dimanche 12 décembre 2010

Hal Yamanouchi était (presque) dans l'avion

Il est de ces petites surprises qui remplissent une journée. Dans l'avion qui m'emmenait à Singapour, où j'ai d'ailleurs contracté une saloperie qui me cloue depuis plusieurs heures dans un motel miteux de Darwin, Australie, j'ai vu un film des plus improbables et étonnants. Une curiosité intitulée Gorbaciof (trailer ici), retranscription italophone du nom de l'ancien président soviétique Gorbatchev. Ce titre intriguant trouve son origine chez le personnage principal, surnommé ainsi en raison d'une tache sur le front semblable à celle du père de la perestroïka. Le gigantesque Toni Servillo interprète cet employé de prison taciturne qui tue le temps en jouant dans un minable tripot chinois de Naples et tombe amoureux de la jolie fille du tenancier. Mais l'essentiel est ailleurs : Hal Yamanouchi y apparaît dans le rôle du patron. Hal Yamanouchi : un nom qui n'évoquera rien à ceux qui n'ont pas passé des heures la rétine collée aux zèderies de Joe d'Amato. Car avec George Wang, notre ami Hal – qui, comme son nom l'indique, est d'origine japonaise - aura été pendant une bonne décennie « l'autre » asiatique du bis rital. On l'a vu dans trois fleurons du post-apocalyptique italien, Le gladiateur du futur de D'Amato, 2019 Après la chute de New-York de Martino et 2072 Les mercenaires du futur de Fulci. Dans Gorbaciof, même s'il ne pipe mot, il est beau, racé, sublime. Hal, you made my day...


Toni Servillo et Hal Yamanouchi dans Gorbaciof

lundi 1 novembre 2010

Horreur au Golden Horse Film Festival de Taipei


Après le Taipei Film Festival, dont j'ai rédigé un petit compte-rendu (en anglais) sur ce blog, voici venir le Golden Horse Film Festival, le plus prestigieux festival de cinéma de Taïwan qui se tiendra du 03 au 20 novembre dans la capitale, Taipei. Au milieu d'hommages à Satoshi Kon, Weerasethakul et Eric Rohmer, de projections très variées naviguant entre classiques restaurés et nouveautés (rendez-vous sur le site pour mieux explorer la programmation éclectique), nous aurons droit à quelques friandises horrifiques/fantastiques qui ont déjà fait leur preuve dans d'autres festivals. Ce sera l'occasion de voir Rubber de Quentin Dupieux et le "Catégorie 3" de Hongkong Dream Home, remarqués à Cannes, et le Québécois 7 Days, déjà disponible de par chez nous en DVD sous le titre Les 7 jours du talion. Voilà qui devrait m'occuper pendant quelques jours...

mercredi 1 septembre 2010

HorrorFever à Taipei

Le distributeur et éditeur Catchplay, dont nous avions déjà parlé ici même, organise à Taipei, depuis le 20 août jusqu'au 6 septembre, un festival du film d'horreur intitulé HorrorFever. La programmation n'est pas énorme et ne propose aucune véritable exclusivité mais a le mérite d'offrir au public local l'occasion de voir quelques bandes effrayantes venus de contrées autres. Notre Martyrs national est le clou du spectacle. Sont également au menu :

- Survival of the Dead, le dernier film de morts-vivants du père Romero
- Grace de Paul Solet (projeté en France pendant l'été sous la bannière CinéMadness)
- The New Daughter de l'Espagnol Luis Berdejo avec Kevin Costner, dont on entend parler depuis un bon moment
- The Killing Room de Jonathan Liebesman (Darkness Falls) avec Chloë Sevigny et Peter Stormare
- Exam de l'Anglais Stuart Hazeldine, avec des gens pas connus
- Peacock avec Ellen Page, Susan Sarandon et Bill Pullman (un film d'horreur, ça ?)
- Frozen du fou furieux Adam Green (Hatchet, et bientôt Hatchet 2), également producteur de Grace
- Best Seller et Possessed, deux films coréens.

samedi 28 août 2010

Christoph Schlingensief est mort


J'ai appris dans la presse étrangère le décès du cinéaste allemand Christoph Schlingensief. Connu du plus grand nombre comme metteur en scène de théâtre iconoclaste et provocateur, Schlingensief, véritable touche-à-tout "fassbinderien", était surtout apprécié de l'auteur de ces lignes en tant que réalisateur de moyens-métrages inclassables, à la fois trash, bis et intellos. On lui doit notamment une version teutonne de Massacre à la tronçonneuse, Das deutsche Kettensägen Massaker (1990) avec Udo Kier, lequel a été pratiquement de tous les excès filmiques de Schlingensief, à commencer par son interprétation méconnue de Hitler dans leur première collaboration, Hitler, la dernière heure (1989). Ce n'est pas un hasard si l'Etrange Festival de Paris leur avait conjointement rendu hommage en 2005.

