mardi 29 septembre 2009

The Alphabet Killer chez Catchplay (Taïwan)

Faisons un zoom sur Catchplay, un distributeur de films en salles et en DVD qui compte à son actif pas mal de sorties intéressantes à Taïwan.

Catchplay
s'apprête par exemple à distribuer en salles Pandorum de Christian Alvart (qui sortira le 02 octobre ici) ainsi que Halloween II de Rob Zombie (le 21 octobre). Mais c'est du côté du DVD que l'on trouve les bricoles les plus intrigantes. Catchplay s'est en effet fendu d'éditions prestigieuses de films qui n'en demandaient pas tant, tels que
Crank 2: High Voltage, Kill Switch avec Steven Seagal et même d'un coffret pour In the Name of the King : A Dungeon Siege Tale d'Uwe Boll. J'ai pour ma part jeté mon dévolu sur le fort appétissant The Alphabet Killer de Rob Schmidt.

De Rob Schmidt, réalisateur de Wrong Turn, on attendait un thriller haut de gamme. The Alphabet Killer ne comble pas toutes les espérances mais s'avère plutôt recommandable. Un tueur de petites filles sévit dans la bourgade de Rochester, tandis que l'enquête est confiée à une jeune inspectrice que l'abnégation et l'ardeur déployées à démasquer le coupable conduisent à la dépression... L'idée d'un tueur choisissant ses victimes en fonction de leurs initiales était prometteuse, on regrette qu'elle soit abandonnée au profit de l'argument psychologique, fondé sur les démons intérieurs et les hallucinations de l'enquêtrice. Eliza Dushku porte le film sur ses frêles épaules. On est heureux de revoir Michael Ironside dans un rôle conséquent.

Robert Ginty s'en est allé

Une information passée relativement inaperçue, relayée par le blog de l'excellentissime site Nanarland.com. Robert Ginty, véritable icône du film d'exploitation écervelé, est décédé dernièrement à l'age de 60 ans. Connu du grand public pour un rôle récurrent dans la série Les têtes brûlées dans les années 70, Ginty le blond moustachu s'était illustré dans Exterminator (Le droit de tuer) de James Glickenhaus, l'un des films d'auto-défense les plus radicaux, puis dans un large panel de nanars de genre. Au cours de sa carrière, il avait croisé Jean-Marie Pallardy (l'inénarrable White Fire), Charles Band (L'alchimiste, pas vu), s'était aventuré en Italie (Le chevalier du monde perdu, un post-apocalyptique déplorable), avait tâté du film de jungle fauché (l'ennuyeux Le baroudeur) et du film anti-communiste primaire (l'amusant La mission). Sur une jaquette de VHS, le nom de Robert Ginty était automatiquement associé à "daube rigolote", mais certains esprits dérangés, dont le mien, s'en réjouissaient (et s'en réjouissent toujours). Nous vivons décidément des heures noires...

Pour quelques séries B (et un Asylum) de plus...


War of the Worlds
par The Asylum

«La guerre des mondes» de H.G. Wells vue par The Asylum. Ça n'est pas honteux, loin de là. Bien sûr les effets spéciaux numériques sont souvent risibles, mais insérés dans un décor de désolation soigneusement reconstitué, ils passent plutôt bien. Bien sûr l'image DV est parfois crasse, mais la qualité sonore est au rendez-vous. Bien sûr certains mouvements de foule souffrent d'un nombre insuffisant de figurants, mais l'interprétation concernée de C. Thomas Howell, épaulé par un Jake Busey (partiellement crédité sous le nom de William Busey !) venu prêter main forte, contrebalance ce défaut. Il s'agit là du cinquième film de The Asylum que je visionne, et si je dois tirer un premier bilan de cette digestion, je dirais que je suis agréablement surpris. Handicapée par des budgets anémiques qui collent mal à l'ambition de ses projets, la firme parvient pourtant à livrer des séries B ou Z plus ou moins potables en s'appuyant sur des scénarii astucieux et une troupe d'acteurs fidèles et motivés. Mais de toute évidence, les films estampillés «The Asylum» ne s'adressent pas à un public habituel. Il faut certainement beaucoup d'indulgence, et accessoirement avoir ingurgité au préalable pas mal d'autres trucs nauséabonds, pour y trouver un intérêt.

et aussi...

