jeudi 5 mai 2011

Les inédits de Mr. Boll, ou le talent incompris

Critiques. Non, je ne retourne pas ma veste, je ne suis pas de ceux qui crient au génie après avoir crié au scandale. Je n'ai jamais estimé que Uwe Boll faisait honte au cinéma. A vrai dire, la mauvaise réputation faîte au cinéaste allemand était surtout (et est sans doute toujours) le fait d'amateurs fanatiques de jeux vidéo qui considéraient que Boll malmenait l'objet de leur passion en adaptant à tout-va les succès des consoles de jeux. Pour ma part, n'étant absolument pas branché Playstation, je n'ai cure de cette polémique. Je me souviens même, honte à moi, avoir apprécié House of the Dead lors de sa présentation à Gérardmer en 2003. Quoiqu'il en soit, il y a à boire et à manger dans la période "adaptation de jeux vidéo" de monsieur Boll, Bloodrayne et sa suite sont deux séries B gentiment nanardes, Far Cry n'est pas antipathique, Alone in the Dark est plutôt craignos...

Probablement lassé de s'en prendre plein la gueule, l'ami Uwe a répliqué de la meilleure des manières, en délaissant la Wii et en prouvant qu'il pouvait surprendre. Or voilà que depuis quelques temps, le filou ne fait que cela : surprendre. A chaque nouveau film, il est là où on ne l'attend pas. J'ai déjà dit tout le bien que je pensais de Tunnel Rats, qui n'a jamais trouvé le chemin des bacs à DVD chez nous, et de la véritable claque qu'est Rampage, sans conteste le film qui agira comme une catharsis pour bon nombre d'entre nous (car qui n'a pas rêvé un jour de s'emparer d'un fusil d'assaut et de balayer l'horizon des abrutis qui polluent notre quotidien). Mais Uwe Boll le boulimique, c'est aussi Stoic, un huis-clos carcéral bluffant qui retrace la mise a mort pernicieuse d'un pauvre type par ses codétenus, parmi lesquels un Edward Furlong grassouillet et méconnaissable. La mise en scène est au cordeau, le montage est efficace, alternant auditions des criminels et retour sur les événements survenus dans la cellule. Boll, c'est aussi Final Storm, qui semble être un film de commande mais n'en est pas moins intéressant. Un parfum d'apocalypse plutôt savamment élaboré jalonne cette histoire d'étranger mystérieux trouvant refuge chez des fermiers alors qu'une tempête de fin du monde sévit au dehors et que la ville voisine est vidée de ses habitants.

Qu'en est-il de Darfur avec Billy Zane et du déjà très controversé Auschwitz ? Je suis curieux de voir comment Boll, dont l'esprit belliqueux délire parfois sévèrement, parviendra, dans la limite de ses moyens, à rendre compte de ces pages sombres de l'Histoire. Une fois de plus, même si la qualité n'est pas garantie, le Teuton surprend par l'audace de ses projets.

Aucun commentaire: