Chose peu banale : j'avais fréquenté l'année dernière un petit festival du film fantastique dont le meilleur film était une comédie romantique, sans la moindre goutte de sang, sans vulgarité ni quoi que ce soit de déviant. Ça s’appellait Zombie Prom et j'attend toujours une sortie en DVD chez nous. Dans un format court de 50 minutes, le réalisateur Vince Marcello, "mentored by Wes Craven" comme l’indique le générique, signe une parodie irrésistible de Grease, racontée sur le mode de la bande dessinée (montage alternant vignettes de BD et séquences filmées). Désespéré d’avoir été repoussé par sa dulcinée, un idiot se jette dans une cuve d’acide et revient sous forme de zombi au teint couleur purée d’avocat. Reconstitution appliquée des années rock’n’roll, chorégraphies et chansons noyées dans le rétro caramélisé (comme, en son temps, le Cry Baby de John Waters), interprétation caricaturale d’où émerge le chanteur travesti RuPaul en directrice de lycée, Zombie Prom est l’exemple idéal du film réalisé avec sérieux mais qui ne se prend pas au sérieux ! Il serait tant qu'un éditeur se penche sérieusement sur son cas.
lundi 28 avril 2008
vendredi 25 avril 2008
De la fin des filières cinéma à l'université
Le gouvernement prévoit la suppression de 11000 postes d'enseignants. Ce grand nettoyage dans la nébuleuse complexe de l'Education Nationale m'amène à évoquer le cas des filières artistiques dans les universités, laissez-passer pour une inscription illico presto à l'ANPE, et plus particulièrement celui des filières "cinéma-audiovisuel". Je suis bien placé pour en parler, j'ai moi-même l'infime "privilège" d'être titulaire d'une maîtrise de recherche en cinéma-audiovisuel. Cet obscur diplôme n'indique pour réelles compétences qu'une improbable aptitude à rédiger un "mémoire". En ce qui me concerne, cela n'est resté qu'à l'état de "pré-mémoire" car, conscient de l'inutilité de telles études sur le marché de l'emploi, j'ai entrepris de faire autre chose. Osons le dire sans ambage : ces facultés de lettres sont peuplées de futurs chômeurs. Si nous raisonnons de manière logique, le parcours scolaire menant jusqu'au Baccalauréat doit permettre à l'élève de se constituer une solide culture générale, doublée d'aptitudes pour telles ou telles disciplines. L'après-Bac devrait être réservé à la professionnalisation de l'étudiant, car en théorie ce dernier doit pouvoir quitter ses études supérieures non plus avec des aptitudes mais avec des compétences. Hélas cela ne se déroule pas ainsi. La faute à la profusion de filières et de diplômes inutiles qui encombrent les plaquettes de nos universités et abusent de la crédulité et des ambitions des bâcheliers. Car l'aspirant étudiant, d'où qu'il vienne, raisonne de la sorte : "Pendant mes années de collège et de lycée, j'ai subi des matières qui ne me plaisaient pas, il est donc tant de faire enfin ce qu'il me plait". Raisonnement compréhensible. L'ennui, c'est que les passionnés de physique, d'électronique ou d'informatique ne sont pas légion. C'est bien connu, le jeune n'a souvent qu'un rêve : être un artiste. Alors, appâté par des diplômes au nom alléchant, il s'engage. Dans une licence de lettres classiques ou de philosophie, dans un master d'anglais ou de "lettres et art". Jusqu'à ce qu'il se rende compte que, sur le marché de l'emploi, ces diplômes ne valent rien. Que faire avec un master de lettres classiques quand on est incapable de maîtriser l'outil informatique ? Que faire avec une licence de philosophie quand on ne connaît rien au droit civil ? Comment faire valoir un master d'anglais quand on ne dispose d'aucune compétence en économie ou en commerce ? La vérité, c'est qu'il n'est plus envisageable de nos jours de raisonner exclusivement en termes d'affinités ou de plaisir lorsque l'on s'engage dans des études supérieures. Il faut penser : "Quel intérêt pour l'économie du futur" ? Ceux qui ne se sont pas posés cette question frappent aujourd'hui aux portes des agences d'intérim, malgré un niveau d'études plus que satisfaisant et une culture générale sans doute fort étendue. La vérité, c'est que nos universités sont remplies de filières génératrices de chômage. La solution, c'est de les supprimer, ou bien de conserver quelques cours en option, inclus dans des filières plus rentrables sur le marché de l'emploi. J'en viendrai, au terme de cette réflexion, à fustiger avec virulence les filières cinéma des universités, tenues par des professeurs imbus de leur personne et convaincus de détenir la vérité vraie parce qu'ils ont un jour publié un essai quelconque criblé de références à Bazin, Mitry et autre Deleuze. Des professeurs qui oublient un peu vite que les malheureux subissant leur propagande "coco-démago" n'ont qu'une seule et unique motivation : la passion du Septième Art. Le kärcher ne devrait pas servir qu'à nettoyer les banlieues, nos chères facultés auraient aussi besoin d'une campagne de dégraissage...
jeudi 24 avril 2008
Enfin un portail Internet pour Monster Bis
Norbert Moutier me l'avait laissé entendre lors de ma dernière visite à la boutique BD Ciné de la rue Pierre Sémard à Paris, il s'apprêtait à disposer d'une vitrine sur Internet ainsi que d'une adresse électronique. Cela semble être désormais chose faîte. Sur le site ci-joint sont répertoriés l'intégrale de la collection de fanzines Monster Bis, dont les dernières nouveautés (dédiées à Rod Cameron et la pin-up allemande Barbara Valentin) et les quelques numéros de la revue Fantastyka encore disponibles. Pour écrire à Norbert Moutier, l'adresse est la suivante : norbert.moutier@free.fr
mercredi 23 avril 2008
Mondo Macabro lorgne vers l'Asie
La présentation, au prochain festival Mauvais Genre de Tours, d'un film d'horreur pakistanais distribué par la maison Mondo Macabro, nous donne l'occasion de faire le point sur l'actualité de cet excellent éditeur DVD britannique, fondé par Pete Tombs, par ailleurs co-auteur d'ouvrages fort recommendables sur le cinéma d'exploitation européen. Francophile de la première heure, Tombs est l'initiateur de sublimes éditions des Week-ends maléfiques du Comte Zaroff de Michel Lemoine (qu'il a interviewé pour l'occasion, nous permettant ainsi de voir à quoi ressemble désormais l'ami Lemoine), de Ne nous délivrez pas du mal de Joël Seria et de La rose écorchée de Claude Mulot, trois chefs-d'oeuvres qui, soit dit en passant, n'ont toujours pas fait l'objet d'une édition française. Depuis quelques temps, Mondo Macabro, apprécié des amateurs pour son catalogue à forte teneur en bis (au hasard, Le moulin des supplices de Giorgio Ferroni), semble délaisser l'Europe pour des contrées asiatiques moins explorées, comme la Turquie ou l'Indonésie. Justement, la dernière nouveauté de Mondo Macabro est un film indonésien de 1979, The Queen of the Black Magic, typique de ce que l'ancienne colonie hollandaise produisait en ce temps-là, inspirée par les légendes et supersitions locales. Il n'est pas impossible que ce film ait déjà fait l'objet d'une duplication VHS chez nous, à l'image d'un cinéma populaire indonésien massivement distribué par nos chers éditeurs du temps jadis.
A court de thunes, Ittenbach compte sur ses fans
Réalisateur de quelques bandes répugnantes (Premutos, The Burning Moon), l'Allemand Olaf Ittenbach, issu de l'école teutonne du "hard-gore" initiée par Jorg Buttgereit (Nekromantik), connaît semble-t-il quelques difficultés à réunir la somme nécessaire au financement de son nouveau projet, une aventure médiévale au fort pourcentage de sang et de tripes baptisée Legend of Hell. Aussi invite-t-il ses admirateurs à participer à la production du film, en échange d'un DVD dédidacé assorti d'autres cadeaux si le montant de la souscription est supérieur à 50 euro. C'est le site de l'association Sin'Art qui se fait le relais de cette initiative originale. Un formulaire est directement accessible à partir du site (ici).
lundi 21 avril 2008
Un doc sur Fourniret chez Bach Films
Curieuse initiative de l'éditeur Bach Films, spécialiste des films libres de droits, qui sort un documentaire sur l'affaire Michel Fourniret, du nom de cet abominable tueur en série jugé en ce moment même avec sa compagne Monique Olivier. Il s'agirait d'un documentaire réalisé pour la télévision belge, enrichi de nombreux suppléments, dont une série d'entretiens menés par le dégarni Stéphane Bourgoin, auteur d'une multitude d'ouvrages sur les tueurs en série (dont Les serial killers sont parmi nous, Ed. Albin Michel). Espérons, au vu du sujet délicat, que les entretiens seront un peu mieux foutus que ceux réalisés avec Bourgoin dans le cadre de la collection "Serial Polar", filmés en contre-jour et bourrés de faux-raccords.
Bloody Current Exchange court les festivals
L'excellent court-métrage de Romain Basset Bloody Current Exchange, avec Philippe Nahon, sera présenté en compétition au festival Mauvais Genre de Tours les 8, 9 et 10 mai prochains. Comme je l'avais déjà dit dans mon compte-rendu du festival "Weed-End de la Peur" de Montauroux (à lire sur le site de La Boite à Films), où le film avait déjà été projeté en août dernier, Bloody Current Exclange présente une vraie qualité esthétique, que certains ont pu apprécier en bonus du DVD de Pervert. Tourné dans l'urgence en une seule nuit, il fait pourtant montre d'un travail photographique tout a fait remarquable, la couleur du sang (conçue par le maquilleur qui monte, David Scherer) évoquant par moments le giallo. Une mise en scène astucieusement statique (pas d'effets de caméra grandiloquents) permet de goûter durablement une image chaude et pure. Quant à la présence massive du génial Nahon, elle obstrue certes souvent l'espace filmique mais donne surtout corps à un scénario qui ne tient pas à grand chose, sinon à une relecture intéressante du mythe de la Belle et la Bête, qui ici ne sont pas forcément ceux que l'on croit : la tueuse d'hommes face au vampire, et l'échange de fluides sanglants (traduction littérale du titre) qui s'opère entre eux. Le court du sieur Basset poursuit donc sa tournée des festivals, et ce n'est que justice. Aux dernières nouvelles, le jeune Nancéien préparait un nouveau film, toujours avec Philippe Nahon.
dimanche 20 avril 2008
La tentation du cinéma humanitaire en Roumanie
Mon dernier séjour en Roumanie m'a donné l'occasion de découvrir deux documentaires de 2007 à vocation "humanitaire", c'est-à-dire destinés à faire prendre conscience au spectateur de la condition misérable de ses semblables. A ce sujet, la Roumanie reste une aire d'expérimentation tentante pour d'apprentis cinéastes en quête de sujets forts, de par sa proximité géographique et culturelle avec l'Occident et le cortège de clichés que cette partie du Vieux Continent ne cesse de véhiculer depuis des années. L'un des films jouit déjà d'une certaine notoriété, il s'agit de Stella de Vanina Vignal, qui décrit avec force empathie le quotidien pénible d'une quinquagénaire roumaine vivant avec son mari dans un camp de fortune en Seine-Saint-Denis et mendiant sur les marches de la station Oberkampf à Paris. La réalisatrice ne parvient pas à contourner l'écueil de la compassion face à la souffrance de ses personnages, éludant par conséquence de nombreuses interrogations qui auraient mérité quelques réponses. Malade, Stella mendie pendant que son mari reste "à la maison". Un relent de tradition machiste importé des Carpathes ? Comment Stella ose-t-elle se plaindre du délai d'obtention d'un dentier neuf alors que ces soins lui sont prodigués gratuitement ? Jamais les protagonistes ne sont mis face à leurs contradictions. Nous savons la France encombrée d'âmes charitables pétries de pitié et soucieuses de venir en aide à des populations qui n'en demandent pas tant, voilà sans doute pourquoi Stella le film a récolté une multitude de prix çà et là et bénéficié d'une diffusion sur Arte.
Plus méritoire est Casa Mia, film de fin d'études d'une jeune absolvante de l'Ecole du Documentaire de Bolzano (Italie), portraits croisés de deux jeunes orphelins de Bucarest pris en charge par la fondation Parada, estimable institution qui prône l'insertion des enfants des rues par le cirque et le théâtre. La réalisatrice Debora Scaperrotta filme ses protagonistes avec pudeur, parvient à les faire s'exprimer sur des sujets douloureux (la famille, la rue, la drogue) et à capter une émotion. Lorsque l'on connaît le caractère extrêmement sauvage de ces gamins très tôt désociabilisés, on ne peut que louer ce petit miracle. Pour l'anecdote, au début de l'année, au moment de collaborer à un reportage sur la fondation Parada pour la chaîne France 24, j'ai eu la surprise de retrouver Alex, l'un des deux bambins, dont l'appétit de vivre semblait avoir décuplé. A ma connaissance, Casa Mia n'a pas reçu de visa d'exploitation, mais un DVD artisanal muni de sous-titres en anglais, en allemand et en italien est disponible (c'est comme cela que j'ai pu voir le film). Pour se le procurer, il convient de s'adresser soit à l'école de Bolzano, propriétaire des droits (Zelig, Scuola di documentario, televisione e nuovi media) soit à la fondation Parada à Bucarest, qui dispose de quelques exemplaires.
Disparition du chanteur Jean-Noël Dupré
Le chanteur Jean-Noël Dupré s'est éteint le 21 mars dernier à l'âge de 61 ans. C'est la webradio Bide & Musique, dont il était devenu l'une des mascottes, qui a annoncé la triste nouvelle. Jean-Noël Dupré, pince-sans-rire dégingandé, s'était fait connaître au cours des années 70 avec des mélodies sympathiques telles que After Shave, ça me rappelle les vacances et des reprises très personnelles de Y a d'la joie de Trenet et Arrête, arrête (ne me touche pas) de Patricia Carli. Eclipsé de la scène musicale pendant presque vingt ans, la webradio Bide & Musique l'avait remis au goût du jour, notamment avec la chanson La vie passionnée d'un chanteur de bal, qui tourne en dérision l'existence morne de petits artistes contraints de courir le cachet dans des fêtes populaires. Beaucoup d'entre nous ont découvert cet artiste oublié dans les grilles de programmation de Bide & Musique, d'autres se sont souvenus de lui, si bien que Jean-Noël Dupré avait fini par se reconstituer un petit public d'aficionados. Aux dernières nouvelles, il préparait un nouvel album.
La Terza Madre : Dario Argento n'y arrive plus
«Tirez sur l’ambulance !» C’est un peu le mot d’ordre que se donnent depuis plus d’une quinzaine d’années les critiques de tout poil lorsqu’il s’agit de parler du dernier film de Dario Argento. La gloire du maestro est bel et bien derrière lui, nul ne peut dire le contraire. Pourtant, celui qui a donné au giallo ses lettres de noblesse s’acharne malgré tout à poursuivre dans un schéma visuel qui est vraisemblablement passé de mode. A la différence d’un Romero et à l’instar d’un Hooper, Argento ne parvient pas à s’adapter à l’époque actuelle, à admettre que le regard du spectateur a changé, que ce qui était concevable il y a trente ou quarante ans ne l’est plus aujourd’hui. Les pires échos circulaient sur le compte de La Terza Madre, dernier opus de la Trilogie des Mères que le cinéaste romain désespérait de pouvoir mettre un jour en chantier. Si j’ai mal digéré les injustes quolibets adressés à sa version grand-guignolesque du Fantôme de l’Opéra et à Non Ho Sonno (Le sang des innocents en VF), je dois bien avouer que les insultes lancées contre La Terza Madre sont hélas justifiées. Seul la profusion d’effets gore particulièrement outranciers rend cette dernière tentative à peine supérieure au médiocre Il Cartaio, pathétique thriller pour grands-mères où plus rien déjà ne subsistait du style autrefois flamboyant du réalisateur de Profondo Rosso. Le lien avec les deux premiers volets de la trilogie, Suspiria et Inferno, est assuré via l’évocation de Suzy Bannion, l’héroïne de Suspiria, l’allusion aux précédents méfaits de Mater Suspiriorum et Mater Tenebrarum à Fribourg et à New York et la présence du magnétique Udo Kier en prêtre, comme un écho à son personnage de spécialiste des sciences occultes dans Suspiria. Ce que l’on retiendra de ce dernier volet, c’est d’abord un scénario dénué de subtilité, co-écrit par les deux scénaristes vedettes de la firme Nu Image (Jace Anderson et Adam Gierasch), où il suffit d’ouvrir une urne découverte à proximité d’un cimetière pour libérer le Mal. Ce Mal, c’est Mater Lacrimarum, la Mère des Larmes, qu’Argento choisit de représenter en succube sexy régnant du fond des catacombes sur des disciples débiles qu’elle disperse dans les rues de Rome. On retiendra les apparitions proprement ridicules de Daria Nicolodi en ectoplasme et la prestation guère convaincante d’Asia Argento. Et l’on retiendra bien entendu la tripaille, les tonnes de boyaux et les hectolitres de sang, seuls véritables attraits du film. A ce titre, la première séquence montrant une jeune femme étranglée par ses propres intestins est à mettre à l’actif du produit, de mêmes que les nombreuses gorges béantes et la mise à mort du prêtre, le crâne déchiqueté à coups de hachoir. Je n’épiloguerai point davantage, préférant vous renvoyer à l’excellent commentaire de Ronan Le Treste sur le blog Cinecri. A peine remis de l’accueil glacial de La Terza Madre, Dario s’est d’ores et déjà engagé dans un autre projet, le bien nommé Giallo, qui a connu une première mésaventure avec le départ de Vincent Gallo, peu enthousiaste à l’idée de retrouver Asia l’hystérique (qu’il avait déjà côtoyée dans New Rose Hotel d’Abel Ferrara). Le maestro sera-t-il capable de retrouver une dimension cinématographique ou devra-t-il se contenter du petit écran et du format court, pour lesquels il semble mieux disposé, comme l’attestent ses deux sympathiques segments pour la série Masters of Horror ?
Le Cinéma de Quartier de Dionnet revit sur le Web
L’information a probablement fait le tour des blogs spécialisés, et je m’en vais moi-même la relayer de nouveau car elle me paraît importante. Le blog 1Kult (par ici) a pris l’habitude de mettre en ligne chaque jeudi les vidéos des présentations que le génial Jean-Pierre Dionnet (qu’on évoque très souvent ici même) faisait avant chaque diffusion des films proposés dans le cadre du cycle «Cinéma de Quartier». Les abonnés de Canal+ seront éternellement reconnaissants au sieur Dionnet pour leur avoir permis de découvrir des œuvres rares qu’aucun autre canal hertzien n’aurait osé programmer. Mon intérêt sans faille pour le cinéma d’exploitation a probablement pris sa source un dimanche matin sur Canal+, lorsque l’ami JP m’est apparu pour la première fois, lunettes fines et tignasse brune d’éternel enfant, détaillant de son timbre si particulier les origines du film à venir. Son fameux « vous allez voir… » raisonne encore dans mes oreilles. Dionnet avait su donner une véritable identité à son émission, et comme pour « Quartier Interdit », l’autre cycle dédié aux œuvres extrêmes qu’il animait sur la chaîne cryptée, l’amateur frissonnait d’impatience et d’angoisse en attendant le générique d’introduction. Pour l’heure, 1Kult propose les présentations de L’Etalon de Mocky, de La Traque de Serge Leroy et de Des vierges pour le bourreau de Massimo Pupillo. Espérons que cette formidable initiative perdure, car il y a des dizaines et des dizaines d’autres présentations en attente. Pour ma part, j’aimerais tant revoir celles du Corsaire Noir de Sergio Sollima, des Chiens Enragés de Bava, de Un capitaine de quinze ans de Jess Franco ou encore de L’obsédé de William Wyler.
samedi 19 avril 2008
Bienvenue dans L'Antre de la Bête
Bonjour à tous,
Le présent blog, animé par Gérard Varchetta, est une extension de celui qui existait (et existe encore) sur Allociné. J'ai choisi de déménager sur Blogger pour des raisons d'attractivité, de lisibilité, et surtout pour éviter que le blog soit trop fortement connoté, car j'entends malgré tout poster de tant à autre des articles qui ne concernent pas directement le Septième Art. Cela dit, je continue à vous prédire une salve d'articles très intéressants sur des sujets dont vous n'entendrez parler nulle part ailleurs.
A bientôt
GV
Maurice Ronet, agent secret dans un TVfilm inédit
L’Antre de la Bête revient sur La Déchirure, un inédit télé avec Maurice Ronet et Mimsy Farmer.
Dans les filmographies sérieuses du regretté Maurice Ronet et de la regrettable Mimsy Farmer, un film est systématiquement oublié. Et pour cause, ce film est en réalité un téléfilm, réalisé en 1982, soit l’année précédant la mort de Ronet. La Déchirure drape le comédien d’un costume qui lui sied à ravir : le salaud soudain rattrapé par sa conscience. A l’image de Philippe, politicard véreux tiraillé entre ses ambitions et son confort tranquille, contraint d’appeler son pote Delon à la rescousse dans Mort d’un pourri, le personnage de Cyril se voit submergé par des problèmes de conscience dont il se croyait préservé. Agent secret, porte-flingue d’une obscure organisation chapeautée par une assemblée de vieillards intimidants, Cyril, homme droit, taciturne, discret (en somme, l’agent secret idéal) doit éliminer un individu responsable de «fuites» dans le réseau. Boulot classique. Sauf que la cible se trouve être son meilleur ami. Mieux, c’est même Cyril qui a fait entrer son collègue dans l’organisation. Cyril aura beau plaider l’inexpérience de ce dernier, les patrons estiment qu’il est devenu un danger. Cyril refuse d’accomplir la besogne et donne sa démission. Conscient que cette insubordination lui coûtera la vie, il entend profiter de sa dernière soirée avec sa fragile épouse (Mimsy Farmer)… La Déchirure a la particularité de se dérouler sur 24 heures, du soir où, au Luxembourg, Cyril identifie son camarade comme l’homme à abattre, jusqu’au lendemain, à Paris. Le verbe rare, le regard profond, Maurice Ronet est pratiquement de tous les plans, pour notre plus grande délectation. Le téléaste Franck Apprédéris signe là un vrai polar de cinéma, adapté pour le petit écran. Film rare, désormais enfoui quelque part dans les archives de la télévision. Heureusement, il en existe une copie sur VHS, éditée par Ciné Vidéo Distribution sous un titre plus commercial. C’est a ce jour, à ma connaissance, le seul et unique moyen d’apprécier la chose.
Dans les filmographies sérieuses du regretté Maurice Ronet et de la regrettable Mimsy Farmer, un film est systématiquement oublié. Et pour cause, ce film est en réalité un téléfilm, réalisé en 1982, soit l’année précédant la mort de Ronet. La Déchirure drape le comédien d’un costume qui lui sied à ravir : le salaud soudain rattrapé par sa conscience. A l’image de Philippe, politicard véreux tiraillé entre ses ambitions et son confort tranquille, contraint d’appeler son pote Delon à la rescousse dans Mort d’un pourri, le personnage de Cyril se voit submergé par des problèmes de conscience dont il se croyait préservé. Agent secret, porte-flingue d’une obscure organisation chapeautée par une assemblée de vieillards intimidants, Cyril, homme droit, taciturne, discret (en somme, l’agent secret idéal) doit éliminer un individu responsable de «fuites» dans le réseau. Boulot classique. Sauf que la cible se trouve être son meilleur ami. Mieux, c’est même Cyril qui a fait entrer son collègue dans l’organisation. Cyril aura beau plaider l’inexpérience de ce dernier, les patrons estiment qu’il est devenu un danger. Cyril refuse d’accomplir la besogne et donne sa démission. Conscient que cette insubordination lui coûtera la vie, il entend profiter de sa dernière soirée avec sa fragile épouse (Mimsy Farmer)… La Déchirure a la particularité de se dérouler sur 24 heures, du soir où, au Luxembourg, Cyril identifie son camarade comme l’homme à abattre, jusqu’au lendemain, à Paris. Le verbe rare, le regard profond, Maurice Ronet est pratiquement de tous les plans, pour notre plus grande délectation. Le téléaste Franck Apprédéris signe là un vrai polar de cinéma, adapté pour le petit écran. Film rare, désormais enfoui quelque part dans les archives de la télévision. Heureusement, il en existe une copie sur VHS, éditée par Ciné Vidéo Distribution sous un titre plus commercial. C’est a ce jour, à ma connaissance, le seul et unique moyen d’apprécier la chose.