Behind Enemy Lines II : Axis of Evil
de James Dodson avec Nicholas Gonzalez, Peter Coyote, Bruce McGill.

S'il est une chose rare dans un film de guerre, c'est que les habituellement ennuyeuses séquences dites «de bureau», où le Président, le Secrétaire d'État à la Défense, divers conseillers patibulaires et une secrétaire-potiche discutaillent de l'avenir du monde, soient plus intéressantes que les scènes d'action sur le terrain. C'est pourtant bien ce qu'il se passe dans cette première séquelle (une autre, située en Colombie, est depuis apparue) pas vraiment indispensable de Behind Enemy Lines qui a au moins le bon goût de nous épargner la tête d'abruti de l'insupportable Owen Wilson, ici remplacé par Nicholas Gonzalez (qu'on a vu se faire bouffer dans Anacondas) entouré d'une belle brochette de seconds couteaux. Le territoire ennemi est ici la Corée du Nord où des marines sont largués afin de mettre hors d'usage une base de lancement de missiles.

Hatchet de Adam Green avec Kane Hodder, Robert Englund, Tony Todd.

Sans nul doute l'un des slashers les plus jouissifs de ces derniers mois, qui donne l'occasion à deux icônes du film d'horreur, Kane Hodder et John Carl Buechler, de revenir à ce qu'ils savent faire de mieux, jouer les massacreurs pour l'un, créer des maquillages d'enfer pour l'autre. Avec le difforme Victor Crowley, qui hante le bayou de Louisiane armé d'une hachette, le réalisateur avait pour ambition de créer un successeur crédible à Jason Voorhees. Kane Hodder, qui en connaît un rayon sur les tueurs siphonnés du bulbe, était le candidat idéal pour épouser la carcasse pourrie du croque-mitaine. Il y a de la tripaille à satiété (mâchoire écartelée, bras arrachés, tête retournée) et du nichon en quantité raisonnable (ceux de Mercedes McNab sont fort appétissants). En somme, tout ce dont nous autres avons besoin pour trouver le sommeil...


Hellraiser : Deader & Hellraiser : Hellworld de Rick Bota avec Doug Bradley.

Quiconque a autrefois été subjugué par le génie créateur de Clive Barker aura peine à trouver une quelconque parenté entre Hellraiser premier du nom et ces deux séquelles récentes portant les chiffres 7 et 8. Il n'est donc plus question de démons poursuivant sur Terre ceux qui ont échappés à leur enfer sadomasochiste et dont le corps peut être régénéré par le sang de victimes innocentes, mais plutôt de morts provoquées par le seul fait d'avoir activé la fameuse boite libérant les Cénobites. «Pinhead» est ici réduit à quelques apparitions, pendant que Rick Bota filme avec peu de conviction des acteurs médiocres livrés aux maquillages de Gary J. Tunnicliffe, qui accomplit ici un travail plus satisfaisant que sur Dracula II et III. Et puis disons-le une bonne fois pour toutes : c'en est assez de nous ressasser les mêmes cages d'escalier et les mêmes figurants débiles chaque fois qu'un film est tourné à Bucarest. Il est temps de changer de décor !

Half Past Dead 2 de Art Camacho avec Bill Goldberg et Kurupt.

Encore une production Andrew Stevens, qui a pris l'habitude de balancer des séquelles sans que l'on puisse se remémorer l'obscur succès auquel elles se réfèrent. Ici, il s'agit en l'occurrence du dernier film de Steven Seagal sorti en salles (ça fait un bail !). L'ancien catcheur Bill Goldberg prend la relève dans la salopette du gros baraqué et un rappeur en chasse un autre dans le rôle du Noir bavard. L'action se passe donc toujours dans une prison, où éclate une mutinerie permettant à un gang se prendre possession des lieux. Le baraqué et le Noir se retrouvent embarqués malgré eux dans l'histoire. De la bastonnade pas chère, torchée vite fait bien fait, c'est en somme tout ce dont nous autres avons besoin pour avoir l'esprit libre...