jeudi 19 août 2010

Taipei Film Festival : Review (in English)


The initial social criticism in Southern District, a film about the slow and vicious implosion of a wealthy family in the southern suburbs of La Paz, fades behind the virtuosity with which the cinematographer operates that "flying scenic traveling", turning every (long) sequence into a brilliant cinematic moment of weightlessness. How many movies does Bolivia produce each year? Not a lot, for sure. As far as I know, this South-American republic doesn't even have a proper film industry. It is probably because he previously received some recognition at the Sundance Film Festival and financed the project through his own production company that Juan Carlos Valdivia was able to achieve this remarkable oeuvre.

"When we returned to the little neighborhood where we grew up, we realized there was nobody in the streets, no more children playing around." In these terms, Yoav and Doron Paz explain the genesis of their ambitious first feature film. Phobidilia is about a young man who realizes that the Internet and delivery services can fit any of his substantial requirements and decides not to leave his apartment anymore. Perhaps no contemporary subject is more germane than this one: the agoraphobic Internet generation is a sad reality. But the Israeli brothers waste their good intentions with far fetched sub-plots and inappropriate humor. There's still a worthwhile movie waiting to be made about this hot subject.

Among the large number of Taiwanese films screened during the festival, I unfortunately missed Tsai Ming-Liang's Face. Rather than attend a film unanimously respected by everyone who ever spoke about it, I found time to waste by going to see Au Revoir, Taipei. I was fooled by the French title of this very bad movie. It was fairly representative of a certain kind of "popular film" that is loved by the local youth and that is exclusively focused on entertainment. (One should try to watch the abominable Cape N.7, one of the biggest domestic successes, to understand what I mean.) Although it is intriguing to see Wim Wenders' name credited as executive producer, knowing that the city of Taipei has financially supported the project is, on the other hand, hardly surprising given the fact that the whole thing is clearly made to flatter the local pride and drive the viewers around familiar locations via a succession of uninteresting sub-intrigues acted out by a bunch of stereotypes. No doubt that Pinoy Sunday is much more worth watching. The filmmaker shows great ease in constructing nice frames and a certain talent for directing actors who are mostly Filipino nonprofessionals. The screenplay is based on an amusing idea: two immigrant workers find an abandoned sofa and decide to carry it up to their dormitory. But their dormitory is across town and they must carry their lucky find and bulky burden all the way through Taipei.

Thanks to Elaine He for her help

samedi 7 août 2010

Chaleurs scandinaves

J'ai lu, dans le FilmComment du mois dernier, un article sur un nouveau livre des plus intéressants : Scandinavian Blue, The Erotic Cinema of Sweden and Denmark in the 1960s and 1970s, publié en anglais chez McFarland. Écrit par Jack Stevenson, un journaliste américain expatrié au Danemark depuis une quinzaine d'années, cet ouvrage d'environ 300 pages se propose, comme son titre l'indique, de détailler la confection du cinéma érotique scandinave moderne, des débuts prudes des films naturalistes suédois à l'apparition du porno danois favorisé par l'abolition de la censure. Une bonne mise en bouche, en attendant le fort alléchant Dictionnaire des Films français Érotiques et Pornographiques, prévu pour la fin de l'année chez Serious Publishing, la nouvelle société d'édition de Christophe Bier.

mercredi 14 juillet 2010

Wesley Snipes sur les traces de ses semblables

Malgré un CV bien plus étoffé et diversifié que celui d'autres ex-gloires du film d'action tombées en disgrâce, la carrière de Wesley Snipes suit depuis une petite décennie maintenant le même chemin que celle de ses confrères Seagal, Van Damme et Lundgren, sous la forme d'une descente progressive et irrégulière vers des productions au budget anémique délocalisées en Europe de l'Est. Mais à la différence d'un Seagal qui transforme en bouse tout ce dans quoi il apparaît, d'un Van Damme qui réduit de plus en plus son rythme de tournage et d'un Lundgren qui préfère se mettre lui-même en scène, Snipes alimente régulièrement les étagères de vidéo-clubs de films au cachet satisfaisant dirigés par des messieurs expérimentés. Petit passage en revue.