Zoom : RaroVidéo, Gargoyle et l'édition italienne
Les Italiens ne font pas qu’émettre des choix politiques pour le moins discutables, comme en témoigne l’élection de l’inoxydable Berlusconi, l’homme providentiel qui plongera sans doute un peu plus nos voisins dans la morosité, ils éditent aussi beaucoup de DVD. Je reviendrai sans doute prochainement sur la dernière tentative en date de Dario Argento, La Terza Madre, dont j’ai pu acquérir une copie piratée sur un marché de Naples (oh, pas bien !). Mon énième séjour dans la patrie du cappuccino m’a d’abord permis de mesurer l’intérêt que les Italiens portent à leur cinéma populaire, qui fait l’objet de moult attentions dans le soin apporté aux éditions de westerns ou de polars, outre l’absence quasi-systématique de sous-titres en anglais. A ce dernier problème, l’éditeur RaroVidéo, dont on a déjà dit le plus grand bien au cours d’un précédent article, remédie aussi souvent que possible. L’œuvre de Fernando Di Leo est à ce titre particulièrement bien traitée car, des onze films du cinéaste parus sous le label «Il cinema segreto italiano», un seul est dépourvu de sous-titres en anglais. Pour des prix très abordables (sans aucune comparaison avec les tarifs de la boutique Movies 2000 par exemple), j’ai donc pu me procurer Colpo in canna (Loaded Guns) avec Ursula Andress, Woody Strode et notre Marc Porel national, Milano Calibro 9 avec Barbara Bouchet, Mario Adorf et notre Philippe Leroy national, et La città sconvolta : Caccia spietata ai rapitori (Kidnap Syndicate) avec James Mason et notre Luc Merenda national. Je pense que ces trois films sont déjà sortis en vidéo en France, mais il faudrait qu’un heureux possesseur des objets se manifeste pour éclairer ma lanterne. L’éditeur milanais enrichit aussi son précieux catalogue de films d’horreur transalpins, proposant pêle-mêle du Fulci, du Bava, du D’Amato et quelques curiosités moins évidentes à zyeuter, comme Il profumo della signora in nero du méconnu Francesco Barilli, dont le visuel est particulièrement attractif.
Les Romains de Gargoyle Video possèdent également un catalogue fort alléchant, comme en atteste leur site Internet très bien configuré (par ici), d’où émerge Il Killer Di Satana, en fait The Sorcerers de Michael Reeves avec un Boris Karloff à l’orée de la mort, que NeoPublishing a très récemment sorti chez nous sous son titre original. Dans cette édition, comme dans l’ensemble du catalogue Gargoyle Video, ne figurent que des sous-titres en italien mais aussi une piste en version originale. Pour l’amateur exclusivement francophone, il convient évidemment de préférer l’édition française, et pour ceux qu’une belle jaquette et un prix raisonnable (10 euro maximum sur place) font saliver, l’édition italienne s’impose.
Une nonne défroquée et des chevaliers d'antan
L'Antre de la Bête poursuit sa sélection des inédits du cinéma populaire italien, avec deux films qui n'ont pas grand chose en commun : Flavia la défroquée de Gianfranco Mingozzi (1974) et The Knights of the Quest de Pupi Avati (2001).
Réalisé par Gianfranco Mingozzi, cinéaste dit «sérieux» n’appartenant pas à la famille des artisans du cinéma d’exploitation, Flavia, la monaca musulmana est un film que beaucoup ont découvert grâce au sage Jean-Pierre Dionnet, qui eut l’excellente idée de le programmer dans l'un des cycles qu’il animait sur Canal+, "Cinéma de Quartier" ou "Quartier Interdit", sous le titre Flavia la défroquée. Entre parenthèse, on ne compte plus les raretés dont nous a abreuvés le sieur Dionnet durant toutes ces années (pour ma part, je me souviens des programmations de La poursuite implacable de Sergio Sollima avec Oliver Reed et Fabio Testi, Killer Tongue d’Alberto Sciamma avec Robert Englund ou encore Skinner avec Ted Raimi et Traci Lords). Non contents d’avoir permis la redécouverte du «rape & revenge» suédois Thriller : A Cruel Picture, dont je fais l’éloge dans un article précédent, les Américains de Synapse sont aussi à l’origine de la seule et unique édition DVD disponible à ce jour du chef d’œuvre anti-clérical et féministe de Mingozzi. Montré dans sa version intégrale, le film n’est pas avare en scènes sadiques, dont une (la castration d’un cheval) est franchement difficile à soutenir. Florinda Bolkan y est plus volcanique que jamais. A réhabiliter aussi dans la filmographie méconnue de Mingozzi, Mourir à Rome, un polar sociologique très étrange avec un impérial William Berger en prédateur homosexuel (sorti en VHS chez Les Films du Diamant).
Réalisé par Gianfranco Mingozzi, cinéaste dit «sérieux» n’appartenant pas à la famille des artisans du cinéma d’exploitation, Flavia, la monaca musulmana est un film que beaucoup ont découvert grâce au sage Jean-Pierre Dionnet, qui eut l’excellente idée de le programmer dans l'un des cycles qu’il animait sur Canal+, "Cinéma de Quartier" ou "Quartier Interdit", sous le titre Flavia la défroquée. Entre parenthèse, on ne compte plus les raretés dont nous a abreuvés le sieur Dionnet durant toutes ces années (pour ma part, je me souviens des programmations de La poursuite implacable de Sergio Sollima avec Oliver Reed et Fabio Testi, Killer Tongue d’Alberto Sciamma avec Robert Englund ou encore Skinner avec Ted Raimi et Traci Lords). Non contents d’avoir permis la redécouverte du «rape & revenge» suédois Thriller : A Cruel Picture, dont je fais l’éloge dans un article précédent, les Américains de Synapse sont aussi à l’origine de la seule et unique édition DVD disponible à ce jour du chef d’œuvre anti-clérical et féministe de Mingozzi. Montré dans sa version intégrale, le film n’est pas avare en scènes sadiques, dont une (la castration d’un cheval) est franchement difficile à soutenir. Florinda Bolkan y est plus volcanique que jamais. A réhabiliter aussi dans la filmographie méconnue de Mingozzi, Mourir à Rome, un polar sociologique très étrange avec un impérial William Berger en prédateur homosexuel (sorti en VHS chez Les Films du Diamant).
Enfin, signalons la disponibilité, dans une unique édition italienne distribuée par la Fox, d’une curiosité signée Pupi Avati, autrefois réputé pour l’impressionnant La maison aux fenêtres qui rient (un temps programmé lui aussi par l’ami Dionnet) : I cavalieri che fecero l’impresa. La presse avait évoqué en 2001 le tournage de cette fresque médiévale, sans doute alertée par une distribution pour le moins hétéroclite (Edward Furlong, Raoul Bova, le Français Stanislas Merhar et cette vieille baderne d’Edmund Purdom) et la présence symbolique de Riz Ortolani à la partition. Et puis plus rien. On en était même venu à se demander si la chose avait bien fini par se faire. L’existence de ce DVD nous prouve que oui. Le film en lui-même est proprement inclassable, comme si La Chair et le Sang avait rencontré Le Métier des Armes, alternant séquences de bavardage pseudo-mystique et éclairs de violence surréalistes (un cabot dévore goulûment les boyaux sortis du ventre d’un soldat, sous l’œil terrifié de ce dernier qui vit encore). Hélas, ce n’est pas à la Fnac du coin que vous dénicherez la bestiole…
Chefs d'oeuvres immontrés du cinéma Bis italien
On les a tant attendues… Ces pièces maîtresses du cinéma d’exploitation italien qui, en dépit de leur réputation, n’ont jamais été diffusées en France, sauf à la télévision ou dans quelques festivals. Elles ne sont pas sorties en salles au moment de leur création, la VHS ne leur pas données une seconde chance et le DVD, déjà menacé dans sa suprématie par un nouveau support, ne s’est pas montré plus réceptif aux appels de centaines d’amateurs désespérés de pouvoir voir un jour ces œuvres maudites. Alors nous voilà contraints de nous tourner vers l’import, là où des copies existent dans le commerce. Petite sélection de ces chefs d’œuvres que l’on refuse toujours de nous montrer par ici…
Loin de moi l’idée d’émettre un quelconque commentaire sur des films que l’on a beaucoup analysé par ailleurs. Je tiens simplement, par le présent article, à rappeler au cinéphile que certains films, bien qu’introuvables sur les étagères dans nos grandes enseignes, méritent d’être vus et qu’il existe un moyen de les voir. L’œuvre de Mario Bava, qui a toutefois tardé à sortir de l’ornière du cinéma d’exploitation pour se voir encensée par la «haute presse» (Les Cahiers…), a toujours bénéficié d’une visibilité et d’une audience assez larges. Un film du maître reste pourtant inexorablement inédit chez nous : Les chiens enragés, road movie carnassier (ou bien huis clos autoroutier), où trois fous furieux en cavale prennent en otage une jeune femme et un père de famille. Jamais sorti en salles, jamais distribué en VHS ni en DVD, seuls les abonnés du câble et de Canal+ ont eu jusqu’à présent la chance d’apprécier le mystérieux objet. Pour l’anecdote, je me souviens avoir été aux premières loges lorsque l’excellent Jean-Pierre Dionnet avait programmé le film dans son "Cinéma de Quartier" un matin de janvier 1999. Mais terrible époque que celle-ci où, encore adolescent, j’étais soumis au regard bienveillant de parents soucieux de ne point laisser mon âme innocente pervertie par des images nauséeuses. Et, au moment où survint le meurtre d’une passagère trop bavarde, un poignard profondément enfoncé dans le gosier, ma mère me somma de changer de chaîne. J’ai survécu huit années sans connaître le fin mot de l’histoire. Jusqu’au jour où j’appris que de braves personnes avaient entrepris, en Allemagne puis aux États-Unis, d’éditer la chose en DVD. Sitôt que j’en ai eu l’occasion, j’ai acquis le DVD américain d’Anchor Bay (visuel ci-dessus sous le titre Kidnapped).
Le cinéma d’exploitation italien fut, on le sait, extrêmement prolifique. Encore aujourd’hui, il ne se passe pas un jour sans que l’on exhume un inédit de derrière les fagots. Voilà d’ailleurs sans doute ce qui plait tant à certains amateurs : l’assurance de perpétuelles découvertes. Ruggero Deodato et Fernando Di Leo, deux des plus illustres ambassadeurs de cet "under cinema" ont aussi connu les honneurs de multiples éditions françaises de leurs succès, sans que leur riche filmographie ne soit pourtant complètement explorée. Les attentes concernant le support DVD, que l’on voyait déjà remédier aux frustrations laissées par la disparition de la VHS, ont été longues à combler. Et encore, ce n’est pas de ce côté-ci des Alpes que la divine surprise est arrivée. En effet, c’est RaroVidéo, l’un des rares éditeurs italiens à prendre l’acheteur étranger en pitié (en ce sens qu’il propose systématiquement un sous-titrage en anglais) qui est venu récompenser enfin notre patience en sortant Avere vent’anni de Di Leo et Live Like a Cop, Die Like a Man de Deodato. En collaboration avec la légendaire revue Nocturno, RaroVidéo a édité ces deux films dans une collection qui met l’eau à la bouche, "Il cinema segreto italiano", assortis d’autres titres alléchants dont il serait fastidieux de dresser une liste céans.
Le cinéma d’exploitation italien fut, on le sait, extrêmement prolifique. Encore aujourd’hui, il ne se passe pas un jour sans que l’on exhume un inédit de derrière les fagots. Voilà d’ailleurs sans doute ce qui plait tant à certains amateurs : l’assurance de perpétuelles découvertes. Ruggero Deodato et Fernando Di Leo, deux des plus illustres ambassadeurs de cet "under cinema" ont aussi connu les honneurs de multiples éditions françaises de leurs succès, sans que leur riche filmographie ne soit pourtant complètement explorée. Les attentes concernant le support DVD, que l’on voyait déjà remédier aux frustrations laissées par la disparition de la VHS, ont été longues à combler. Et encore, ce n’est pas de ce côté-ci des Alpes que la divine surprise est arrivée. En effet, c’est RaroVidéo, l’un des rares éditeurs italiens à prendre l’acheteur étranger en pitié (en ce sens qu’il propose systématiquement un sous-titrage en anglais) qui est venu récompenser enfin notre patience en sortant Avere vent’anni de Di Leo et Live Like a Cop, Die Like a Man de Deodato. En collaboration avec la légendaire revue Nocturno, RaroVidéo a édité ces deux films dans une collection qui met l’eau à la bouche, "Il cinema segreto italiano", assortis d’autres titres alléchants dont il serait fastidieux de dresser une liste céans.