The Rockville Slayer de Marc Selz avec Joe Estevez, Robert Z'Dar et Linnea Quigley.

Le mouton noir de la famille Sheen (ou Estevez, c'est selon), l'ancien Maniac Cop sans son maquillage (encore plus moche qu'avec) et une ex-scream queen affamée, cela ne pouvait qu'être Z. C'est d'ailleurs dommage qu'il n'existe pas une autre lettre après Z car ce Rockville Slayer y aurait sûrement sa place. J'évoquais dans le commentaire sur War of the Worlds (voir plus haut) «des trucs nauséabonds» qui feraient passer les productions The Asylum pour du Claude Chabrol, en voilà justement un parfait exemple. Sans scénario, sans savoir-faire technique, avec des acteurs jetés en pâture et surtout sans le moindre travail de mixage (dialogues inaudibles suivis d'une musique à vous péter les tympans !), ce film est une véritable abomination. Si vous le voyez sur une étagère de vidéo-club, un conseil, passez votre chemin !

jeudi 17 septembre 2009

Necrologia

Dans la courte nécrologie établie en avril dernier au sujet des décès survenus depuis début 2009, j'ai omis quelques noms qui méritent d'être rappelés à notre mémoire. Celui notamment de Roland Lesaffre, visage récurrent du cinéma français d'après-guerre qui fit aussi de timides incursions dans le cinéma populaire italien. Je me souviens de son nom sur la jaquette de Destination Planète Hydra de Pietro Francisci et sur l'affiche de La fille des Tartares, juste en dessous de celui de Yoko Tani qui allait devenir sa femme. Décès également, à l'âge de 87 ans, de Jean Martin, qui fut un grand homme de théâtre mais surtout le téméraire, ambigu et loyal colonel Mathieu dans La bataille d'Alger de Pontecorvo. L'audacieux polar en noir et blanc 13 Tzameti nous avez fait redécouvrir, au milieu d'une ribambelle de gueules d'atmosphère, le profil émacié de Vania Vilers, qui nous a quitté le 22 avril dernier. Les nécrologies mentionnent surtout sa participation éphémère à la regrettable série Plus belle la vie ! (où, rappelons-le, s'est aussi égarée notre Catriona Mac Coll tant admirée) comme s'il s'agissait du rôle de sa vie. No comment... Enfin, je me sens honteux d'être passé à côté de la disparition d'une grande déesse du péplum : Gianna Maria Canale. Inoubiable Theodora, Impératrice de Byzance pour Vittorio Cottafavi, elle côtoiera à plusieurs reprises Steve Reeves (les travaux d'Hercule), Gérard Barray (Scaramouche), Gordon Scott et Georges Marchal (La révolte des gladiateurs). Dans Les vampires, son époux Riccardo Freda lui confiera LE rôle qui fera pleinement ressortir sa beauté ténébreuse. Elle avait 81 ans.

Disparition de Mary, du trio "Peter, Paul & Mary"

Mes amis et lecteurs assidus savent combien je chéris, au même titre que le cinéma d'exploitation, la musique country et son assise originelle, la musique folk. C'est donc avec tristesse que j'ai appris la disparition de Mary Travers, voix féminine du sublime trio folk "Peter, Paul & Mary". C'est en lisant, il y a fort longtemps, l'indispensable livre de Jacques Vassal Folksong (Albin-Michel) que j'ai découvert l'existence de cet harmonieux groupe qui a marqué la musique folk américaine des années soixante. Mary, c'était la jolie blondinette du trio, qui entonnait d'une voix poignante les accords de ses deux compères Peter Yarrow et Paul Stookey. Leur version de "Blowin' in the wind" de Dylan est supérieure à celle de Joan Baez, leur reprise de "Where have all the flowers gone" de Pete Seeger égale celle du Kingston Trio. Deux de leurs titres originaux, "If I had a hammer" et "Puff the Magic Dragon" furent adaptés en français par Claude François. Mary Travers avait 72 ans.

mercredi 16 septembre 2009

The Asylum : une terre d'asile pour la série Z

L'Antre de la Bête poursuit son exploration des productions The Asylum, entamée quelques articles plus bas.