Au moment de ses ennuis avec le Fisc américain, qui l'ont un temps dissuadé de retourner aux States sous peine d'y être arrêté et jeté en prison, Wesley Snipes vivait réfugié en Roumanie où il enchainait les productions Andrew Stevens à un rythme soutenu. 7 Seconds, réalisé par le même gars qui avait enrôlé Van Damme pour un Second in Command également tourné dans les studios de Castel Film, met en scène Snipes dans le rôle d'un voleur professionnel embarqué dans un braquage de fourgons blindés qui tourne mal en raison de la présence d'un authentique Van Gogh parmi les objets de valeurs. Visiblement en bonne entente avec les autorités de Bucarest, la production s'autorise des trucs fous, comme des poursuites automobiles et des effets pyrotechniques dans les vieilles rues du quartier historique de Lipscani. L'inévitable scène de night-club est, comme d'habitude, tournée dans le sous-sol du Twice, un club branché très réputé de Bucarest où sont organisés, chaque vendredi, des concours de striptease (je le sais, j'y ai assisté un bon nombre de fois...). Pour la petite histoire, le roi du porno roumain Titus Steel y a ses quartiers et on retrouve même sur YouPorn une vidéo dudit Steel filmée sur les banquettes reconnaissables en mille du Twice. Notons, et je ferme là la parenthèse, que Castel Film, en tant que prestataire de services, n'hésite pas à refourguer tels quels les mêmes décors d'une production à l'autre. Ainsi, la maison dans laquelle Olivia Bonamy résiste à de mystérieux assaillants dans Ils... est exactement la même, à la vis près, que celle où Steven Seagal trouve refuge dans le nullissime Shadow Man. Allez vérifier si vous avez des doutes... Toujours emballé pour le compte du crochu Andrew Stevens qui, à l’instar de Corman et de Charles Band, a décidé de faire des économies en partant filmer en Roumanie, The Marksman transforme les vastes étendues valaques qui entourent Bucarest en plaines tchétchènes dévastées par la guerre... Bref, tout cela pour dire que tourner chez les Daces offre certains avantages tant les exécutants locaux, trop flattés de voir les stars ricaines gambader dans leurs rues sales, multiplient les courbettes vis-à-vis de leurs clients, quitte à investir chaque lieu et recoin de Bucarest. Qui connait la capitale roumaine s'amusera donc de voir l'ancien bâtiment de la Securitate, dont les ruines sont aujourd'hui surmontées d'un édifice moderne aux vitres vertes (une belle audace architecturale), transformé en siège de la CIA dans The Detonator, production qui fait suite à 7 seconds. L'histoire est sensiblement la même, puisqu'il y est question de trahison sur fonds de quête d'un objet censé rendre riche son acquéreur. A vrai dire l'intrigue importe peu car ce qui compte ici c'est l'action, et il y a là de quoi largement sustenter le spectateur écervelé, passant outre invraisemblances (un motel en Roumanie...) et jeu d'acteurs tout pourri (les mêmes tronches reviennent d'ailleurs d'un film sur l'autre, car Castel Film aime bien aussi épuiser son catalogue de figurants patibulaires). A noter la participation de Michael Brandon, qui n'a jamais rien fait de notable depuis Quatre mouches de velours gris d'Argento. Mais la présence d'un has-been au générique est toujours bon pour grappiller l'attention de quelques amateurs de direct-to-video.