Réputé pour un épilogue d’une cruauté sans égal, Avere vent’anni ("avoir vingt ans") est un pur produit des années 70, empli d’un discours libertaire et d’un érotisme à la fois candide et crû, aux limites de la pornographie (frontières déjà explorées par Di Leo dans Les insatisfaites poupées érotiques). Quant au premier film de Deodato, il s’agit d’un pur polar rital, brutal et amoral, qui n’aurait sans doute pas permis au cinéaste, s’il n’avait su jouer d’opportunisme dans le genre horrifique quelques années après, de sortir de la masse des honnêtes artisans du cinéma populaire. On a toutefois du mal à comprendre aujourd’hui comment un tel film reste toujours invisible chez nous, malgré la présence en tête d’affiche de notre Marc Porel national.
Terre inconnue : le "Western Mamaliga"
L'Antre de la Bête s'intéresse à une composante fort méconnue du western européen : le "western mamaligă", en provenance de Roumanie.
Le « western mamaligă », en voilà un drôle de nom ! La postérité a doté le western fait en Roumanie de la particule « mamaligă », nom d’un délicieux plat traditionnel roumain à base de polenta molle arrosée de fromage blanc, prolongeant ainsi cette tradition à la fois amusante et grotesque qui consiste à désigner les westerns produits ailleurs qu’aux Etats-Unis par des spécialités culinaires. On connaissait en effet le « western spaghetti » en Italie (une expression honnie par Sergio Leone, qui aurait eu cette formule ironique « Quand j’ai entendu cette expression, j’ai crû qu’on utilisait un spaghetti en guise de lasso »), le « western paella » en Espagne, le « western choucroute » en Allemagne de l’Est, le « western soja » en Chine, le « döner western » en Turquie, mais que sait-on du « western mamaligă » ? Pas grande chose, pour ne pas dire presque rien, tant le genre ne compte que très peu de représentants et n’a jamais dépassé les frontières de la Roumanie. Selon le Dictionnaire du film roumain de fiction de l'érudit Grid Modorcea, trois films appartiendraient à ce sous-genre, que l'ouvrage préfère désigner par l’appellation plus juste d’ « eastern ». Le premier représentant date de 1977, au moment où le western européen connaissait une période de franc déclin. Profetul, aurul şi Ardelenii (littéralement Le prophète, l’or et les Transylvains, on devine d’où vient l’influence), réalisé par un cinéaste chevronné, Dan Piţa, conte l’histoire de deux frères originaires de Transylvanie qui partent en Amérique à la recherche de leur troisième frangin, émigré depuis longtemps. Ils débarquent dans une ville inconnue, Cedar City, où leur ignorance de la langue anglaise leur vaut quelques ennuis. Voyant la photo de leur frère partout, les deux aventuriers pensent que ce dernier est devenu un homme important, mais découvrent que le frérot s’est mué en justicier contre un prophète mormon s’appropriant l’or des chercheurs.
Selon le critique local Tudor Caranfil*, « ce western respecte les règles du genre (…), où ne manquent ni les Indiens vindicatifs, ni les Noirs fidèles, ni les Mormons dévots, ni les émigrants venus du monde entier, ni les salauds et les justiciers (…), mais ce qu’il manque malgré tout, c’est la verve d’un réalisateur, sa vocation sincère pour le divertissement ». Il est vrai que le choix de Piţa, cinéaste cérébral, pour ce spectacle grand public est assez surprenant, toujours est-il que le gros succès en salles du film (près de 7 millions de spectateurs) engendrera deux suites, interprétées par les mêmes comédiens : Artista, Dolarii şi Ardelenii (L’artiste, les dollars et les Transylvains) en 1979, réalisé cette fois par Mircea Veroiu, où les trois frères, n’ayant toujours pas quitté l’Amérique, tombent entre les griffes d’une redoutable entraîneuse de saloon qui en veut à leur dollars, et Pruncul, Petrolul şi Ardelenii (Le marmot, le pétrole et les Transylvains) en 1980, signé à nouveau Dan Piţa, où l’un des trois frères, marié à une Américaine et père d’un enfant, entre en conflit avec une famille de Hongrois qui détiennent le monopole de l’eau. Les deux familles s’unissent pour lutter contre des bandits et mettent à jour un puit de pétrole. Un troisième volet qui, selon Caranfil, « diminue l’élan railleur du premier volet, prenant au sérieux le genre aventureux avec lequel Piţa n’a aucune affinité ». Les 5 millions d’entrées n’ont pas suffi à convaincre les producteurs de poursuivre dans ce genre original et rentable.
Ce sont là, à ma connaissance, les trois seuls représentants du western roumain. A ce jour, il n’existe hélas, pour le spectateur français non roumanophone, aucun moyen de visionner ces raretés, pourtant fréquemment diffusées à la télévision roumaine. Un seul des trois films, le premier, a fait l'objet d'une édition en DVD par le CNC local (visuel plus haut). Un DVD strictement réservé au marché intérieur puisque aucun sous-titrage n’y figure. Il est toutefois possible d'en visionner un extrait grâce au site Veoh.com (lien par ici). Il serait judicieux qu’un de nos éditeurs indépendants se penche sur la question.
Le « western mamaligă », en voilà un drôle de nom ! La postérité a doté le western fait en Roumanie de la particule « mamaligă », nom d’un délicieux plat traditionnel roumain à base de polenta molle arrosée de fromage blanc, prolongeant ainsi cette tradition à la fois amusante et grotesque qui consiste à désigner les westerns produits ailleurs qu’aux Etats-Unis par des spécialités culinaires. On connaissait en effet le « western spaghetti » en Italie (une expression honnie par Sergio Leone, qui aurait eu cette formule ironique « Quand j’ai entendu cette expression, j’ai crû qu’on utilisait un spaghetti en guise de lasso »), le « western paella » en Espagne, le « western choucroute » en Allemagne de l’Est, le « western soja » en Chine, le « döner western » en Turquie, mais que sait-on du « western mamaligă » ? Pas grande chose, pour ne pas dire presque rien, tant le genre ne compte que très peu de représentants et n’a jamais dépassé les frontières de la Roumanie. Selon le Dictionnaire du film roumain de fiction de l'érudit Grid Modorcea, trois films appartiendraient à ce sous-genre, que l'ouvrage préfère désigner par l’appellation plus juste d’ « eastern ». Le premier représentant date de 1977, au moment où le western européen connaissait une période de franc déclin. Profetul, aurul şi Ardelenii (littéralement Le prophète, l’or et les Transylvains, on devine d’où vient l’influence), réalisé par un cinéaste chevronné, Dan Piţa, conte l’histoire de deux frères originaires de Transylvanie qui partent en Amérique à la recherche de leur troisième frangin, émigré depuis longtemps. Ils débarquent dans une ville inconnue, Cedar City, où leur ignorance de la langue anglaise leur vaut quelques ennuis. Voyant la photo de leur frère partout, les deux aventuriers pensent que ce dernier est devenu un homme important, mais découvrent que le frérot s’est mué en justicier contre un prophète mormon s’appropriant l’or des chercheurs.
Selon le critique local Tudor Caranfil*, « ce western respecte les règles du genre (…), où ne manquent ni les Indiens vindicatifs, ni les Noirs fidèles, ni les Mormons dévots, ni les émigrants venus du monde entier, ni les salauds et les justiciers (…), mais ce qu’il manque malgré tout, c’est la verve d’un réalisateur, sa vocation sincère pour le divertissement ». Il est vrai que le choix de Piţa, cinéaste cérébral, pour ce spectacle grand public est assez surprenant, toujours est-il que le gros succès en salles du film (près de 7 millions de spectateurs) engendrera deux suites, interprétées par les mêmes comédiens : Artista, Dolarii şi Ardelenii (L’artiste, les dollars et les Transylvains) en 1979, réalisé cette fois par Mircea Veroiu, où les trois frères, n’ayant toujours pas quitté l’Amérique, tombent entre les griffes d’une redoutable entraîneuse de saloon qui en veut à leur dollars, et Pruncul, Petrolul şi Ardelenii (Le marmot, le pétrole et les Transylvains) en 1980, signé à nouveau Dan Piţa, où l’un des trois frères, marié à une Américaine et père d’un enfant, entre en conflit avec une famille de Hongrois qui détiennent le monopole de l’eau. Les deux familles s’unissent pour lutter contre des bandits et mettent à jour un puit de pétrole. Un troisième volet qui, selon Caranfil, « diminue l’élan railleur du premier volet, prenant au sérieux le genre aventureux avec lequel Piţa n’a aucune affinité ». Les 5 millions d’entrées n’ont pas suffi à convaincre les producteurs de poursuivre dans ce genre original et rentable.
Ce sont là, à ma connaissance, les trois seuls représentants du western roumain. A ce jour, il n’existe hélas, pour le spectateur français non roumanophone, aucun moyen de visionner ces raretés, pourtant fréquemment diffusées à la télévision roumaine. Un seul des trois films, le premier, a fait l'objet d'une édition en DVD par le CNC local (visuel plus haut). Un DVD strictement réservé au marché intérieur puisque aucun sous-titrage n’y figure. Il est toutefois possible d'en visionner un extrait grâce au site Veoh.com (lien par ici). Il serait judicieux qu’un de nos éditeurs indépendants se penche sur la question.
* Dictionnaire des Films Roumains, par Tudor Caranfil, père de Nae Caranfil, réalisateur de Philanthropique et Asphalt Tango.
Aspects du cinéma "bis" roumain
La Roumanie, terre de "bis". Qui l'eût cru ? Et pourtant, aux glorieuses heures du cinéma d'exploitation en Europe, quelques tournages furent délocalisés dans les Carpathes. Retour sur une filmographie aussi obscure que les dossiers secrets de la Securitate...
Patrie d’origine d’Eugène Ionesco et Elvire Popesco, la Roumanie est aussi une terre de « bis ». Les immenses studios de Castel Films et MediaPro accueillent régulièrement, outre quelques productions prestigieuses (Retour à Cold Mountain, le feuilleton français Les Rois Maudits), une foule de tournages dévoués aux petits budgets. Charles Band, via sa regrettée société Full Moon, fut à une époque un fidèle collaborateur de Vlad Paunescu, fondateur et grand patron de Castel Films. Quelques-uns de nos briseurs de reins préférés, Seagal, Van Damme, Snipes et confrères, y ont tourné leurs dernières pitreries. Mais cela ne date pas d’hier. Au temps glorieux du cinéma d’exploitation européen, la Roumanie, alors régie par un seul et unique système de production lié au pouvoir communiste, était déjà encline à co-produire d’excellents navets que l’Histoire n’a pas jugés utile de conserver en mémoire.
Cinéaste dévoué au régime en place, assigné à la tâche ingrate de la propagande historique, Sergiu Nicolaescu* s’est par exemple rendu coupable en 1966 d’un risible Dacii, Les Daces en français, du nom des ancêtres des Roumains. Ambitieux péplum co-produit par la France, d’où la présence de noms gaulois au générique (Pierre Brice, Marie-José Nat et Georges Marchal, qui n’en était pas à son premier uniforme de centurion), Les Daces raconte de façon très linéaire la résistance de ce peuple, avec à leur tête le légendaire Decebal (interprété par Amza Pellea, comédien de grande renommée), face à l’envahisseur romain qui finira par le mettre à genoux, ouvrant ainsi la voie à la romanisation de la Dacie et la latinisation de la langue roumaine. Distribué en salles chez nous (sous le titre de Les Guerriers), puis en vidéo, le film a bénéficié d’une sortie DVD en Roumanie, dans une collection dirigée par Nicolaescu lui-même, comportant des sous-titres en français.
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Patrie d’origine d’Eugène Ionesco et Elvire Popesco, la Roumanie est aussi une terre de « bis ». Les immenses studios de Castel Films et MediaPro accueillent régulièrement, outre quelques productions prestigieuses (Retour à Cold Mountain, le feuilleton français Les Rois Maudits), une foule de tournages dévoués aux petits budgets. Charles Band, via sa regrettée société Full Moon, fut à une époque un fidèle collaborateur de Vlad Paunescu, fondateur et grand patron de Castel Films. Quelques-uns de nos briseurs de reins préférés, Seagal, Van Damme, Snipes et confrères, y ont tourné leurs dernières pitreries. Mais cela ne date pas d’hier. Au temps glorieux du cinéma d’exploitation européen, la Roumanie, alors régie par un seul et unique système de production lié au pouvoir communiste, était déjà encline à co-produire d’excellents navets que l’Histoire n’a pas jugés utile de conserver en mémoire.