Les productions The Asylum sont de ces machins pas très bien faits, pas très intelligents, pas très honnêtes, que l'on regarde d'un œil distrait tout en s'astiquant le poireau devant une vidéo de YouPorn. Dans ces circonstances, mais dans ces circonstances seulement (le Groland Mag'zine pouvant toutefois remplacer la vidéo de cul), la projection passe plutôt bien. Prenons par exemple Exorcism : The Possession of Gail Powers, dont le titre fait sans détour référence au déjà très B The Exorcism of Emily Rose et dont la jaquette du DVD taïwanais montre un sublime Luke Perry (ou un sosie) qui n'apparaît sublimement pas dans le film. Durant la petite heure et demi que dure cette sympathique daube, tout ce que l'on voit en guise de possession est une jeune fille se tortillant à moitié nue sur son lit en vociférant des insanités, et en guise d'exorcisme une séquence toute droit sortie de feu l'émission Mystères avec un prêtre aveugle à la musculature de catcheur brandissant une pauvre crucifix acheté 2 dollars au Cash Express du coin. L'image DV est bien moche et ne rend guère hommage aux efforts des acteurs, notamment Erica Roby, une charmante frimousse qui tient ici son premier rôle et accomplit une réelle performance. On saluera au passage la relative bonne tenue du casting dans ce film comme dans d'autres (The Hitchhiker était surprenant de ce côté-là), preuve que tout n'est pas forcément bâclé chez The Asylum. Erica Roby deviendra par la suite une régulière des productions de l'asile et apparaîtra, encore plus dénudée, dans Halloween Night qui occupe le haut du panier du catalogue «horreur» de la firme.


Torché à la hâte pour profiter de la sortie du fort décevant Halloween de Rob Zombie avec lequel il ne soutient la comparaison qu'en termes d'humilité, ce slasher pur jus a l'extrême bon goût de ne pas nous ennuyer un seul instant. Le principe de l'intrigue est qu'il n'y en a pas (ou peu) : le visage entièrement brûlé après avoir assisté dans son enfance au viol et au meurtre de sa maman, Christopher Vale s'échappe de l'hôpital et revient sur le lieu du crime que des ados crétins ont investi pour la nuit d'Halloween. Sans que l'on sache pourquoi, mais sans que ça ne paraisse illogique, il massacre les convives à la hachette. Les meurtres sont nombreux, toujours très sanglants, ponctués d'intermèdes érotiques généralement interrompus par l'irruption du tueur, dont le maquillage est assez réussi. Notons, c'est amusant, que le masque originel de Michael Myers - qui apparaît dans la séquence d'ouverture, porté par les assassins de la mère - est associé par le tueur au mal absolu, puisqu'il dessoude au premier regard deux bonshommes arborant ledit masque.

jeudi 10 septembre 2009

Werner Herzog, l'homme-grizzly et un DVD taïwanais

Je ne cacherai pas ici mon admiration pour Werner Herzog. Voilà probablement l'un des très rares cinéastes encore capables, après plusieurs décennies de carrière, de toucher à tous les genres avec la même exigence et la même qualité, à l'instar d'un Barbet Schroeder. Pour s'en persuader, il suffirait de visionner L'énigme de Kaspar Kauser puis Rescue Dawn, un film de guerre à contre-temps, tout à la fois épique, épuré, désespérant, débordant de vie, porté par l'abnégation sans faille de Christian Bale. C'est donc avec surprise et délice que j'ai découvert, ici même à Taipei, une bien belle édition DVD destinée au marché local* d'un autre OFNI de Werner, le documentaire Grizzly Man. On serait curieux de savoir pourquoi Herzog s'est tant pris d'intérêt pour l'histoire tragiquement futile (ou futilement tragique) du dénommé Timothy Treadwell, l'homme qui vécut plus de dix ans au contact des ours d'Alaska avant de périr cruellement sous les griffes de l'un d'eux. La réponse se trouve dans le film, que je vous invite à découvrir. L'oeuvre est d'autant plus intéressante qu'elle est surtout constituée des rushes tournés par Treadwell et non par Herzog, qui ici utilise le matériel filmique anodin d'un tiers pour mieux appréhender l'obsession de ce dernier. En d'autres termes, le regard d'un artiste professionnel sur le travail (l'existence et la mort) d'un misanthrope anonyme et atypique.

