Connaissez-vous Andy J. Forest ? Ce nom, qui sonnerait presque comme le pseudonyme d'un hypothétique Andrea Forestini, a été en effet l'éphémère tête d'affiche d'une poignée de films bis italiens dans les années quatre-vingt. Débutée en 1985 entre les seins laiteux de Malisa Longo dans le Miranda de Tinto Brass, sa carrière naissante croisera par trois fois celle, déclinante, d'Umberto Lenzi, notamment pour un film de guerre riche en stock-shots, Un pont pour l'enfer, que l'éditeur de supermarchés Initial avait un temps commercialisé en VHS sous le titre de Commando Panther sous l'un de ses innombrables labels.* Et puis à l'orée des années quatre-ving-dix, Andy J. Forest disparaît subitement, un peu comme il est apparu, dans l'indifférence générale.
Il y a de cela deux ou trois ans (oui, ce blog ne parle pas toujours d'évènements récents...), le hasard a voulu que, quelques jours seulement après avoir visionné Commando Panther, je découvre qu'un certain Andy J. Forest se produisait sur la scène du Country Roque Festival, un petit mais néanmoins fort sympathique festival de country music situé dans une commune provençale non loin de chez moi, La Roque-d'Anthéron. Après les voyages et le cinéma bis, la country music est en effet ma troisième passion, et j'ai pris l'habitude, du moins si je suis dans les parages, de fréquenter ce festival depuis plusieurs années. Bref, une question me vient donc à l'esprit : s'agit-il du même Andy J. Forest, s'agit-il de celui qui fut le témoin anonyme de l'agonie artistique d'Umberto Lenzi ? Ne trouvant aucun indice satisfaisant sur le Net, je me rends sur place, en prenant soin d'apporter avec moi la VHS de Commando Panther, et assiste avec délectation à la prestation scénique euphorisante, davantage blues que country, du sieur Forest. Après le concert, je m'en vais faire un peu de causette avec l'artiste, qui signe des autographes aux quelques badauds qui achètent ses disques. Lui exhibant la cassette de Commando Panther, il me rétorque dans un premier temps qu'il n'a jamais joué dans ce film, avant de me demander «Is that Umberto Lenzi's Bridge to Hell ?», ce à quoi je réponds par l'affirmative. L'homme, qui est bel et bien NOTRE Andy J. Forest bisseux, se souvient avec amusement de ses années passées en Italie, où il s'est retrouvé embarqué dans le cinéma par pur hasard, alors qu'il menait une vie de bohème à travers l'Europe, sillonnant les routes avec sa guitare et son harmonica. Les conditions salariales, les plaisirs de la vie romaine et d'autres avantages l'incitent à s'installer un temps en Italie pour y alterner concerts et films d'exploitation. Puis le travail se faisant rare, il rentre dans sa Nouvelle-Orléans natale pour y poursuivre avec succès une carrière musicale orientée blues, cajun et country music. Son espace MySpace nous permet d'apprécier quelques uns de ses morceaux. A l'instar d'autres artistes country américains qui ne parviennent pas à s'imposer aux États-Unis faute d'une concurrence trop rude, Andy se produit toujours beaucoup en Europe. Il sera d'ailleurs de nouveau à l'affiche du Country Roque Festival (le 11 juillet 2009). Je conseille à ceux qui seront dans les environs de s'y rendre afin de poursuivre la conversation avec Andy sur Lenzi, Brass, l'Italie, le bis...
* J'ai la cassette chez moi, mais étant pour l'heure en vadrouille , je n'ai pu me souvenir du label exact, ni reproduire la jaquette céans.
2 commentaires:
Magnifique chronique ! et joli scoop !
J'étais justement à La Roque ce 11 juillet 2009 (sans avoir lu cet article auparavant), eh bien ce fut un concert fabuleux, 2 heures de blues intense, ce type est géant, je ne peux que conseiller chacun d'assister à un de ses shows s'il passe près de chez vous ! Et j'espère qu'il repassera pas La Roque une de ces prochaines années !
Alain
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