Cinéaste dévoué au régime en place, assigné à la tâche ingrate de la propagande historique, Sergiu Nicolaescu* s’est par exemple rendu coupable en 1966 d’un risible Dacii, Les Daces en français, du nom des ancêtres des Roumains. Ambitieux péplum co-produit par la France, d’où la présence de noms gaulois au générique (Pierre Brice, Marie-José Nat et Georges Marchal, qui n’en était pas à son premier uniforme de centurion), Les Daces raconte de façon très linéaire la résistance de ce peuple, avec à leur tête le légendaire Decebal (interprété par Amza Pellea, comédien de grande renommée), face à l’envahisseur romain qui finira par le mettre à genoux, ouvrant ainsi la voie à la romanisation de la Dacie et la latinisation de la langue roumaine. Distribué en salles chez nous (sous le titre de Les Guerriers), puis en vidéo, le film a bénéficié d’une sortie DVD en Roumanie, dans une collection dirigée par Nicolaescu lui-même, comportant des sous-titres en français.
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Parmi les cinéastes locaux qui ont eu les honneurs d’une co-production européenne, il convient de citer également Mircea Dragan. L’homme est surtout connu en son pays pour un bon film-catastrophe, Explozia (L’explosion), qui a été curieusement distribué chez nous en VHS par Socai sous le titre attrape-nigaud de SOS Poseidon, affublé d’un générique à forte consonance anglo-saxonne afin de faciliter les ventes à l’étranger. C’était en 1971. Trois ans auparavant, Dragan avait lui aussi sacrifié à la mode du péplum nationaliste avec Columna (La colonne), dont l’action faisait suite aux Daces de Nicolaescu. Plus de 10 millions de spectateurs en Roumanie au moment de la sortie nationale, en novembre 1968, de cette superproduction tournée en cinémascope, réunissant une distribution internationale de grande classe, dont l’Amerloque Richard Johnson, très actif en Europe à cette époque.
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Chez les amateurs français de cinéma d’exploitation, le nom de Dragan n’est pourtant associé à aucun des films précités, mais à un film d’action produit par le mercenaire Dick Randall, dont le casting furieusement «bis» provoque des frissons : Stuart Whitman, Woody Strode, Gordon Mitchell, William Berger, Paola Senatore, Tony Kendall et, en «vedette invitée», un Ray Milland lymphatique qui a gracieusement débloqué une après-midi pour tourner trois saynètes mollassonnes dans son bureau. La chose se nomme Cuibul Salamandrelor (littéralement Le nid des salamandres) et est sortie en VHS chez MPM sous le titre de Les aventuriers de l’or noir. D’or noir il est en effet question car l’action, tournée en Roumanie mais censée de dérouler au Sahara, met en scène un spécialiste des incendies d’oléoducs (Whitman) aux prises avec un vilain conglomérat américain qui, pour freiner la concurrence, met le feu à un champs pétrolifère africain. C’est une équipe de pompiers roumains, arborant fièrement des casques à l’effigie de RomPetrol, qui est chargée de neutraliser le désastre. Le scénario est d’une confondante bêtise, les acteurs, qui tournent chacun dans leur langue, n’ont pas l’air de se comprendre (voir les scènes hilarantes de confrontation entre Whitman, Strode et leurs homologues roumains, où tout le monde affiche un regard faussement grave pour tenter de surmonter le malaise), mais le montage enlevé et l’abondance d’effets pyrotechniques désamorcent l’ennui. C’est là un très bref aperçu du cinéma bis roumain, il serait intéressant que l’un de nos fanzines préférés y consacre un de ces jours un dossier. Avis aux amateurs, je dispose d’une mine d’informations.
* Pour l'anecdote, sachez que Sergiu Nicolaescu est toujours en activité et qu'il a obtenu l'année dernière un avancement conséquent du CNC roumain pour produire les nouvelles aventures du commissaire Moldovan, personnage d'une série à succès des années 70 qu'il interprétait lui-même. La nouvelle a provoqué la colère de la jeune génération de cinéastes, offusqués d'apprendre que les très convoitées subventions annuelles du CNC sont ainsi attribuées à un vieillard versatile dont les dernières oeuvres se situent aux confins de la nullité . Ancien propagandiste du régime de Ceausescu ayant subtilement retourné sa veste après la Révolution de 1989, Nicolaescu mène parallèlement une carrière politique en tant que sénateur.
Les Ballet écarlates : le Mocky maudit
Jean-Pierre Mocky, que l'on sait inusable et prolifique, ne connait plus les honneurs des grandes sorties nationales depuis déjà belle lurette. En marge de cette marginalité, un film n'est carrément pas sorti du tout. Ça s’appelle Les ballets écarlates. Un film « choc » sur les réseaux pédophiles en France. Un film tellement insoutenable que le Ministère de la Culture l’aurait interdit, réveillant ainsi les vieux démons de la censure politique. Après avoir jugé sur pièce (car le film est sorti en DVD), on se demande plutôt si l’interdiction supposée n’était pas en fait destinée à épargner au spectateur la vision d’un film excessivement mauvais.
Jean-Pierre Mocky multiplie ces dernières années les longs-métrages, non pour courir après une gloire passée mais simplement par amour pour un Septième Art français dont il restera l’un des plus atypiques représentants. Sans le sou mais jamais à court de synopsis, il alterne depuis une quinzaine d’années les projets bâclés et d’autres plus ambitieux, toujours en marge du système de distribution. Complètement retombé dans l’anonymat au début des années 2000, il refuse de partir à la retraite et tourne, dans son coin, une succession de bandes fauchées, interprétées par lui-même et quelques vieux complices, faute de pouvoir se payer des têtes d’affiches. Des films pour la plupart descendus par la presse et presque exclusivement projetés au Brady, emblématique salle parisienne dont il est devenu propriétaire. En l’espace de deux ans (2000-2002) Mocky réalise cinq films passés inaperçus ou presque : Tout est calme, La candide Mme Duff, Le glandeur, La bête de miséricorde et Les araignées de la nuit. Finalement, grâce à son obstination et sa forte personnalité, relayées par d’opportunistes interventions télévisées, il réussit à convaincre d’anciens camarades et d’autres, prêts à sacrifier leur cachet habituel pour «s’essayer à du Mocky», de participer à ses nouveaux projets. C’est ainsi que Villeret cabotine avec bonheur dans Le Furet, que Solo et Le Bolloc’h se font plaisir dans Le Bénévole et que Berling flagelle son image d’acteur intellectuel dans Grabuge. Trois friandises auxquelles participe également un Michel Serrault en roue libre qui n’a plus rien à perdre. Mais, boulimique et surtout toujours prêt à en découdre avec la bienséance, Jean-Pierre Mocky ne peut pas se contenter de ces faux films de genre suant la naphtaline. Alors, quand l’envie lui prend, il revient à des projets plus confidentiels. Piochant son sujet dans le fait-divers sordide*, Mocky décide de s’attaquer aux réseaux pédophiles avec Les Ballets écarlates. Un film dont personne n’a voulu. Le blog Le Coin du Cinéphage explique assez précisément la genèse du projet, sur laquelle je ne reviendrai pas (voir par-ci) et en fait une critique plutôt élogieuse, sur laquelle par contre il convient de revenir. Car si Les Ballets écarlates a été privé de distribution, ou plutôt « censuré » selon le cinéaste, c’est parce que le sujet risquait de provoquer le scandale. Pensez donc, voir des marmots se promener en slip dans une bâtisse isolée sous l’œil pervers des notables du coin !
Voyons-y maintenant de plus près. L’objet de la discorde a en effet été édité en DVD par Pathé dans le cadre de son intégrale Mocky, et se trouvait donc là, perdu dans la vidéothèque de l’Institut Français de Bucarest, attendant qu’un inconscient se risque à l’emprunter. Cet inconscient, c’était moi, bien évidemment… Pathé, et son patron Jérôme Seydoux, auxquels le réalisateur semble vouer une reconnaissance sans borne. Curieuse association, soit dit en passant, que celle de l’iconoclaste Mocky, franc-tireur du cinéma franchouillard, incorruptible et marginal, avec la maison Pathé, grande propagatrice du cinéma pop-corn et fossoyeuse de nos petits ciné d’art et essai. Enfin bref, passons… Dans une petite commune de la Vienne, des enfants sont enlevés à leurs parents et jetés en pâture aux pédophiles dans une vaste demeure. L’un d’entre eux parvient à s’enfuir et atterrit, par un hasard suspect, chez la mère d’un des bambins disparus. Aidé de l’armurier du village, celle-ci s’en va nettoyer la cité de sa bourgeoisie débauchée. Voilà en somme un sujet qui prête à tout sauf à sourire. Mais submergé par un sujet trop ambitieux pour ses maigres moyens, Mocky se noie. Les seconds rôles abondent, mais les comédiens, qui n’ont à leur actif que leur faciès télégénique (on retrouve les habituels copains de cuvée de Mocky, Dominique Zardi, Jean Abeillé, Jean-Pierre Le Cloarec…), sont incapables de les rendre crédibles. A une scène vaguement réussie succède aussitôt une scène complètement ratée (les blessures par balle ne provoquent aucun saignement, étrange…). Les enfants, bien loin d’incarner le calvaire de leur personnage, ont du mal à retenir leur sourire en passant devant la caméra. L’image est bâclée… La liste des imperfections est longue et, à défaut de provoquer le malaise, le film finit par susciter un mélange d’amusement et d’indignation. On a beau apprécier le style Mocky, et croyez-moi, j’en suis, on ne peut que condamner l’entreprise. Oublions ça, car Mocky a ensuite réalisé 13 French Street, renouant avec une distribution de qualité (Frémont, Novembre, Solo). Et je suis impatient de découvrir la bête…
The Sadist : aux sources de l'exploitation
A l'occasion de la récente sortie du Sadique chez Le Chat qui fume, nous revenons plus en détails sur ce chef-d'œuvre du film d'exploitation, dont le caractère obscure et mystérieux s'est accentué au fil des années.
Dès 1960 aux Etats-Unis, certains cinéastes profitent de l’affaiblissement progressif du Code Hays (officiellement en vigueur jusqu’en 1966) pour prendre davantage de liberté avec la représentation de la violence physique au cinéma. En cette noble année 1963, Blood Feast de Herschell Gordon Lewis signe l’acte de naissance du cinéma gore. Un film étonnant qui prend pied dans une petite bourgade du Midwest où un illuminé égyptien se livre à des sévices sur des jeunes femmes. Le décor propret, les tenues vestimentaires sobres, le langage démodé, l’intonation théâtrale des comédiens, toutes les caractéristiques du film américain contemporain des années 50 sont réunies. L’irruption soudaine des effets sanglants dans cet univers «à la Douglas Sirk» qui ne s’y prête absolument pas, reste pour nous aujourd’hui la vraie curiosité du film. En cette noble année 63, un trublion du nom de James Landis réalise une œuvre aux caractéristiques identiques (le noir et blanc en plus), entachée cette fois non pas par le gore mais par le sadisme. Un trio d’instituteurs aux mœurs irréprochables se rend à Los Angeles pour assister à un match de football. Leur voiture tombe en panne devant une casse automobile, où se sont réfugiés un désaxé notoire, Charlie Tibbs, et sa petite amie. Commence dès lors un long calvaire pour les trois honnêtes citoyens, soumis à la cruauté gratuite de Tibbs. Le titre, The Sadist, annonce la couleur. Le héros, c’est lui. Personnalisé par Arch Hall, Jr., éphémère vedette du teen movie des années 60 (vu aussi chez Ray Dennis Steckler), Charlie Tibbs est sans doute l’une des plus remarquables incarnations du sadique sur pellicule. Le regard vicelard malgré un visage poupon, la démarche paysanne, le verbe rare et brutal, Tibbs a tout du fou furieux dénué de sentiment. Il est celui dont on ignore ou dont on feint d’ignorer l’existence, il est le visage noir de l’Amérique blanche et civilisée. Plus de quarante ans après, ce sadique-là paraît aujourd’hui bien inoffensif. Mais tout de même : un vieil homme abattu de sang froid, les cadavres d’un couple pourrissant au soleil, deux policiers grillés, de multiples brutalités corporelles, le tout en extérieur, dans un décor unique. Une sorte de «huis clos en plein air» où, en l’absence de tout raccord à la civilisation (hormis un poste de radio qui retransmet le match de football, amplifiant un peu plus le caractère sadique de la situation), les bons et les méchants laissent exploser leur animalité. Est-ce un hasard si la réussite de l’œuvre tient d’abord à l’efficace exploitation de la lumière, quand on constate que le chef opérateur n’est autre que Vilmos Zsigmond, "oscarisé" pour Voyage au bout de l’enfer ? Dans sa géniale anthologie du film d'exploitation pour adolescents, ironiquement intitulée The I Was A Teenage Juvenile Delinquent Rock'N'Roll Horror Beach Party Movie Book (j'y reviendrai un de ces jours), Alan Betrock écrit à propos de The Sadist : "Un autre coup de maître de Arch Hall, Jr., cette fois-ci au sujet de jeunes psychopathes terrorisant des enseignants pris au piège. Il y a des meurtres, des coups de feu, une terreur chargée d'émotion, et une mort surprenante avec des crotales - prends-toi ça, Steven Spielberg !" Il ne croit pas si bien dire...