* C'est le distributeur Gull qui est à l'origine de ce DVD contenant des sous-titres anglais et chinois. Il a aussi distribué l'édition MK2 de l'inclassable 13 Tzameti.

mardi 8 septembre 2009

Des séries Z sorties d'un Asile de fous


Nous avions évoqué récemment, via la critique de Snakes on a train, la boite de production The Asylum qui s'est spécialisée dans la « pré-copie » des nouveaux succès hollywoodiens. Le concept est simple et audacieux : s'inspirer des futures grosses cylindrées issues des puissants studios (au moyens de bandes-annonces, aguiches...) pour produire à la va-vite des séries Z reprenant plus ou moins le concept de base des films «copiés», affublées d'un titre et d'un visuel promotionnel très proches des originaux. Opportuniste en diable, The Asylum se débrouille toujours pour mettre ses produits sur le marché avant même ceux de la Fox ou de la Paramount. Cela vise en partie à semer la confusion dans l'esprit étourdi ou pas très futé du locataire de DVD qui, croyant se mâter tranquillement un Da Vinci Code, tombera sur un très ressemblant Da Vinci Treasure, sans Tom Hanks mais avec plein d'acteurs inconnus et une image de qualité médiocre.

Une partie du catalogue The Asylum a été édité en DVD à Taïwan par la société Ching Da Video et plusieurs titres sont vendus au rabais dans les enseignes de la chaîne Blockbuster, dissimulés dans des corbeilles réservées aux indésirables où foisonnent aussi d'obscurs films de guerre russes et de fantômes asiatiques. Friand de confiseries qui donnent mal à l'estomac, j'en ai donc acquis quelques-uns, à commencer par Pirates of Treasure Island. Calqué sur l'imbuvable trilogie avec Johnny Depp mais se prévenant malicieusement de toute attaque en justice pour «plagiat» en se prétendant inspiré de «L'île au Trésor» de R.L. Stevenson, la chose fait donc intervenir Long John Silver sous les traits d'un Lance Henriksen désormais en tête de la liste des acteurs étiquetés «bon rapport qualité/prix». Lance cabotine comme un bambin au milieu de comédiens amateurs exécrables, à l'image du type censé interpréter un capitaine français. On ne s'étonnera jamais assez de l'incapacité des producteurs à engager des acteurs «natifs» lorsqu'il s'agit d'interpréter des étrangers. On ne me fera pas croire que dénicher en Californie un Frenchie assez aventureux pour accomplir la besogne relevait de l'impossible. Si on me l'avait proposer, je l'aurais même fait pour une poignée de dollars !... Bref, ces Pirates de l'île au Trésor ne s'activent qu'une heure et quart et pourtant cela semble une éternité. Sans doute pas l'un des meilleurs crûs de The Asylum...


Mis en chantier pour concurrencer le remake de The Hitcher auquel il est sans nul doute supérieur, The Hitchhiker est en revanche une bonne surprise. Le scénario est tout bête : quatre nanas en partance pour Vegas prennent en stop un beau mec qui se révèle un fieffé psychopathe souffrant de misogynie aigüe. Dans ce rôle tendancieux, l'acteur Jeff Denton, un habitué des productions de l'asile, est plutôt convaincant. Le réalisateur maison Leigh Scott filme avec un certain sens du rythme un scénario qui réussit l'exploit de ne pas être ennuyeux et de ne presque jamais souffrir d'invraisemblances. J'insiste ici sur le mot «presque» car il y a quand même une séquence qui vaut son pesant de cacahuètes : deux flics se présentent au motel où l'auto-stoppeur meurtrier retient les donzelles en otage, celui-ci sort alors pour accueillir les visiteurs et ferme derrière lui la porte toute maculée du sang d'un malheureux fraîchement abattu. Impossible de rater ce détail, pourtant les flics ne remarquent rien. Au fur et à mesure que le dialogue s'installe, on en vient presque à s'arracher les cheveux devant tant de laxisme (des flics comme du scénariste) en se disant «Mais comment ne peuvent-ils pas remarquer la porte ensanglantée ??!!». Une fois les questions d'usage expédiées, l'un des officiers finit enfin par demander «Au fait, qu'est-il arrivé à votre porte?». Ce sont aussi ces petits riens qui nous rappellent qu'on est bien là en terre bis.


