probablement le fanzine le plus étoffé qu’il m’ait été donné de lire au cours de ces dernières années. Eructant sa haine d’un 21ème siècle promis au progrès informatique au détriment d’un vrai cinoche artisanal, éclaboussant le politiquement correct par des commentaires assassins sur tout et n’importe quoi, Rodolphe Laurent faisait surtout montre d’une érudition indescriptible en matière de cinéma d’exploitation, que seuls Jean-Pierre Putters ou Christophe Lemaire semblaient en mesure d’égaler. Véritable archéologue du « bis », le gugusse s’était même lancé dans l’élaboration d’une sorte d’Argus de la vidéo, allouant une côte de rareté aux éditions VHS et permettant ainsi aux chineurs de mon espèce d’évaluer la valeur marchande de leur collection. Conscients de la qualité de leurs entreprises respectives, les compères Lefèvre et Laurent écrivaient fréquemment l’un pour l’autre, parfois épaulés par Jean-Sébastien Gaboury, lui aussi détenteur de son propre fanzine, Le Charognard, autre publication de grande qualité, plus régulière car moins épaisse, dont le numéro 5 est sorti en juillet 2007.

Autre fer de lance du « fanzinat » francophone qui a brusquement cessé d’émettre sans plus d’explication, la revue Trash Times, menée depuis la Gironde par un certain Guillaume Richard, avait l’étoffe d’une publication semi-professionnelle, grâce à un travail d’infographie et de mise en page rigoureux. Un quatorzième numéro sorti au cours de l’été 2005, consacré à « l’érosvastika » (film de « nazisploitation » mâtiné d’érotisme) et à l’œuvre de Jean-Marie Pallardy, a semble-t-il sonné le glas d’un fanzine qui, à la différence de Médusa et du Bissophile, rechignait moins à traiter de l’actualité DVD.

Enfin, on peut affirmer sans risque aujourd’hui que le site vhs-survivors.com n’est plus. Ce que de nombreux internautes redoutaient à longueur de forums ne semble plus faire aucun doute, après des mois de recherches pour tenter de retrouver une trace sur le Web de ce site exceptionnel, subitement disparu sans que son administrateur ne daigne donner un semblant d’explication aux centaines de collectionneurs venus alimenter au fil des années ce qui constituait la plus grande base de données de l’édition vidéo francophone. Une grande perte pour l’amateur de raretés, comme le fut avant cela l’interruption du site secondscouteaux.com.

1 commentaire:

XO-FEROX a dit…

Trash Times n'est pas mort. Son fanéditeur a décidé de faire un break après le 14ème numéro, histoire de concilier vie sociale et professionnelle. Pour autant il n'a jamais abandonné ses activités. Une association a été créée en 2008 afin de relancer la machine, et sont annoncés pour les prochains mois un nouveau site et le 15ème numéro du fanzine (www.trashtimes.com).
Quant à Médusa, un numéro "ultime" est prévu pour la rentrée.