Dès 1960 aux Etats-Unis, certains cinéastes profitent de l’affaiblissement progressif du Code Hays (officiellement en vigueur jusqu’en 1966) pour prendre davantage de liberté avec la représentation de la violence physique au cinéma. En cette noble année 1963, Blood Feast de Herschell Gordon Lewis signe l’acte de naissance du cinéma gore. Un film étonnant qui prend pied dans une petite bourgade du Midwest où un illuminé égyptien se livre à des sévices sur des jeunes femmes. Le décor propret, les tenues vestimentaires sobres, le langage démodé, l’intonation théâtrale des comédiens, toutes les caractéristiques du film américain contemporain des années 50 sont réunies. L’irruption soudaine des effets sanglants dans cet univers «à la Douglas Sirk» qui ne s’y prête absolument pas, reste pour nous aujourd’hui la vraie curiosité du film. En cette noble année 63, un trublion du nom de James Landis réalise une œuvre aux caractéristiques identiques (le noir et blanc en plus), entachée cette fois non pas par le gore mais par le sadisme. Un trio d’instituteurs aux mœurs irréprochables se rend à Los Angeles pour assister à un match de football. Leur voiture tombe en panne devant une casse automobile, où se sont réfugiés un désaxé notoire, Charlie Tibbs, et sa petite amie. Commence dès lors un long calvaire pour les trois honnêtes citoyens, soumis à la cruauté gratuite de Tibbs. Le titre, The Sadist, annonce la couleur. Le héros, c’est lui. Personnalisé par Arch Hall, Jr., éphémère vedette du teen movie des années 60 (vu aussi chez Ray Dennis Steckler), Charlie Tibbs est sans doute l’une des plus remarquables incarnations du sadique sur pellicule. Le regard vicelard malgré un visage poupon, la démarche paysanne, le verbe rare et brutal, Tibbs a tout du fou furieux dénué de sentiment. Il est celui dont on ignore ou dont on feint d’ignorer l’existence, il est le visage noir de l’Amérique blanche et civilisée. Plus de quarante ans après, ce sadique-là paraît aujourd’hui bien inoffensif. Mais tout de même : un vieil homme abattu de sang froid, les cadavres d’un couple pourrissant au soleil, deux policiers grillés, de multiples brutalités corporelles, le tout en extérieur, dans un décor unique. Une sorte de «huis clos en plein air» où, en l’absence de tout raccord à la civilisation (hormis un poste de radio qui retransmet le match de football, amplifiant un peu plus le caractère sadique de la situation), les bons et les méchants laissent exploser leur animalité. Est-ce un hasard si la réussite de l’œuvre tient d’abord à l’efficace exploitation de la lumière, quand on constate que le chef opérateur n’est autre que Vilmos Zsigmond, "oscarisé" pour Voyage au bout de l’enfer ? Dans sa géniale anthologie du film d'exploitation pour adolescents, ironiquement intitulée The I Was A Teenage Juvenile Delinquent Rock'N'Roll Horror Beach Party Movie Book (j'y reviendrai un de ces jours), Alan Betrock écrit à propos de The Sadist : "Un autre coup de maître de Arch Hall, Jr., cette fois-ci au sujet de jeunes psychopathes terrorisant des enseignants pris au piège. Il y a des meurtres, des coups de feu, une terreur chargée d'émotion, et une mort surprenante avec des crotales - prends-toi ça, Steven Spielberg !" Il ne croit pas si bien dire...
Faîtes entrer le coupable
Consommateur quasi-exclusif de films sur support DVD ou VHS, je ne regarde pour ainsi dire jamais la télévision. Sauf le mardi soir, en deuxième partie de soirée, car il y a Faîtes entrer l’accusé, l’émission culte plongeant au cœur des plus célèbres faits-divers de ces dernières années en France, depuis l’enquête policière jusqu’au dénouement du procès. L’émission, malgré un fond de commerce éminemment racoleur, réussit l’exploit de ne pas tomber dans le sensationnalisme morbide, décortiquant chaque dossier avec un sens de l’exactitude et un didactisme qui forcent l’admiration. La mise en scène, calquée sur le style des films noirs des années 60, crée une atmosphère prenante, renforcée par une partition des plus caractéristiques et la délectable composition d’un Christophe Hondelatte bien dans ses baskets. Oui mais voilà, depuis quelques semaines, mon émission fétiche me déçoit. Visiblement à court de sujets neufs, la production nous balance des rediffusions. Le créneau horaire alloué à l’émission (généralement de 22h30 à minuit) doit, en théorie, être réservé à un programme inédit. Or, ce n’est pas toujours le cas. La semaine prochaine, les méfaits d'Albert Spaggiari nous seront exposés pour la seconde fois, probablement pour profiter de la sortie cinéma du film de Jean-Paul Rouve. Ce n’est pas en agissant de la sorte que l’on fidélise le téléspectateur.
Paulette Dubost, doyenne des comédiens français
Voyant les derniers grands comédiens d'antan tirer peu à peu leur révérence, nous nous devons, ici même, de rendre un hommage bref mais appuyé à celle qui est désormais la doyenne des acteurs et actrices français : Paulette Dubost. Depuis ses débuts au cinéma en 1931 (c'était hier !) dans Un coup de téléphone de Georges Lacombe, Paulette n'a pas arrêté, accomplissant une carrière d'une exceptionnelle longévité. Elle se dirige maintenant vers ses 98 printemps. Il y a deux ans encore, elle prêtait son éternel sourire espiègle pour les besoins d'un court-métrage, Curriculum, son 186ème film. Les photos actuelles de Paulette n'abondent guère, il faut probablement être un intime de la vieille dame pour pouvoir s'en procurer. Sur le Net, les rares disponibles figurent sur le site du Mague Journal, prises à l'occasion de son 96ème anniversaire célébré au Café Oscar de Montmartre. Je n'ai pas pris la liberté de reproduire ici-même ces clichés, préférant vous renvoyer vers le site en question (par-ci). Espérons que la dévergondée Ginette de Hôtel du Nord et la jolie camériste de La Règle du Jeu se porte toujours aussi bien que sur ces photographies. Paulette Dubost a traversé trois-quarts de siècle de pellicule, elle a connu tout le monde, de Gabin à Arletty, de Jouvet à Michel Simon. Elle est LA mèmoire ultime du cinéma français. Tout cela paraît si loin, elle est pourtant toujours là. J'envie ceux qui ont eu la chance d'approcher cette grande dame.
Pendant que nous y sommes, saluons les autres comédiennes nées en 1910 et qui sont toujours de ce monde : Yvette Lebon, jeune minette à la carrière très clairsemée qui a échoué dans des films de cape et d'épée, l'Allemande Luise Rainer (qui a gagné deux Oscars à Hollywood) et l'Américaine Gloria Stuart, dont la carrière va de Claude Rains à Titanic (où elle jouait le personnage de Kate Winslet âgé). Bravo, mesdames !
Janis Ian sur la BO d'un film de SF japonais
Je suis un grand admirateur de Janis Ian, figure majeure, et hélas bien méconnue de la jeune génération, de cette remarquable mouvance folk des années 60-70 dont le surestimé Bob Dylan (je vais me faire des ennemis, là*), la sublime Joan Baez et les brillants Peter, Paul & Mary furent les chefs de file. Janis Ian, inoubliable compositrice et interprète de "Society's Child" (plaidoyer anti-raciste à déguster ici-même) et "At Seventeen" (sur l'album Between the Lines), reprise chez nous par un Claude François qui ne manquait jamais une occasion de franciser les succès d'outre-Atlantique, est désormais installée au Canada, où elle est de fait plus directement confrontée à la culture francophone. Janis a chanté quelques mots en français à diverses reprises, et notamment sur une chanson intitulée "Toujours gai, mon cher" (qui sont d'ailleurs les seuls mots en français de la chanson) qui sert curieusement de BO sur le générique de fin d'un excellent film de science-fiction japonais, Virus, réalisé par un grand nom du film de yakuza, j'ai nommé Kinji Fukasaku (Le cimetière de la morale, Guerre des gangs à Okinawa et le récent Battle Royale). Il s'agit là de la seule et unique incursion du cinéaste nippon dans une production à portée internationale, qui réunit un superbe échantillon de gueules cassées (Robert Vaughn, Glenn Ford, Chuck Connors, Bo Svenson, George Kennedy, Henry Silva, Sonny Chiba) pour décrire la progression à grande échelle d'une épidémie mortelle, contraignant les derniers survivants de l'Humanité à se réfugier en Antarctique, où la très faible température préserve de la contamination. La chose est sortie en VHS chez MPM, et n'a toujours toujours pas bénéficié d'une édition DVD chez nous (ci-contre, le DVD anglais, car j'ai eu la flemme de scanner la jaquette vidéo). Disposé à acquérir une version de cette chanson, mais ne trouvant aucune information sur une éventuelle commercialisation du titre sur support vinyle ou CD, j'ai donc osé écrire à Janis elle-même pour savoir où dénicher le morceau en question. La dame m'a gentiment répondu en m'informant de la disponibilité, depuis l'année dernière, d'une compilation japonaise (logique) de ses plus grands succès comprenant "You are love", titre anglais de "Toujours gai mon cher", vendue sur Amazon.com pour près de 43 dollars. Une de ses amies me l'aurait bien laissée à 34 dollars, mais peu disposé à payer une telle somme pour un seul titre, je n'ai pas répondu. J'espère que la belle Janis ne m'en a point fait grief.
* Je n'étais déjà pas un grand fan de Dylan, compositeur hors-pair mais interprète discutable (Les versions de Blowin' in the Wind par Joan Baez ou Peter, Paul & Mary sont bien meilleures que la sienne), et je le suis encore moins depuis que, lors d'un voyage à Valencia (Espagne) en juin 2006 au moment de la venue du Pape, j'ai appris que Dylan y donnait un concert en l'honneur du Saint-Père. Allons, Bob, toi le chantre de la contre-culture américaine, réserver ainsi tes rares apparitions pour de futiles rassemblements à la gloire d'un Pape intégriste, voilà qui n'est pas sérieux...
Parution d'ouvrages sur le cinéma d'exploitation
Le blog Forgotten Silver (ici) nous apprend, après s'être lui-même informé sur le site de la société, que la maison d'édition Bazaar & Co (anciennement Dreamland) prévoirait la publication dans les mois à venir de plusieurs ouvrages consacrés au cinéma d'exploitation, ayant la particularité d'être écrits par d'anciens ou d'actuels collaborateurs de la revue Mad Movies. Julien Sévéon, spécialiste ès-cinéma asiatique du magazine, aurait donc rédigé deux bouquins : Blaxploitation, 70's Soul Fever (le sujet est dans le titre) et Catégorie 3, dédié aux films japonais classés dans cette catégorie extrême. Quant à l'excellent interviewer Fathi Beddiar, qui ne fait plus partie de l'équipe rédactionnelle de Mad, il aurait accoucher d'une étude sur le Vigilante Movie. Rappelons que Dreamland avait publié il y a cinq ans une incontournable anthologie du western européen, Il était une fois...le western européen de Jean-François Giré, dont une nouvelle parution, revue et corrigée, est prévue cette année.
Un justicier aveugle à Florence
Je reviens de Florence, où j'ai préféré courir les boutiques de DVD plutôt que de faire la queue derrière une foule de Japonais en furie pour aller visiter la Galerie des Offices ou le Palazzo Pitti (que j'avais déjà admirés il y a quelques années). Je reviendrai plus tard sur les quelques bricoles que j'ai dénichées, je tiens simplement à signaler que j'ai mis la main pour moins de 10 euro sur une édition italienne du sublimissime western sous amphet' de Ferdinando Baldi Blindman, le justicier aveugle, toujours inédit chez nous bien que trouvable dans la présente édition auprès de quelques revendeurs spécialisés parisiens (MK2 Bibliothèque, Album DVD de la rue Dante), sauf que là-bas, ça ne coûte pas 10 euro.