à suivre...

mardi 1 septembre 2009

Aspects du cinéma d'horreur taïwanais


Alors qu'Invitation Only (chroniqué plus bas) est récemment sorti en DVD, j'ai entrepris de visionner d'autres représentants du cinéma fantastique taïwanais. Petit passage en revue.

Le fantôme demeure le leitmotiv du cinéma fantastique asiatique, et Taïwan ne fait pas exception à la règle. Le thème ayant désormais été exploité jusqu'à l'usure, il devient difficile d'innover. Pourtant Silk fait montre d'une créativité bienvenue. Le film de Chao-Bin Su fait subtilement dévier l'élément fantastique vers la science-fiction. Il y est question d'un chercheur japonais qui a mis au point un dispositif révolutionnaire permettant de capturer l'esprit des morts. Dans un immeuble sordide de la banlieue de Taipei il capture l'esprit d'un jeune garçon et fait appel à un policier capable de lire sur les lèvres afin d'enquêter sur les circonstances de la mort de l'enfant. Si la seconde partie prend une tournure décevante et parfois grotesque avec l'irruption du fantôme de la mère du défunt, la tension reste constante et distillée avec inspiration. Les attaques du petit spectre sont particulièrement efficaces, ce que renforcent les expressions de terreur laissées sur le visage des victimes. Silk (« soie » en anglais, allusion au fil de soie qui relie l'ectoplasme à ses victimes potentielles) est un film populaire à Taïwan et s'est bien vendu à l'exportation. La formule du succès réside souvent dans la présence de comédiens d'origine différente, ici on parle mandarin, japonais (entre l'inventeur et son financier incrédule) et un peu anglais lors de la scène d'ouverture où un gros Occidental expérimente maladroitement le procédé. Cela faisait longtemps qu'un film de fantômes ne m'avait pas surpris de la sorte, la chose mérite vraiment d'être découverte.


J'ai eu aussi l'occasion de mâter Good Will Evil, une histoire pas trop moche d'orpheline au comportement bizarre recueillie par un couple en plein marasme. Le mari est un politicard en vue qui adopte la môme dans le seul but de servir sa popularité et en abandonne la garde à son épouse psychologiquement fragile (elle a été enfermée dans le placard quand elle était petite). Cette dernière suspecte l'enfant de vouloir la rendre folle. Il faut dire qu'il y a quelque chose qui cloche chez cette gamine, à commencer par ce poupon quelque peu effrayant qu'elle trimballe partout. Le jouet ne serait-il pas possédé ? Commis par deux réalisateurs, voilà un exemple assez typique des films de fantômes/esprits vengeurs de catégorie moyenne qui envahissent les étagères de vidéo-clubs asiatiques, à savoir beaucoup de bruit (des grincements de portes, des bruissements de feuilles, des murmures) et d'effets de montage (des prolepses en pagaille) pour au final un résultat proche du passable.


Même constat pour The Heirloom de Leste Chen, banal film de maison hantée qui réserve toutefois son lot de situations glaçantes. Un jeune homme revenu à Taïwan après avoir grandi à l'étranger reçoit une maison en héritage après le suicide collectif des membres de sa famille. Là encore, ça gesticule un peu dans le vide mais on concèdera quelques trouvailles scénaristiques intéressantes. Ainsi quiconque éveille la vindicte de la demeure est condamné à se réveiller chaque matin dans les entrailles du bâtiment maudit. C'est à nouveau au contact de retours en arrière progressifs que l'on apprend le passé des lieux et les secrets malsains qui entourent la famille. Il y a bien quelques moments vraiment lugubres, le réalisateur a manifestement le savoir-faire pour mener sa barque à bon port et maintenir l'attention jusqu'au bout, mais c'est après avoir vu le film que le ressentiment se fait plus précis. On peine à se souvenir d'une seule bonne séquence, on se perd en confusion avec d'autres films similaires.