Critiques. L'Antre de la bête s'intéresse à la série Maneater, compilation de longs-métrages horrifiques essentiellement produite pour la chaîne SyFy mettant en scène des bestioles mangeuses d'hommes.
J'ai une passion particulière pour les films d'attaques animales. Sans doute parce qu'ils combinent à la fois le plaisir de voir le monde animal prendre sa revanche sur la bêtise humaine, des scénarios improbables de mutations génétiques, de radiations nucléaires, d'épidémies ravageuses transformant les bébêtes en créatures carnassières, et des effets spéciaux alliant images numériques, technologie "animatronique" et créations artisanales, associés au dressage de véritables animaux, rivalisant d'ingénuité pour donner aux bestioles un aspect à la fois crédible et menaçant. Le sous-genre d'attaques animales a surtout été, et demeure aujourd'hui encore, un inépuisable vivier pour producteurs sans le sou, et on ne compte plus les séries B mettant en scènes des créatures avides de chair humaine. Hors du sentier balisé des pré-copies de futurs succès à gros budgets, The Asylum s'est notamment lancé dernièrement dans une série de produits aux titres improbables (Mega Shark Vs Giant Octopus, Mega Piranha, Mega Shark Vs. Crocosaurus...), sur lesquels nous reviendront sûrement un de ces jours. Je vous invite par ailleurs à vous rendre sur l'excellent site francophone Animalattack.info, qui répertorie et critique avec une exhaustivité impressionnante tous les films du genre.
Mais c'est la série Maneater qui attire aujourd'hui notre attention. Dès 2007, RHI Entertainment produit pour la chaîne américaine Sci Fi Channel une anthologie de longs-métrages fantastiques mettant en scène des créatures dévoreuses d'hommes. Il y sera question tout autant d'animaux existant (ours, tigre, fourmis, singes...) que d'espèces non-répertoriées dérivant de la mythologie ou de quelconque légende (gargouilles, yéti, loups-garous, monstre des marécages...). SyFy alimentera aussi ses programmes d'autres films du même acabit produits par d'autres boites (comme Cinetel). Parmi les points communs à toutes ces pellicules: un langage modéré (tout juste quelques "son of a bitch" par-ci par-là), des débordements sanglants contenus, format télévisé oblige, des têtes d'affiches qui n'ont plus depuis longtemps les honneurs du grand écran (F. Murray Abraham, Michael Madsen, Lou Diamond Phillips, Ben Cross...), des tournages délocalisés entre le Canada, la Roumanie et la Thaïlande, et des jaquettes aguichantes qui sur-vendent le produit. Tour d'horizon des titres que j'ai eu l'occasion de visionner.
Les bonnes pioches
Sand Serpents de Jeff Renfroe avec Jason Gedrick. Il est toujours bon, dans un film dit "d'attaques animales", de montrer lesdites bestioles le plus possible, car après tout c'est pour elle que nous sommes là. Cet opus n'est pas avare en plans larges sur les "serpents de sable", en réalité de gigantesques invertébrés carnivores qui viennent perturber la guerre que se livrent soldats américains et Taliban dans une région rocailleuse d'Afghanistan reconstituée aux environs de Bucarest. Script original, personnages attachants, effets numériques convaincants, le haut du panier de la série.
Croc de Stewart Raffill avec Michael Madsen. D'abord il y a la Thaïlande. Des filles à se damner. Puis il y a le croco. Et celui-ci est un vrai méchant, un monstre bouffeur d'enfants qui hante les abords d'une station balnéaire. Pas d'effets digitaux minables mais l'utilisation d'un véritable animal, filmé sous tous les angles, habilement remplacé par une doublure faite mains pour les attaques, qui sont nombreuses et toujours spectaculaires. Michael Madsen profite de son séjour tous frais payés en Asie dans un rôle de chasseur d'amphibiens qui lui va bien. Pour résumer, la Thaïlande, les filles, Madsen, un méga croco qui a de la gueule. Sous des faux airs d'énième DTV moisi, un bon petit film de crocodile vorace qui vaut bien les deux suites de Lake Placid.
Les moyens bof
Rise of the Gargoyles de Bill Corcoran avec Eric Balfour et Nick Mancuso. Tournée en studio en Roumanie, l'histoire est censée se passer à Paris, et l'illusion fonctionne mieux que dans le nullissime Catacombs (voir critique), car les seconds rôles n'ont pas d'accent de l'Est et les vues aériennes de la capitale sont là pour rappeler le contexte. Eric Balfour, auquel on promettait une carrière fulgurante et qui enchaîne avec une constance dangereuse les low-budget destinés au marché vidéo (dont Dinoshark, une récente production Corman avec une autre bestiole dont on devine l'aspect), est un professeur d'antiquité en poste à Paris qui affronte des gargouilles en images de synthèse, cachées dans les décombres d'une église. Il y a un inspecteur de police franchouillard très cliché, des boyaux éparpillés un peu partout, une décapitation rigolote, une journaliste qui bosse pour Ici France (sic). Réalisé avec professionnalisme et jamais ennuyeux.
Sea Beast de Paul Ziller avec Corin Nemec. Après un début très laborieux, cette production Cinetel tournée au Canada offre son lot de cadavres déchiquetés et d'attaques violentes. On ne saura jamais d'où vient la créature amphibie qui s'en prend à un petit port de pêche, celle-ci a le pouvoir de se rendre transparente, de propulser un venin paralysant et de pondre des centaines d'œufs à une vitesse fulgurante. Elle peut aussi grimper aux arbres et utiliser sa langue élastique pour capturer ses proies. Je baptise cette nouvelle espèce "la baudroie-caméléon géante ovipare-vinicole-venimeuse de Colombie-Britannique".
Les vilains petits canards
Blood Monkey de Robert Young avec F. Murray Abraham. Celui-ci est tourné en Thaïlande, et il ne s'y passe absolument rien. Les apparitions du prétendu singe sanguinaire qui pourchasse des étudiants naïfs à travers la jungle sont réduites à des jeux d'ombres et des gros plans numériques très laids de canines baveuses. Une pure perte de temps.
Hellhounds de Rick Schroder avec Ben Cross. Étonnant de voir Rick Schroder, ancien enfant-star et Petit Lord Fauntleroy tombé en disgrâce, aux commandes de ce croisement improbable entre Zoltan, le chien de Dracula et un épisode de Xena. Si le décor est plutôt séduisant (la Grèce antique) et l'intrigue originale (un guerrier descends aux Enfers pour y ramener son épouse assassinée), la promenade des héros dans les abîmes de l'Enfer selon Hadès s'avère fort peu passionnante, d'autant que les molosses que nous promet le titre sont moches à pleurer. Tourné en Roumanie.
Grizzly Rage de David DeCoteau avec des gens pas connus. Quand il n'est pas occupé à réaliser des cochoncetés érotico-homo-fantastiques, David DeCoteau est débauché pour filmer un grizzly dans un parc naturel et, par la magie du montage, faire comme s'il poursuivait de sa vindicte quatre abrutis qui ont osé tuer son ourson. La seule satisfaction que procure ce téléfilm sans panache, c'est que pour une fois, c'est l'animal qui triomphe.
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