L'édition DVD : la spécialisation ou la mort ?
L'édition DVD est-elle viable ? C'est une question que je me pose, songeant depuis quelque temps à me lancer dans l'aventure. A vrai dire, l'époque actuelle ne paraît guère propice à une telle entreprise. Le support DVD est en passe d'être supplanté par le Blu-Ray - et pour ma part, immobiliste comme je suis, ce n'est pas demain la veille que je laisserai tomber mon vieux lecteur DVD - et le téléchargement sur Internet semble se "démocratiser", si je puis me permettre l'expression. Nombreux sont les éditeurs qui ne font qu'un petit tour et puis s'en vont, incapables de rentabiliser l'argent investi dans des produits pourtant très soignés. Certains résistent, et gloire à eux. C'est ainsi que Artus Films, qui n'avait rien ajouté à son maigre catalogue depuis plus d"un an, après avoir gagné le respect des cinéphiles en proposant courageusement de magnifiques éditions du Chevalier Blanc de Gentilomo et de la Sorcière Sanglante de Margheriti, vient de se manifester de nouveau en annonçant la sortie prochaine de cinq titres relatifs au mésestimé courant de "l'érosvastika" (cf. article "Requiem pour nos beaux fanzines d'antan").
Artus Films faisait d'ailleurs partie des éditeurs présents lors des "Journées du DVD et des éditions indépendantes", qui se sont tenues les 1er et 2 mars derniers à Paris. Une manifestation ô combien excitante, mais dont on a appris l'existence qu'après-coup, les principaux sites susceptibles d'en parler (je pense au portail Internet de Mad Movies et surtout à Devildead.com) ayant inexplicablement passé l'information sous silence. C'est bien dommage, car autour de ce salon étaient réunis quelques-uns des éditeurs les plus atypiques.
Voilà sans doute la clé pour réussir dans l'édition DVD : être atypique, se positionner sur un créneau très spécialisé, proposer des films originaux. Le paysage français de l'édition DVD semble être d'accord avec ce point de vue. Il existe par chez nous une (relative) quantité de petits éditeurs oeuvrant chacun dans un domaine précis, se gardant ainsi de la concurrence. Clavis Films, émanation d'une maison de production hongroise désormais établie à Paris, propose un large panel de films issus de l'âge d'or du cinéma magyar, de Miklos Jancso à Istvan Szabo en passant par Marta Meszaros et Belà Tarr. De ce dernier, Clavis a eu courage de sortir dans une prestigieuse édition en 3 DVD le monstrueux Satantango, long de 7h30. Malavida Films s'est également engagé dans le créneau du cinéma d'auteur en provenance d'Europe de l'Est, de Pologne plus exactement. Wajda, Kawalerowicz et tout Wojciech Has figurent au catalogue. Koba Films a eu l'excellente initiative de rééditer les vieux feuilletons de la télévision française. Il est désormais possible de revoir les épisodes de Rocambole ou de L'Île aux Trente Cercueils ou des téléfilms de prestige tels que La Controverse de Valladolid avec Carmet, Trintignant et Marielle. Parmi cette sélection, signalons enfin Les éditions BQHL, qui ont investi le marché du film gay et lesbien, non sans négliger le cinéphile hétéro, comme le prouve l'indispensable collection des aventures de Dolemite, figure essentielle de la Blaxploitation.
"Si c'est de l'or, c'est collector !"
Un mot, un seul, et les linguistes intégristes en ont le tournis. Ce mot, c'est "collector". Un anglicisme qui pollue de plus en plus notre vocabulaire, au même titre que les déjà médiocres "best of" ou "making of". Avez-vous remarqué, chers amis, comme désormais tout est "collector" ? Même le sage Norbert Moutier, cinéaste, éditeur et vendeur de fanzines spécialisés dans le cinéma "bis", tenancier de la géniale boutique BD Ciné et personnage conservateur en diable (il ne prend pas les cartes bancaires, rechigne à vendre du DVD plutôt que de la VHS et ne possède pas de messagerie Internet), s'est un jour laissé aller à employer le maudit vocable pour justifier du prix prohibitif des quelques cassettes ornant encore ses étagères poussiéreuses. M'étonnant du tarif demandé pour l'acquisition des éditons VHS de Grizzly et Guyana, Secte de l'enfer (15 euro pièce, ou "99 francs de l'époque"), il me répondit : "Oui, mais c'est collector", c'est-à-dire "rare, car toujours inédit en DVD".
En fait, ce terme est davantage usité depuis l'apparition du DVD. Gargarisés par les formidables possibilités du support circulaire, notamment celles d'ajouter des "à côtés" (film du tournage, affiches, bandes-annonces etc), les éditeurs ont trouvé un bon moyen de rentabiliser leurs investissements en commercialisant le produit dans une édition simple et dans une édition dite "collector" (ou "spéciale", ou "limitée", c'est selon), gonflée de suppléments plus ou moins dispensables destinés à justifier un prix plus élevé. Les sites de vente par correspondance ont permis l'utilisation à outrance de l'appellation, tant est si bien qu'on lui prête désormais deux sens distincts : d'un côté, un objet rare, recherché par les collectionneurs, et de l'autre un objet "enrichi' en contenu. Dieu merci, cette terminologie ne s'applique pour l'instant qu'à certains types de produits (films, livres, disques), mais il se pourrait bien qu'un "yaourt collector" (enrichi en bifidus actif, avec des oligo-éléments en bonus et une figurine au fond du pot en édition limitée) fasse un jour son apparition dans les grandes surfaces.
Guerre entre les Guignols et le cinéma français
Quiconque regarde fréquemment les Guignols de l'Info sur Canal+ ne peut ignorer les remarques désobligeantes incessamment adressées par les auteurs de l'émission au cinéma hexagonal. On y voit la marionnette de Michel Denisot énumérer avec lassitude des titres de films formés sur la base de l'impératif ou du discours direct (généralement à la première personne du singulier). Il faut bien reconnaître que Bruno Gaccio et confrères ont mis là le doigt sur une tendance maladive de notre cinéma. En effet, on ne compte plus ces dernières années le nombre de titres de films arborant les formes en question. Petit florilège : Pars vite et reviens tard, Ne le dis à personne, Je crois que je l'aime, J'me sens pas belle, J'veux pas que tu t'en ailles, Tout va bien, ne t'en fais pas, J'attends quelqu'un, Comme t'y es belle (quelle horreur, ce titre !), Et toi, t'es sur qui ? (pas mal, celui-là !), Prête-moi ta main et les deux derniers en date, Il y a longtemps que je t'aime et J'ai toujours rêvé d'être un gangster (ouf !). Bref, cette profusion de titres issus du langage parlé donne le tournis. Reconnaissons que cette mauvaise habitude ne date pas d'hier, la comédie franchouillarde des années 70-80 s'en est aussi outrageusement accomodée (deux exemples spontanés : N'oublie pas ton père au vestiaire et Prends ta Rolls... et va pointer, avec notre Jean Lefebvre national). Outre le fait d'embarrasser considérablement le spectateur au moment d'avouer à son ami quel film il est allé voir la veille, ces formes syntaxiques ont aussi une fâcheuse tendance à s'appliquer à des oeuvres manquant cruellement d'esprit franchouillard. Du coup, les Guignols, par l'intermédiaire du bout-en-train Denisot et du spécialiste ès-recettes financières Laurent Weil, s'en donnent à coeur joie : Tu devrais pas t'en faire, je crois que tu vas bien, Souviens-toi quand on s'aimait et le génial N'aie pas peur de m'aimer, il reste du pain dans la cuisine... On regretterait presque que ces films n'existent pas ! Plus sérieusement, cette histoire de titres ronflants mise à part, c'est faire un mauvais procès au cinéma français que de l'enfermer constamment dans la catégorie "cinéma d'auteur verbeux et mou de la chique". Les bons films abondent davantage que les titres pompeux. Contre-enquête, MR73, Le serpent, Truands, Mon meilleur ami, La doublure, A l'intérieur, Les brigades du tigre sont parmi les bons films français que j'ai vus dernièrement.
Hôtel Chevalier : un standard des 60's sur la BO
Le film The Darjeeling Limited de Wes Anderson, sorti récemment dans les salles françaises, a la particularité de comporter un prologue sous forme de court-métrage, dont des extraits sont légalement visibles sur le Net. Intitulé Hôtel Chevalier, le film ne montre rien d'autre qu'un couple batifolant dans une chambre d'hôtel parisienne. L'intérêt de cette curiosité, pure opération commerciale destinée à pousser le spectateur à se ruer dans une salle obscure pour voir la suite, réside en deux points que l'on n'attribuera pas au seul talent d'Anderson. D'une part, la présence d'une Natalie Portman entièrement dévêtue, assouvissant enfin le fantasme d'un bon nombre d'admirateurs. Selon certaines sources, la comédienne aurait par la suite regretté de s'être ainsi affichée en tenue d'Eve. D'autre part, et c'est un fait notable, un standard oublié des années 60 en guise de bande originale, en l'occurence "Where do you go to, my lovely" de Peter Sarstedt, qui a occupé pendant six semaines la première place des charts britanniques en 1969. Sublime chanson d'influence folk qui raconte le parcours d'une certaine Marie-Claire, raconté par un ami d'enfance. Chanson sans doute choisie par Anderson en raison de ses nombreuses références à Paris et à la scène musicale française de l'époque (You talk like Marlene Dietrich/And you dance like Zizi Jeanmaire/(...)You live in a fancy appartement/Of the Boulevard St. Michel/Where you keep your Rolling Stones records/And a friend of Sacha Distel/(...)I've seen all your qualifications/You got from the Sorbonne).
Charlton Heston, l'adieu d'un géant
Honte à moi qui, au moment du décés de Richard Widmark, avais omis de mentionner Charlton Heston parmi les dernières légendes d'Hollywood encore en vie. L'actualité a tôt fait de me le rappeler car le grand Charlton vient à son tour de disparaître à l'âge de 84 ans. Ses fonctions à la tête de la National Rifle Association (le puissant lobby des armes à feu aux Etats-Unis) depuis 1998, qui en ont fait la cible privilégiée du peu recommendable Michael Moore, nous ont fait oublier quel immense comédien il a été. Outre les archi-connus Ben Hur et Les Dix Commandements, sa foisonnante filmographie comporte un certain nombre de films d'aventures remarquables. De mémoire, je citerais L'appel de la forêt, Khartoum et le flamboyant Les 55 jours de Pekin. Charlton Heston, c'était aussi le héros viril d'un film qui a marqué mon enfance, Tremblement de terre, avec des maquettes de Los Angeles qui s'effondrent et notre pauvre Charlton qui, au beau milieu des ruines, doit choisir entre son épouse (Ava Gardner) et sa maîtresse (Geneviève Bujold). Ces vingt dernières années, il avait considérablement ralenti sa carrière, réservant ses précieuses apparitions pour son fiston Fraser C. Heston et d'autres privilégiés, comme John Carpenter qui lui avait confié le rôle d'un éditeur dans le terrifiant L'antre de la folie. Quoiqu'en dise l'autre terroriste binoclard, tu nous manqueras, Charlie...
Fitna : la vérité sur l'Islam ?
Fitna ("La discorde" en arabe), montage documentaire d'une quinzaine de minutes mettant en lumière l'obscurantisme islamique, sème le trouble depuis quelques jours entre les ayatollahs de la tolérance tous azimuts et les esprits éclairés appelant l'Europe à contrer une islamisation nuisible à son intégrité. Retiré du site hôte Liveleak.com pour cause de "menaces contre son personnel", l'objet de la discorde reste visible sur YouTube (lien direct ici-même).