Une constante chez nos vedettes du marché de la vidéo: enchaîner deux ou trois produits sous la direction du même réalisateur. Wesley Snipes débusque ainsi l'Autrichien Josef Rusnak, en hibernation depuis son sympathique Passé Virtuel en 1999, avec lequel il tourne d'abord The Contractor, s'évitant d'inutiles frais de déplacement puisqu'il passe des plateaux de Castel Film à Bucarest aux ceux de Bojana à Sofia, récemment devenus succursale de Nu Image depuis que David Varod, l'un des pontes de la firme, a racheté l'ensemble des anciens studios d'État (et que Wesley connaît déjà pour y avoir tourner Unstoppable de David Carson quelques années auparavant). The Contractor constitue le haut du panier de la carrière bis de Snipes, qui ici incarne pour la énième fois un ancien combattant reconverti en exécuteur de la CIA chargé d'abattre un terroriste arabe «pour garantir la sécurité des États-Unis». Il est d'ailleurs amusant de constater que toutes ces séries B axées sur le patriotisme paranoïaque de l'Amérique sont pour la plupart tournées en terre étrangère, comme quoi, lorsque les raisons économiques prévalent, il n'est plus guère question d'être patriote. L'action est censée se passer à Londres, ce qu'on ne mettra jamais en doute jusqu'à l'intervention du générique final encombré de noms à consonance bulgare. Habité par son personnage, Wesley donne le meilleur de lui-même et la gamine qui l'accompagne réussit l'exploit de ne pas être insupportable. Après un passage chez Mario Van Peebles pour les besoins d'un Hard Luck qui m'a tendu maintes fois les bras mais que j'ai finalement renoncé à voir pour causes de critiques dissuasives, Wesley fait de nouveau équipe avec Rusnak sur une suite improbable à l'efficace The Art of War intitulée The Art of War II : Betrayal. Rusnak accouche là d'un film esthétiquement laid, surchargé de corps-à-corps et de gunfights très mous, dont le rendu à l'image est empiré par les prouesses d'un monteur qui a du se régaler à faire joujou avec les boutons "accéléré" et "ralenti" de sa table de montage. L'actrice principale, en plus d'être moche comme un poux, joue comme une cochonne. Weslay, lui, garde toute sa prestance, déambulant nonchalamment au milieu d'un scénario pas plus mauvais qu'un autre, impliquant politiciens corrompus, hommes d'affaires pas nets et tout plein de gens tapotant sur leurs super-ordinateurs. A l'heure où j'écris ces lignes, un Art of War III : Retribution a déjà fait son apparition au Blockbuster Video du coin. Mais sans Wesley qui, débarrassé de ces ennuis fiscaux et fatigué de faire le zouave pour des tâcherons, a fini par retourner aux projets sérieux et friqués (Brooklyn's Finest). Pour combien de temps ?


lundi 7 juin 2010

Taipei Film Festival : le programme

Du 25 juin au 15 juillet, la capitale de Formose accueille la douzième édition du rendez-vous des cinéphiles taïwanais, le Taipei Film Festival. Cette année, le Brésil est à l'honneur avec une sélection de classiques venus de l'ancienne colonie portugaise (Glauber Rocha, Carlos Diegues), d'oeuvres contemporaines (dont l'excellent Elite Squad de José Padilha qui sera projeté en ouverture) et des gros plans sur les carrières de Suzana Amaral et Hector Babenco.
En plus d'une compétition internationale (voir détails ci-après), le festival rendra hommage à l'actrice nippone Kinuyo Tanaka, inoubliable interprète de Mizoguchi (La vie d'Oharu, femme galante), Ozu et Ichikawa, ainsi qu'à l'icône chinoise du muet Ruan Lingyu à travers une sélection de leurs plus grands films.
Traditionnelle vitrine internationale du cinéma insulaire, le festival ne manquera de projeter plusieurs longs et courts-métrages taïwanais. Une section parallèle sera consacrée à la nouvelle Shanghai.
Enfin un Panorama découpé en trois thématiques viendra compléter cette riche édition : Selection of City Visions (où figurent entre-autres Tetro de Coppola, Lourdes de Jessica Hausner et Hadewijch de Bruno Dumont), Voices from Asia et Generation Next.

Films en compétition :
BOY de Taika Waititi (Nouvelle-Zélande)
CASTAWAY IN THE MOON de Hey-jun Lee (Corée du Sud)
EAMON de Margaret Corkery (Irlande)
THE FOURTH PORTRAIT de Mong-Hong Chung (Taïwan)
LAST COWBOY STANDING de Zaida Bergroth (Finlande/Allemagne)
KICK-OFF de Shawkat Amin Korki (Kurdistan irakien/Japon)
LAST RIDE de Glendyn Ivin (Australie)
PHOBIDILIA de Doron Paz (Israël)
PINOY SUNDAY de Wi-Ding Ho (Taïwan)
R de Michael Noder (Danemark)
WOMEN WITHOUT MEN de Shirin Neshat (Allemagne/Autriche/France)
SUSA de Rusudan Pirveli (Géorgie)

samedi 5 juin 2010

Not Dead Yet !

Laissé à l'abandon depuis le mois de décembre 2009 pour cause de suractivité de son hôte (dont la réalisation d'un court-métrage que l'on souhaite bientôt visible), le blog L'Antre de la Bête devrait prochainement renaître de ses cendres avec quelques articles éparpillés par-ci par-là sur des choses que vous ne lirez nulle part ailleurs. Stay connected !