Alors que Roberto Tobias vient tout juste d'annoncer la parution du quatrième numéro de Diabolik Zine, voici un rapide passage en revue des fanzines de cinéma bis que j'ai eu dernièrement entre les pognes. J'adresse au passage à ces Messieurs les auteurs/créateurs de ces ouvrages mes plus sincères compliments pour le travail titanesque et passionné accompli. Je serais bien en peine de faire de même. J'ai essayé, et cela n'a fait que conforter mon admiration pour ceux qui perpétuent, malgré des obstacles majeurs (Internet en étant un, quoiqu'on en dise), la tradition du fanzinat francophone.
Après avoir commandé voici quelques semaines les trois volumes "spécial vampires" des Monstres de la Nuit auprès d'Eric Escofier, j'apprends que l'ensemble est vendu 20 euro de moins sur le site de l'association Sin'Art. Enfin bref, passons... Une sacrée entreprise néanmoins que cette collection (à laquelle s'ajoutera peut-être un quatrième tome) qui entreprend d'établir une filmographie chronologique du "film de vampires", de 1922 à 1974. Tout en regrettant la trop grande place accordée aux résumés des intrigues et aux carrières des acteurs/réalisateurs au détriment de la partie critique, ce triptyque riche en illustrations s'avère être une mine d'informations impressionnante, efficace et concise pour qui vient de mâter un film de vampires et cherche un petit quelque chose à lire à son propos. Le premier tome a l'extrême bon goût de nous rappeler les origines historiques du vampire.
Arrivée dans la foulée, la seizième salve du Euro Bis de Bertrand Van Wonterghem constituait pour moi une découverte, et soucieux de constater l'évolution de ce fanzine joliment artisanal (des agrafes en guise de reliure), j'avais aussi commandé le premier numéro. L'existence de l'IMdb sur Internet rend bien anecdotique les nombreuses filmographies de personnalités qui jalonnent le numéro un, et qui semble être une constante dans la ligne éditoriale d'un fanzine qui jouit toutefois d'une identité propre. Le dernier numéro, puisque c'est celui qui nous intéresse, s'éloigne des sentiers battus en revenant en détails sur la carrière d'Osvaldo Civirani, habile artisan du bis dont l'œuvre éclectique méritait bien d'être ainsi décortiquée, et comble une injustice par un hommage à l'acteur anglais Edward Judd.
Avec Prom Night Collector, on atteint là ce dont tout amateur de fanzines rêve la nuit : un énorme pavé compilant les publications successives (dont certaines inachevées) de l'auteur (l'érudit Frédéric Mathieu), qui ne s'encombre pas de remplissage inutile et aligne des tonnes et des tonnes de critiques, commentaires, réflexions, analyses et reportages. Les aspects esthétiques et ergonomiques étant également très soignés (belle couv', reliure professionnelle), feuilleter la chose se révèle un plaisir absolu. On ouvre, on parcourt les pages dont le moindre espace est utilisé à bon escient, on s'arrête sur la critique d'un film vu récemment, puis on continue... indéfiniment. Il n'y est d'ailleurs pas toujours question de cinéma bis, puisque de nombreux articles de fond traitent de sujets aussi passionnants que peu explorés, tels que les westerns de Hopalong Cassidy, les films de propagande soviétiques ou encore la carrière d'acteur d'Elvis Presley.