Le député néerlandais Geert Wilders est l’instigateur de Fitna, un court documentaire qui met en alerte le monde civilisé contre le danger que représente une idéologie islamique appliquant strictement les préceptes du Coran. D’emblée provocateur, le film s’ouvre sur l’une des fameuses caricatures danoises du prophète Mahomet (le représentant avec une bombe dissimulé dans son turban) puis, par un montage certes très manichéen mais tout à fait significatif, extrait certaines citations du Coran prônant l’élimination des infidèles pour les illustrer par des images montrant leur mise en application (les attentats contre le World Trade Centre et les gares de Madrid), ceci à grand renfort d’effets de dramatisation extrêmes (des appels téléphoniques de victimes au moment des drames). Puis s’en suivent des images d’imams appelant au massacre des ennemis d’Allah, et puis particulièrement des Juifs. Sur une vidéo, une fillette, biberonnée à la haine dès sa naissance, dit que « les Juifs sont des singes et des porcs, parce que le Coran le dit ». Retour aux citations du Livre Saint, mises en parallèle avec l’assassinat du cinéaste Theo Van Gogh et la décapitation d’un otage encore vivant par des hommes cagoulés (images que l’on peut voir dans leur insoutenable intégralité sur des sites islamiques). Le film fonctionne ainsi, s’employant à montrer que l’Islam, appliqué strictement selon ses principes rigoristes, est une religion dangereuse. Qu’il ne faut pas la laisser « pénétrer » notre société au risque de voir les ténèbres s’abattre sur nous (les images finales traduisent cette idée).
N’étant pas très calé en histoire religieuse, j’ai fait appel aux connaissances encyclopédiques d’un ami ayant, dans sa jeunesse, fréquenté l’une de ces écoles coraniques inculquant aux jeunes esprits la haine de l’Occident. Un esprit désormais sain en qui j’ai toute confiance. Selon lui, le Coran, tel qu’il est enseigné dans ces écoles - dont certaines sont paisiblement installées en territoire de tradition chrétienne - contient bel et bien les sourates citées dans le film. En théorie, et c’est là l’idée maîtresse du film, l’Islam dit "modéré" n’existe donc pas. Le musulman «modéré» serait en fait un musulman qui n’appliquerait pas entièrement les principes du Coran, ou qui en possède une version édulcorée, censurée, c’est-à-dire «occidentalisée», ou bien qui dirait que de telles citations sont sorties de leur contexte. Au-delà de ces débats de spécialistes (contient/contient pas ?), le film de Wilders, par l’intérêt qu’il suscite, a le mérite de pointer du doigt ce qui, sous la néfaste influence d’intellectuels de gauche galvanisés par quatorze années d’un mitterrandisme insoluble, qualifie aujourd’hui la mentalité française (car, à bien des égards, la France est comparable aux Pays-Bas) : La tolérance ignorante, qui aurait pour devise : «Sois tolérant, même avec ce que tu ignores» (Tolerate all, even what you ignore). C’est ce qui pervertit aujourd’hui notre pensée et notre classe politique. Chez nous, lorsqu’il s’agit de polémiquer sur des sujets ayant trait aux mœurs religieuses ou sexuelles, le débat est sans cesse unilatéral. La parole n’est donnée qu’à ceux qui s’acharnent à prouver que tel ou tel courant de pensée peut être tolérant, modéré, que le critiquer serait faire preuve d’intolérance. Philippe de Villiers, penchant gaulois de Geert Wilders, aurait-il droit de cité sur une chaîne de télévision ?
Posons-nous enfin la question suivante : Le film Fitna suscite l’indignation chez nous, mais surprend-il vraiment en Afghanistan, en Arabie Saoudite ou au Pakistan ? La réponse est non. Là-bas, personne n’est surpris. Les images que Wilders adresse comme des critiques, là-bas certains les regardent en boucle et les prennent pour argent comptant. Les adeptes de Ben Laden pourraient même s’en servir pour leur propre propagande, car bien malgré elle, l’œuvre est entièrement dédiée à leur gloire. A ceux-là même qui, aujourd’hui, essaient de tirer avantage de cette polémique anormale en menaçant quiconque adhère aux propos du parlementaire batave d’un funeste destin.
N’étant pas très calé en histoire religieuse, j’ai fait appel aux connaissances encyclopédiques d’un ami ayant, dans sa jeunesse, fréquenté l’une de ces écoles coraniques inculquant aux jeunes esprits la haine de l’Occident. Un esprit désormais sain en qui j’ai toute confiance. Selon lui, le Coran, tel qu’il est enseigné dans ces écoles - dont certaines sont paisiblement installées en territoire de tradition chrétienne - contient bel et bien les sourates citées dans le film. En théorie, et c’est là l’idée maîtresse du film, l’Islam dit "modéré" n’existe donc pas. Le musulman «modéré» serait en fait un musulman qui n’appliquerait pas entièrement les principes du Coran, ou qui en possède une version édulcorée, censurée, c’est-à-dire «occidentalisée», ou bien qui dirait que de telles citations sont sorties de leur contexte. Au-delà de ces débats de spécialistes (contient/contient pas ?), le film de Wilders, par l’intérêt qu’il suscite, a le mérite de pointer du doigt ce qui, sous la néfaste influence d’intellectuels de gauche galvanisés par quatorze années d’un mitterrandisme insoluble, qualifie aujourd’hui la mentalité française (car, à bien des égards, la France est comparable aux Pays-Bas) : La tolérance ignorante, qui aurait pour devise : «Sois tolérant, même avec ce que tu ignores» (Tolerate all, even what you ignore). C’est ce qui pervertit aujourd’hui notre pensée et notre classe politique. Chez nous, lorsqu’il s’agit de polémiquer sur des sujets ayant trait aux mœurs religieuses ou sexuelles, le débat est sans cesse unilatéral. La parole n’est donnée qu’à ceux qui s’acharnent à prouver que tel ou tel courant de pensée peut être tolérant, modéré, que le critiquer serait faire preuve d’intolérance. Philippe de Villiers, penchant gaulois de Geert Wilders, aurait-il droit de cité sur une chaîne de télévision ?
Posons-nous enfin la question suivante : Le film Fitna suscite l’indignation chez nous, mais surprend-il vraiment en Afghanistan, en Arabie Saoudite ou au Pakistan ? La réponse est non. Là-bas, personne n’est surpris. Les images que Wilders adresse comme des critiques, là-bas certains les regardent en boucle et les prennent pour argent comptant. Les adeptes de Ben Laden pourraient même s’en servir pour leur propre propagande, car bien malgré elle, l’œuvre est entièrement dédiée à leur gloire. A ceux-là même qui, aujourd’hui, essaient de tirer avantage de cette polémique anormale en menaçant quiconque adhère aux propos du parlementaire batave d’un funeste destin.
Notes subsidiaires : En réponse à Fitna, plusieurs autres montages se sont ajoutés sur YouTube. L’un applique à la Bible le principe des citations compromettantes, faisant ainsi croire que la Chrétienté et l’Islam se valent en termes de propos haineux, un autre, abusivement titré Fitna the movie (Official French), montre des images de la Palestine sous les assauts israéliens, accompagnées par une version arabisante de Conquest of Paradise de Vangelis.
A l'Eurovision, la France chantera...en anglais
On le craignait, on se doutait qu'on y arriverait un jour où l'autre. Pour pallier au classement désastreux de la France ces deux dernières décennies au concours de l'Eurovision, organisé cette année à Belgrade en Serbie, France 2 a décidé de jouer le tout pour le tout en envoyant au casse-pipe un certain Sébastien Tellier, connu de certains mais pas de moi, avec une chanson en anglais. Officiellement, ladite chanson intitulée "Divine" serait "bilingue anglais/français", mais la version définitive jouée lors de l'émission Ce soir ou jamais (visible ici même) ne nous laisse ouïr que quelques mots dans la langue de Molière. Si l'on considère que le concours a perdu l'essentiel de son attrait le jour où les organisateurs ont autorisé les participants à chanter dans une autre langue que la leur, on peut dire aujourd'hui qu'il a franchi une nouvelle étape dans son processus d'auto-destruction, la France comptant parmi les dernières nations à résister au recours à l'anglais. C'est dommage, car musicalement parlant la chanson n'est pas déplaisante. De toute façon, si la qualité était gage de victoire à l'Eurovision, ça se saurait. Il y a belle lurette que les copinages et les affinités socio-politico-culturelles ont pris le pas sur les goûts artistiques de chacun. On peut d'ores et déjà prédire que les Serbes, même s'ils apprécient notre chanson, ne nous donnerons pas le moindre point, la faute à notre empressement à reconnaître l'indépendance du Kosovo. C'est beau, l'amitié entre les peuples...
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Dernière minute : Lemonde.fr nous apprend hier que, suite aux jérémiades de l'ancien secrétaire d'Etat à la francophonie Jean-Marie Bockel, Tellier a décidé de rajouter quelques lignes en français dans la mélodie chantée à l'occasion du concours.
Medusa Fanzine renaît de ses cendres
Notre bien-aimé fanzine Medusa ressuscitera pour un 23ème numéro avant la fin de l'année 2008. C'est Didier Lefèvre (car je présume que c'est lui) qui l'annonce dans un très bref commentaire à l'article "Requiem pour nos beaux fanzines d'antan" publié sur l'ancienne adresse du blog, confirmant de fait ce qu'il avait plus ou moins laissé entendre sur son espace MySpace. Je m'en réjouis d'avance, enfin une saine lecture en cette période de vaches maigres. En espérant que cette résurrection donne des idées aux autres. Osons rêver d'un couplé Medusa-Le Bissophile pour Noël...
Taxes sur les risques d'obésité
Un mot sur les récentes propositions du "Club des 13" formé par la réalisatrice Pascale Ferran, pour secourir un cinéma français qui, selon un rapport du collectif, serait dans un état de délabrement alarmant. Ou plutôt un mot sur une proposition (peut-être la plus anecdotique) qui m'a particulièrement interpellé : taxer les friandises vendues dans les salles de cinéma au profit de l'avance sur recettes et de l'équipement en projection numérique des salles indépendantes. L'idée me paraît excellente. Rappelons que ce marché ne profite exclusivement qu'aux gros exploitants et leur permet de réaliser des recettes parfois supérieures à celles des places de cinéma. Ni les distributeurs ni les producteurs ne tirent avantage de ce juteux business, tandis que les salles d'art et essai sont généralement équipées d"un ou deux distributeurs. Ces friandises dégueulasses sont souvent le meilleur argument pour appâter le beauf et sa marmaille, qui viennent au ciné pour bouffer du pop-corn et perturbent les projections en fouillant bruyamment dans leurs sachets de bonbons Haribo. Si les taxes pouvaient faire fuir cette clientèle indésirable au profit des vrais cinéphiles, ce serait une bonne chose. Et puis il faudrait s'assurer qu'une fois dans la salle de ciné, le p'tit Brandon n'occupe pas plus d'un fauteuil...
Richard Widmark n'est plus
Triste nouvelle : Richard Widmark s'est s'éteint à l'âge respectable de 93 ans. Son nom s'ajoute à la longue liste des monstres sacrés de l'âge d'or d'Hollywood, des derniers grands témoins de l'apogée du cinéma américain, qui nous quittent progressivement. Il ne reste guère plus que Kirk Douglas (91 ans), Lauren Bacall (83 ans), Ernie Borgnine (91 ans), Mickey Rooney (87 ans). A la différence des comédiens susnommés qui ont longtemps poursuivi et poursuivent même encore aujourd'hui leur interminable carrière (j'ai vu Rooney dernièrement dans La nuit au musée, il pète la forme, le vieux !), Richard Widmark n'était plus apparu au cinéma depuis le début des années 80, préférant animer de son auguste présence quelques téléfilms de qualité moyenne, tels que Blackout de Douglas Hickox où, en vieux flic désabusé, il s'opposait à un tueur de mères de famille joué par Keith Carradine. Les médias s'accordent à dire que le rôle le plus marquant de l'acteur, originaire du Minnesota, fut celui du tueur psychopathe Tommy Udo dans La carrefour de la mort (Kiss of Death) de Henry Hathaway en 1947, son premier rôle au cinéma, et quel rôle ! Un personnage reconnaissable à son rire névrotique, que l'acteur expliquait en ces termes, selon la dépêche Reuters qui a communiqué l'information de son décès : "Quand je doute, je ris (...) Et comme c'était mon premier rôle et que tout cela était nouveau pour moi, j'ai beaucoup ri... Et puis c'est aussi lié au fait que j'ai toujours eu un rire un peu dingue". L'annonce de la mort de Widmark a du en surprendre plus d'un, son absence prolongée sur les écrans et dans la presse laissant penser qu'il était décédé depuis déjà bien longtemps. Je me suis moi-même surpris dernièrement à me demander ce qu'il devenait. Souhaitons longue vie à ceux qui restent, et à tous ceux que j'ai oublié... Tiens, pendant que j'y suis, Eli Wallach (92 ans), Jane Russell (86 ans), Zsa Zsa Gabor (91 ans)...
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