samedi 19 avril 2008

Chefs d'oeuvres immontrés du cinéma Bis italien


On les a tant attendues… Ces pièces maîtresses du cinéma d’exploitation italien qui, en dépit de leur réputation, n’ont jamais été diffusées en France, sauf à la télévision ou dans quelques festivals. Elles ne sont pas sorties en salles au moment de leur création, la VHS ne leur pas données une seconde chance et le DVD, déjà menacé dans sa suprématie par un nouveau support, ne s’est pas montré plus réceptif aux appels de centaines d’amateurs désespérés de pouvoir voir un jour ces œuvres maudites. Alors nous voilà contraints de nous tourner vers l’import, là où des copies existent dans le commerce. Petite sélection de ces chefs d’œuvres que l’on refuse toujours de nous montrer par ici…

Loin de moi l’idée d’émettre un quelconque commentaire sur des films que l’on a beaucoup analysé par ailleurs. Je tiens simplement, par le présent article, à rappeler au cinéphile que certains films, bien qu’introuvables sur les étagères dans nos grandes enseignes, méritent d’être vus et qu’il existe un moyen de les voir. L’œuvre de Mario Bava, qui a toutefois tardé à sortir de l’ornière du cinéma d’exploitation pour se voir encensée par la «haute presse» (Les Cahiers…), a toujours bénéficié d’une visibilité et d’une audience assez larges. Un film du maître reste pourtant inexorablement inédit chez nous : Les chiens enragés, road movie carnassier (ou bien huis clos autoroutier), où trois fous furieux en cavale prennent en otage une jeune femme et un père de famille. Jamais sorti en salles, jamais distribué en VHS ni en DVD, seuls les abonnés du câble et de Canal+ ont eu jusqu’à présent la chance d’apprécier le mystérieux objet. Pour l’anecdote, je me souviens avoir été aux premières loges lorsque l’excellent Jean-Pierre Dionnet avait programmé le film dans son "Cinéma de Quartier" un matin de janvier 1999. Mais terrible époque que celle-ci où, encore adolescent, j’étais soumis au regard bienveillant de parents soucieux de ne point laisser mon âme innocente pervertie par des images nauséeuses. Et, au moment où survint le meurtre d’une passagère trop bavarde, un poignard profondément enfoncé dans le gosier, ma mère me somma de changer de chaîne. J’ai survécu huit années sans connaître le fin mot de l’histoire. Jusqu’au jour où j’appris que de braves personnes avaient entrepris, en Allemagne puis aux États-Unis, d’éditer la chose en DVD. Sitôt que j’en ai eu l’occasion, j’ai acquis le DVD américain d’Anchor Bay (visuel ci-dessus sous le titre Kidnapped).

Le cinéma d’exploitation italien fut, on le sait, extrêmement prolifique. Encore aujourd’hui, il ne se passe pas un jour sans que l’on exhume un inédit de derrière les fagots. Voilà d’ailleurs sans doute ce qui plait tant à certains amateurs : l’assurance de perpétuelles découvertes. Ruggero Deodato et Fernando Di Leo, deux des plus illustres ambassadeurs de cet "under cinema" ont aussi connu les honneurs de multiples éditions françaises de leurs succès, sans que leur riche filmographie ne soit pourtant complètement explorée. Les attentes concernant le support DVD, que l’on voyait déjà remédier aux frustrations laissées par la disparition de la VHS, ont été longues à combler. Et encore, ce n’est pas de ce côté-ci des Alpes que la divine surprise est arrivée. En effet, c’est RaroVidéo, l’un des rares éditeurs italiens à prendre l’acheteur étranger en pitié (en ce sens qu’il propose systématiquement un sous-titrage en anglais) qui est venu récompenser enfin notre patience en sortant Avere vent’anni de Di Leo et Live Like a Cop, Die Like a Man de Deodato. En collaboration avec la légendaire revue Nocturno, RaroVidéo a édité ces deux films dans une collection qui met l’eau à la bouche, "Il cinema segreto italiano", assortis d’autres titres alléchants dont il serait fastidieux de dresser une liste céans.

Réputé pour un épilogue d’une cruauté sans égal, Avere vent’anni ("avoir vingt ans") est un pur produit des années 70, empli d’un discours libertaire et d’un érotisme à la fois candide et crû, aux limites de la pornographie (frontières déjà explorées par Di Leo dans Les insatisfaites poupées érotiques). Quant au premier film de Deodato, il s’agit d’un pur polar rital, brutal et amoral, qui n’aurait sans doute pas permis au cinéaste, s’il n’avait su jouer d’opportunisme dans le genre horrifique quelques années après, de sortir de la masse des honnêtes artisans du cinéma populaire. On a toutefois du mal à comprendre aujourd’hui comment un tel film reste toujours invisible chez nous, malgré la présence en tête d’affiche de notre Marc Porel national.

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