A l'occasion de la récente sortie du Sadique chez Le Chat qui fume, nous revenons plus en détails sur ce chef-d'œuvre du film d'exploitation, dont le caractère obscure et mystérieux s'est accentué au fil des années.
Dès 1960 aux Etats-Unis, certains cinéastes profitent de l’affaiblissement progressif du Code Hays (officiellement en vigueur jusqu’en 1966) pour prendre davantage de liberté avec la représentation de la violence physique au cinéma. En cette noble année 1963, Blood Feast de Herschell Gordon Lewis signe l’acte de naissance du cinéma gore. Un film étonnant qui prend pied dans une petite bourgade du Midwest où un illuminé égyptien se livre à des sévices sur des jeunes femmes. Le décor propret, les tenues vestimentaires sobres, le langage démodé, l’intonation théâtrale des comédiens, toutes les caractéristiques du film américain contemporain des années 50 sont réunies. L’irruption soudaine des effets sanglants dans cet univers «à la Douglas Sirk» qui ne s’y prête absolument pas, reste pour nous aujourd’hui la vraie curiosité du film. En cette noble année 63, un trublion du nom de James Landis réalise une œuvre aux caractéristiques identiques (le noir et blanc en plus), entachée cette fois non pas par le gore mais par le sadisme. Un trio d’instituteurs aux mœurs irréprochables se rend à Los Angeles pour assister à un match de football. Leur voiture tombe en panne devant une casse automobile, où se sont réfugiés un désaxé notoire, Charlie Tibbs, et sa petite amie. Commence dès lors un long calvaire pour les trois honnêtes citoyens, soumis à la cruauté gratuite de Tibbs. Le titre, The Sadist, annonce la couleur. Le héros, c’est lui. Personnalisé par Arch Hall, Jr., éphémère vedette du teen movie des années 60 (vu aussi chez Ray Dennis Steckler), Charlie Tibbs est sans doute l’une des plus remarquables incarnations du sadique sur pellicule. Le regard vicelard malgré un visage poupon, la démarche paysanne, le verbe rare et brutal, Tibbs a tout du fou furieux dénué de sentiment. Il est celui dont on ignore ou dont on feint d’ignorer l’existence, il est le visage noir de l’Amérique blanche et civilisée. Plus de quarante ans après, ce sadique-là paraît aujourd’hui bien inoffensif. Mais tout de même : un vieil homme abattu de sang froid, les cadavres d’un couple pourrissant au soleil, deux policiers grillés, de multiples brutalités corporelles, le tout en extérieur, dans un décor unique. Une sorte de «huis clos en plein air» où, en l’absence de tout raccord à la civilisation (hormis un poste de radio qui retransmet le match de football, amplifiant un peu plus le caractère sadique de la situation), les bons et les méchants laissent exploser leur animalité. Est-ce un hasard si la réussite de l’œuvre tient d’abord à l’efficace exploitation de la lumière, quand on constate que le chef opérateur n’est autre que Vilmos Zsigmond, "oscarisé" pour Voyage au bout de l’enfer ? Dans sa géniale anthologie du film d'exploitation pour adolescents, ironiquement intitulée The I Was A Teenage Juvenile Delinquent Rock'N'Roll Horror Beach Party Movie Book (j'y reviendrai un de ces jours), Alan Betrock écrit à propos de The Sadist : "Un autre coup de maître de Arch Hall, Jr., cette fois-ci au sujet de jeunes psychopathes terrorisant des enseignants pris au piège. Il y a des meurtres, des coups de feu, une terreur chargée d'émotion, et une mort surprenante avec des crotales - prends-toi ça, Steven Spielberg !" Il ne croit pas si bien dire...
Dès 1960 aux Etats-Unis, certains cinéastes profitent de l’affaiblissement progressif du Code Hays (officiellement en vigueur jusqu’en 1966) pour prendre davantage de liberté avec la représentation de la violence physique au cinéma. En cette noble année 1963, Blood Feast de Herschell Gordon Lewis signe l’acte de naissance du cinéma gore. Un film étonnant qui prend pied dans une petite bourgade du Midwest où un illuminé égyptien se livre à des sévices sur des jeunes femmes. Le décor propret, les tenues vestimentaires sobres, le langage démodé, l’intonation théâtrale des comédiens, toutes les caractéristiques du film américain contemporain des années 50 sont réunies. L’irruption soudaine des effets sanglants dans cet univers «à la Douglas Sirk» qui ne s’y prête absolument pas, reste pour nous aujourd’hui la vraie curiosité du film. En cette noble année 63, un trublion du nom de James Landis réalise une œuvre aux caractéristiques identiques (le noir et blanc en plus), entachée cette fois non pas par le gore mais par le sadisme. Un trio d’instituteurs aux mœurs irréprochables se rend à Los Angeles pour assister à un match de football. Leur voiture tombe en panne devant une casse automobile, où se sont réfugiés un désaxé notoire, Charlie Tibbs, et sa petite amie. Commence dès lors un long calvaire pour les trois honnêtes citoyens, soumis à la cruauté gratuite de Tibbs. Le titre, The Sadist, annonce la couleur. Le héros, c’est lui. Personnalisé par Arch Hall, Jr., éphémère vedette du teen movie des années 60 (vu aussi chez Ray Dennis Steckler), Charlie Tibbs est sans doute l’une des plus remarquables incarnations du sadique sur pellicule. Le regard vicelard malgré un visage poupon, la démarche paysanne, le verbe rare et brutal, Tibbs a tout du fou furieux dénué de sentiment. Il est celui dont on ignore ou dont on feint d’ignorer l’existence, il est le visage noir de l’Amérique blanche et civilisée. Plus de quarante ans après, ce sadique-là paraît aujourd’hui bien inoffensif. Mais tout de même : un vieil homme abattu de sang froid, les cadavres d’un couple pourrissant au soleil, deux policiers grillés, de multiples brutalités corporelles, le tout en extérieur, dans un décor unique. Une sorte de «huis clos en plein air» où, en l’absence de tout raccord à la civilisation (hormis un poste de radio qui retransmet le match de football, amplifiant un peu plus le caractère sadique de la situation), les bons et les méchants laissent exploser leur animalité. Est-ce un hasard si la réussite de l’œuvre tient d’abord à l’efficace exploitation de la lumière, quand on constate que le chef opérateur n’est autre que Vilmos Zsigmond, "oscarisé" pour Voyage au bout de l’enfer ? Dans sa géniale anthologie du film d'exploitation pour adolescents, ironiquement intitulée The I Was A Teenage Juvenile Delinquent Rock'N'Roll Horror Beach Party Movie Book (j'y reviendrai un de ces jours), Alan Betrock écrit à propos de The Sadist : "Un autre coup de maître de Arch Hall, Jr., cette fois-ci au sujet de jeunes psychopathes terrorisant des enseignants pris au piège. Il y a des meurtres, des coups de feu, une terreur chargée d'émotion, et une mort surprenante avec des crotales - prends-toi ça, Steven Spielberg !" Il ne croit pas si bien dire...
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