L'assassinat de la journaliste Anna Politkovskaïa, qui pour certains porte la marque du FSB, l'ex-KGB auquel a appartenu Poutine, a renforcé l'idée que, dans une Russie pourtant en proie aux séparatismes de tous poils, c'est bien l'État qui est le véritable "terroriste". J'ai eu l'occasion de voir récemment trois documentaires plus anciens qui traitent à leur manière de la nature complexe du terrorisme en Russie, avec l'actualité comme toile de fond.
Au mois de mars dernier s'est tenue à Genève la sixième édition du Festival du Films sur les Droits Humains. La Française Manon Loizeau y a présenté un documentaire d'une demi-heure en hommage à la journaliste russe Anna Politkovskaïa, fameuse voix d'opposition au régime totalitaire de Vladimir Poutine, assassinée en 2006. Reporter russophile, Manon Loizeau a réalisé nombre de reportages sur les conflits politiques et ethniques qui affectent la Russie depuis l'éclatement de l'Union Soviétique. L'un d'eux, Meurtres en série au pays de Poutine, consacré à l'affaire Litvinenko, a été diffusé sur Arte au mois de février. Pour Retour à Beslan, réalisé il y a trois ans, Manon Loizeau a mené une enquête sérieuse, directe et efficace à Moscou et en Ossétie pour tenter de comprendre ce qui a bien pu, en ce triste 3 septembre 2004 où un commando tchétchène a pris en otages les occupants d’une école de Beslan, conduire à la mort de plus de 300 personnes, dont une moitié d’enfants. Entre les ruines du bâtiment, la réalisatrice interroge les survivants du carnage, tandis que dans la capitale elle rend visite aux rares journalistes indépendants qui osent encore affirmer la responsabilité de l’armée dans la tournure catastrophique des évènements.
La chaîne britannique HBO est à l’initiative de nombreux reportages sensationnalistes. L'un d'eux, Terror in Moscow (un titre digne d’un roman d’espionnage !) de Dan Reed, raconte minute par minute, au moyen d’images inédites tournées à l’intérieur même du lieu de l’action, la prise d’otages du théâtre de Moscou en octobre 2002. Ni polémique ni réflexif, ce reportage se contente d’une approche événementielle des faits, ce qui le rend à la fois très accessible et très creux.
The 3 Rooms of Melancholia traite du thème de la guerre. Découpé en trois parties distinctes (les trois « chambres » du titre), ce long-métrage de 106 minutes aborde le conflit en Tchétchénie sous l’angle esthétique, laissant en priorité la parole aux images. La réalisatrice finlandaise Pirjo Honkasalo a d’abord posé sa caméra dans une école de futurs officiers russes, à Kronstadt, non loin de St. Petersbourg, pour y dénoncer la robotisation et l’exploitation, à des fins guerrières, d’une jeunesse miséreuse et sans repères, puis est partie pour Groznyï, la capitale tchétchène, filmer les dégâts de l’Armée Rouge avant de se rendre en Ingouchie, petite province musulmane frontalière de la Tchétchénie , prendre le pouls d’une population bien décidée à préserver ses traditions et à faire face à l’ennemi.
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